Aix-en-Provence, ville la plus énergivore de France, n'envisage pas la sobriété énergétique pour Noël
ELECTRICITE Aix-en-Provence se distingue, selon une étude, par la plus forte consommation électrique par habitant de France. Une donnée qui s’explique par différentes raisons alors que la municipalité n’envisage pas de sobriété pour « la parenthèse Noël »
- La ville d’Aix-en-Provence est la ville française où les habitants consomment le plus d’électricité.
- Cette consommation s’explique à la fois par l’aisance économique de certains de ses habitants et par son centre ancien, mal isolé.
- Pour Noël, la municipalité ne prévoit pas de baisser les illuminations.
Ah, Aix-en-Provence. Le charme de son centre ancien, ses ruelles ombragées, ses micocouliers, ses fontaines, restaurants et boutiques de luxe, parfois portes ouvertes avec la clim ou le chauffage à fond, selon la saison, où il fait bon flâner. Une ville régulièrement citée comme l’une des plus agréable et attractive de France. Mais Aix-en-Provence se distingue également par la forte consommation électrique de ses habitants. Selon une étude de Upenergie, menée à partir des données publiées par l’agence ORE (Opérateurs de réseaux d’énergie), d’Enedis et de l’Insee, l’ancienne capitale de Provence est la ville de France avec la plus forte consommation énergétique par habitant. Avec plus de 3 mégawatts heure, les habitants y consomment près de 50 % d’électricité de plus que les Parisiens, et deux fois plus que les Stéphanois.
Un classement pour le coup peu honorable qui n’a pas échappé à la mairie, qui s’en défend : « Nous avons dès 2014 considéré cette sobriété énergétique pour nos bâtiments en construisant une chaufferie à biomasse approvisionnée avec du bois venant d’un rayon de 100 km. Celle-ci alimente le théâtre, l’hôpital et profite aussi à 28.000 Aixois du centre-ville », explique-t-on. La ville a également changé son éclairage public au profit de LED, équipée ses 98 écoles de pales pour rafraîchir en été et faire descendre des plafonds l’air chaud en hiver et lancé un plan d’isolation de celles-ci sur cinq ans.
Toutefois, et malgré les appels du gouvernement et la campagne publicitaire qui invite à la sobriété « je baisse, j’éteins, je décale », la ville n’envisage pas de réduire la voilure lors de la période de Noël et des traditionnelles illuminations. « Cette période est une parenthèse que la maire revendique », assure le service de communication de la ville dirigée par Sophie Joissains. Mais celle-ci ne peut rien sur les comportements de ses habitants.
Des habitants qui peuvent ne pas regarder à la dépense
Et la ville est aussi confrontée en son centre à un problème d’isolation des bâtiments. « C’est le problème de l’ancien et de la zone du centre-ville classé aux bâtiments de France qui contraint à avoir des fenêtres bois, moins isolante que l’aluminium ou le PVC », avance l’agence Immobilière du Palais, spécialisée sur les transactions à Aix-en-Provence. « Les appartements du centre ancien sont en plus très mal isolés. Il faudrait doubler par l’intérieur pour l’améliorer, mais il s’agit surtout de petites surfaces, et cela les réduirait d’autant plus », ajoute-t-elle.
Reste que pour bon nombre d’Aixois, ces histoires de prix de l’électricité, voire d’éventuelle pénurie, ne semblent pas vraiment être un souci, ni un problème. Selon l’Insee, le revenu médian par habitant y est de 33.047 euros nets par an, une somme supérieure d’un peu plus de 10.000 euros (et 33 %) au revenu médian France (22.040 euros annuels). Naturellement, certains de ses riches habitants disposent de grandes maisons qu’il faut bien chauffer et qui ont les moyens de le faire.
Pris par le prisme économique, le classement des villes les plus énergivores est assez parlant. Après Aix, se situent les villes de Bordeaux et Nice. En queue de peloton se trouve Mulhouse et Saint-Etienne, ville où le revenu médian annuel par habitant s’élève à 18.410 euros.
Enfin, et s’il n’existe pas de statistique dédiée à la seule ville d’Aix-en-Provence, une étude de l’Ademe (Agence pour la transition écologique) établit sans surprise que les départements du littoral méditerranéen sont ceux dont les logements présentent le plus fort taux d’équipement en climatiseurs avec un habitat sur deux pourvu (47 %).