Route du rhum : A Cancale, les marins d’eau douce en pincent pour « l'esprit de liberté » des skippers

LIBERTééééé Prévu dimanche, le départ de la Route du rhum a dû être reporté en raison des conditions météorologiques, pour se tenir ce mercredi sous le soleil

Camille Allain
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Valentin, 9 ans, et Camille, 6 ans, sont venus de la Sarthe pour suivre le départ de la Route du rhum et admirer les 138 bateaux depuis la pointe du Grouin.
Valentin, 9 ans, et Camille, 6 ans, sont venus de la Sarthe pour suivre le départ de la Route du rhum et admirer les 138 bateaux depuis la pointe du Grouin. — C. Allain/20 Minutes
  • Reporté en raison de la météo, le départ de la Route du rhum se déroule ce mercredi au large de la pointe du Grouin, à Cancale. 
  • Des centaines de curieux sont présents pour profiter du spectacle des 138 bateaux alignés pour la 12e édition de la course transatlantique.
  • La plupart des curieux ne connaissent rien ou presque à la voile, mais sont fascinés par le courage et la liberté des skippers. 

De notre envoyé spécial à Cancale,

Tout le monde regarde dans le même sens. Au loin, très loin de la pointe du Grouin, on aperçoit les 138 concurrents qui s’apprêtent à prendre le départ de la Route du rhum. Sur le chemin côtier de ce somptueux site sauvage, on est loin de la foule qui était attendue dimanche. Reporté ce mercredi à 14h15 en raison des conditions météorologiques catastrophiques, le grand départ se déroulera finalement sous un grand soleil et une belle brise suffisante pour pousser les skippers vers le cap Fréhel et leur traversée de l’Atlantique. Eau turquoise, ciel bleu, joues rougies par le vent d’automne. A terre, les curieux sont venus par petites centaines profiter de ce spectacle offert tous les quatre ans au large de Cancale. Des navigateurs ? Pas vraiment. Parmi tous ceux que nous avons interrogés, seul un avait déjà navigué. 

Il s’appelle Raphaël et est venu de Rennes avec trois de ses camarades d’école du management du sport. Sa grosse expérience ? Un stage en Optimist quand il était môme. Solide. Lui comme beaucoup d’autres n’y connaissent rien ou presque à la voile. Mais comme les autres, Raphaël est admiratif : « c’est courageux, ce qu’ils font, ils risquent leur vie. » A côté de lui, Jeanne va dans le même sens : « c’est une vie qui n’est pas banale, ils sont loin de leur famille, ils partent seul. Moi, je ne pourrais pas. » Son ami Elliot est un peu plus calé, car le skipper du coin Gilles Lamiré fait partie de sa famille éloignée : « Je les admire tellement. Moi, la mer ne m’aime pas, j’ai le mal de mer. »

Loin de la foule attendue dimanche, la pointe du Grouin a accueilli quelques centaines de curieux pour le départ de la Route du rhum ce mercredi 9 novembre.
Loin de la foule attendue dimanche, la pointe du Grouin a accueilli quelques centaines de curieux pour le départ de la Route du rhum ce mercredi 9 novembre. - C. Allain/20 Minutes

Il n’est pas le seul. Arrivée de l’Eure, Chantal nous fait la même confession : « je suis partie en croisière une fois. J’étais malade comme jamais. » La Normande est venue sur la pointe du Grouin pour accompagner son amie Sylvie. « Moi, je rêverais d’aller naviguer sur un de leurs bateaux. Si vous pouviez m’offrir une heure à bord, je vous embrasserais », confie-t-elle. N’ayant pas ce pouvoir magique, nous n’avons pas eu de bisou mais nous avons poursuivi la conversation. « Je suis là en hommage à mon mari. Il aurait rêvé de voir le départ du Rhum, les bateaux, ça le fascinait. Ça fait dix-huit mois que j’ai réservé un logement pour voir ça », ajoute Sylvie.

Les skippers, « un esprit de liberté et d'évasion »

Beaucoup ont fait comme elle, mais ont vu leurs plans contrariés par le report du départ, une première dans l’histoire de la course. Pour Arnaud et Nathalie, c’est le « troisième ou quatrième » départ du Rhum. Originaires de la Sarthe, ils sont fans de sport mécanique. Ils étaient là dimanche pour le départ mais sont revenus avec leurs petits-enfants Camille et Valentin pour profiter du spectacle : « ils sont tellement courageux d’affronter cela en solitaire face aux éléments, je suis admirative. » Son mari est du même avis. Lui est fasciné par « l’esprit de liberté et l’évasion » que véhiculent les skippers. Ils sont nombreux à être dans ce cas-là. Mais peu savent ce qu'est un spi, un empannage ou comment on fait pour choquer sa voile. 

Depuis l’exceptionnel Vendée Globe de 2020 pendant lequel l’Europe était confinée, la voile a pris une nouvelle dimension. Très technique, ce sport que l’on décrivait comme « de riches » a su rester populaire auprès du grand public. Aux yeux de tous, il fascine. « Autour de nous, tout le monde en parle. On voulait voir à quoi ça ressemblait de plus près », expliquent Béatrice et Yannick, venus de Basse Normandie. Connaissent-ils le nom d’un skipper qui participe à cette 12e édition de la Route du rhum ? « Aucun », répondent-ils dans un sourire. Juste à côté, Nelly et Patrice font la même confession : « On n’y connaît rien à la voile. On voulait éviter la foule de dimanche donc on est arrivé le soir. On n’avait pas prévu de venir. On est curieux. On a envie de comprendre pourquoi les gens viennent voir ça. »

A 14h15, les 138 skippers engagés couperont la ligne de départ au large de la pointe du Grouin. A terre, des centaines de curieux les regarderont partir dans un mélange de fascination et d’incompréhension de voir ces marins traverser seuls l’Atlantique. Les plus rapides y passeront moins d’une semaine. Les autres sans doute un bon mois.