Orpea : Reconstruire après le scandale et retrouver une santé financière, les deux priorités du groupe
RETRAITE Après les révélations du journaliste Victor Castanet sur les pratiques du groupe de maisons de retraite privé, l’entreprise veut repartir sur de nouvelles bases, en tentant de combler sa dette abyssale
De graves problèmes financiers et une réputation à reconstruire. Orpea, le groupe de maisons de retraite médicalisées privées (Ehpad) dans la tourmente a tenté mardi de convaincre qu’il peut redresser la barre, et assainir ses pratiques et ses finances.
Nouvelle politique en matière de ressources humaines, meilleur accompagnement des résidents et stratégie financière repensée sans renoncer aux marges : un plan vise à remettre sur les rails l’entreprise de 71.000 salariés, dont 26.000 en France.
Ces trois champs figuraient au cœur des dénonciations détaillées du livre-enquête Les Fossoyeurs, publié en janvier par le journaliste Victor Castanet. Le groupe qui gère plus de 350 établissements en France pour personnes âgées dépendantes fait depuis l’objet d’une enquête pour maltraitance institutionnelle et infractions financières.
Une « meilleure qualité et la sécurité des soins » pour objectif
Orpea compte notamment « fidéliser » ses collaborateurs en investissant dans la formation continue et la promotion interne, pour une « meilleure qualité et la sécurité des soins », selon un communiqué publié ce mardi.
« Orpea s’est éloigné de son cœur de métier, en privilégiant un développement international et immobilier trop rapide, au prix d’un endettement excessif et d’une situation financière très fragilisée », a commenté Laurent Guillot, devenu directeur général d’Orpea en juillet après le scandale et le départ de la précédente équipe.
Au total, une trentaine de cadres ont été licenciés en raison de comportements « contraires à l’éthique », a-t-il par ailleurs précisé.
Le risque du manque de liquidités
Ce plan de transformation doit permettre au groupe de réaliser 9 % de croissance annuelle de son chiffre d’affaires d’ici 2025 et une marge supérieure à 20 % en 2025 contre 17 % aujourd’hui et 25 % en 2021.
Reste un obstacle financier de taille pour créer ce « nouvel Orpea » : le groupe risque de manquer de liquidités « au cours du premier semestre 2023 » et ploie sous une dette massive de 9,5 milliards d’euros.
Pour pouvoir mettre en œuvre son plan, Orpea ouvre mardi des négociations avec ses créanciers dans le cadre d’une procédure de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre. Il s’agit de la seconde procédure de ce genre initiée par le groupe cette année.
Du côté des salariés, les syndicats « ont le sentiment que [la nouvelle direction] est à l’écoute », indiquait lundi Dominique Chave, secrétaire général de l’Union fédérale de la santé privée CGT.