Deux-Sèvres : Pas de ZAD à l’horizon, mais les opposants aux « méga bassines » sur le qui-vive
CONTESTATION S’ils ont quitté le champ qu’ils occupaient légalement, les opposants au projet envisagent une nouvelle mobilisation en cas de reprise du chantier
- Le chantier d’une retenue d’eau agricole contestée dans les Deux-Sèvres n’avait pas repris lundi, huit jours après une manifestation et des violences, tandis que des opposants ont réclamé au gouvernement un moratoire sur les travaux.
- Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé le maintien d’unité de gendarmes, « autant qu’il faudra », pour empêcher une ZAD de s’installer. « On n’avait jamais pensé rester très longtemps sur ce terrain », nous assure pourtant une porte-parole du collectif « les Soulèvements de la Terre ». Les militants ont d’ailleurs quitté mardi le champ prêté par un agriculteur opposé au projet.
- En revanche, le collectif « Bassines Non Merci » affirme dans un communiqué vouloir se servir de ce campement comme « base d’appui » pour « continuer à stopper le chantier ». Et de nouvelles actions pourraient être annoncées le 16 novembre.
EDIT du 8 novembre : Le ministère de l'Intérieur fait savoir que les engins de chantier ont repris les travaux ce mardi.
Après la tempête, le calme règne. Le 29 octobre dernier, plusieurs milliers de personnes - entre 7.000 et 10.000 - ont manifesté à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Des affrontements ont éclaté quand des militants ont voulu pénétrer sur le chantier contesté d’une « méga bassine » - une retenue destinée à l’irrigation agricole –, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre.
Face à l’ampleur de la mobilisation et à sa médiatisation, les autorités ont redouté que des manifestants ne s’implantent durablement à proximité du site, dans un champ prêté dans les environs par un agriculteur opposé à ce projet, à 2 km du chantier. « Je veux dire une nouvelle fois évidemment notre volonté qu’aucune ZAD ne s’installe dans les Deux-Sèvres, comme partout sur le territoire national », avait alors déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Et de souligner que « des personnes fichées S à l’ultragauche ont été repérées dans cette manifestation ».
Quatre escadrons encore présents lundi
Huit jours plus tard, il ne reste pourtant presque plus personne sur les lieux. Ce lundi, six escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 400 militaires, restaient mobilisés pour empêcher une ZAD de s’installer. Comme ce fut le cas, durant plusieurs années, à Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique. « Le dispositif de maintien de l’ordre restera autant de temps que nécessaire pour que le chantier, dont toutes les obligations légales sont respectées, puisse de se dérouler », assure d’ailleurs à 20 Minutes la préfecture des Deux-Sèvres.
Reste que les chapiteaux installés pour la manifestation d’il y a une dizaine de jours ont été démontés sur le terrain qu’occupaient légalement les militants. « Le campement a été vidé », confirme à 20 Minutes Melissa, l’une des porte-paroles du collectif « Bassines Non Merci ».
Une « base d’appui » pour « continuer à stopper le chantier ».
« Tout le monde est parti mardi matin [la semaine dernière], » complète Léna Lazare, du collectif « les Soulèvements de la Terre ». « L’idée, c’était de rendre son champ à Philippe [le propriétaire], qu’on nettoie tous les déchets avant de partir, car il y a eu des milliers de personnes qui sont venues. » Seule reste, dans le champ, une vigie faite de bois et de tôle, édifiée par les opposants. « Il a été dit dans les médias qu’on allait faire une ZAD. Mais nous, on n’avait jamais pensé rester très longtemps sur ce terrain, poursuit la jeune femme. C’était juste pour avoir un campement, une base arrière d’action. On sait que c’est un terrain qu’on va pouvoir réutiliser si le chantier reprend. »
Dans un communiqué publié le 29 octobre, le collectif « Bassines Non Merci » affirmait d’ailleurs vouloir se servir de ce campement comme « base d’appui » pour « continuer à stopper le chantier ».
« Des actions diverses et variées »
Camions et tractopelles ont eux aussi quitté - pour le moment - le chantier de la méga bassine de Sainte-Soline. Mais les opposants au projet ne baissent pas pour autant la garde. Ils ont réclamé au gouvernement l’arrêt des travaux ainsi qu’un moratoire pour « l’ensemble des projets de stockage d’eau en France ». Un « ultimatum » a été fixé au mercredi 16 novembre. En cas de refus, ils appelleront « à une nouvelle mobilisation nationale », prévient Mélissa.
« Pour l’instant, nous dit-elle, on n’a pas encore décidé collectivement de ce que l’on ferait avec les autres organisations qui ont participé à la dernière manifestation. Tout ça va se décider dans les prochains jours. On veut vraiment faire comprendre à l’État qu’on reste déterminé. Tant qu’on ne sera pas entendu, on continuera de se mobiliser, de mener des actions diverses et variées. »
Le 30 octobre dernier, des militants cagoulés, équipés d’une meuleuse, de pelles et de pioches, ont sectionné une canalisation d’irrigation censée alimenter la future réserve d’eau. Les deux collectifs ont également lancé, vendredi dernier, une « action téléphonique de masse », et appelé militants et sympathisants à joindre au téléphone les « entreprises qui construisent la bassine » pour mettre la pression sur elles.