Pouvoir d’achat : Aux points conseil budget, « des gens déjà ric-rac viennent car ils n’y arrivent plus »

SOCIAL Méconnues du grand public, des permanences gratuites et sans rendez-vous permettent aux personnes en difficulté de trouver des conseils pour mieux gérer leur argent. Illustration à Nantes

Julie Urbach
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Illustration billets de banque.
Illustration billets de banque. — A. GELEBART / 20 MINUTES
  • Les points conseil budget existent dans toute la France et proposent à toute personne de trouver un accompagnement dans sa gestion financière.
  • A Nantes, trois professionnels proposent des permanences une fois par mois, gratuitement et sans rendez-vous.

Prix de l’essence en hausse, facture d’électricité qui flambe, panier de courses qui suit la même tendance… Alors que le pouvoir d’achat est l’une des préoccupations majeures des Français en ce moment, vers qui se tourner quand on ne peut plus joindre les deux bouts ? Depuis plusieurs années, un dispositif de l’État permet à toute personne, pas forcément suivies par les services sociaux, de trouver des conseils, gratuitement et sans rendez-vous. A Nantes, ces points conseil budget (ou PCB), qui semblent encore peu connus de la population, sont hébergés dans certaines maisons de quartier et proposent des permanences une fois par mois, comme ce jeudi à Bellevue (le matin) et à la Bottière (l’après-midi).

Dans une petite salle, une travailleuse sociale du CCAS et deux acteurs associatifs reçoivent le public. Alice, médiatrice bancaire à l’association Agir pour l’intégration bancaire (Apib), explique que si certains foyers ont du mal à gérer leur argent, c’est d’abord en raison d’une méconnaissance du système. « Notre objectif n’est pas de résoudre leurs problèmes, mais de leur faire comprendre comment ça fonctionne, comment ils en sont arrivés là, explique la jeune femme. Pour certains, il faut repartir du départ, expliquer ce qu’est un découvert par exemple. D’autres viennent après la clôture d’un compte, on les aide à négocier pour le rouvrir. Beaucoup manquent de vision globale de toutes les charges et ne prévoient pas la marge pour les dépenses exceptionnelles, même quand ils le peuvent. C’est important de parler d’épargne, même si c’est 5 % par mois. »

« Dégager du budget »

Il faut dire qu’en ce moment, ces imprévus tombent de toute part. Les régulations des factures d’énergies mensualisées peuvent par exemple peser très lourd. Idem pour les loyers, dont les charges parfois explosent. Parfois, un accident de la vie comme une séparation ou la perte d’un emploi vient faire basculer un équilibre déjà précaire. « Des gens qui étaient déjà ric-rac viennent pour la première fois demander de l’aide, car ils n’arrivent plus à suivre la cadence », observe-t-on ici.

Une fois la situation évaluée, le rôle de la conseillère en économie sociale et familiale du CCAS de Nantes, Maéva Jubault, est de donner un premier niveau de réponse en renseignant sur les différents dispositifs, astuces, ou aides sociales non sollicitées. « S’ils le souhaitent, ensuite, on creuse encore », explique celle qui propose de procéder à l’analyse des charges et des ressources, relevés de comptes et factures à l’appui.



Pour « dégager du budget », il faut par exemple traquer les forfaits téléphoniques trop chers, les abonnements à des magazines inutiles, ou les formules de mutuelles à retravailler. « Certains se laissent embarquer dans des situations commerciales compliquées », constatent les acteurs, pour qui la clé est de disposer d’un outil de suivi, que ce soit un carnet et un stylo, un système d’enveloppe (où l’on glisse des billets pour chaque poste de dépenses) ou une appli mobile.

Pour autant, « l’engrenage qui mène au surendettement » est parfois déjà trop engagé. « Certains attendent malheureusement la dernière minute et viennent nous voir après une saisie sur salaire par exemple, regrette le médiateur budgétaire et financier de l’association Cresus. Là, on accompagne pour constituer le dossier, renseigner sur les droits, sur ce qu’il faut faire quand l’huissier appelle. Mais on essaye vraiment de tout faire pour ne pas en arriver là. »