Eglise : Réunis à Lourdes, les évêques français vont travailler sur la transparence et la confiance
Religion Les ecclésiastiques doivent notamment voter les statuts d’un Tribunal pénal national canonique
Le sujet n’était pas prévu au programme. Mais après les révélations de la mi-octobre sur l’ancien évêque de Créteil Michel Santier, un an après l’explosif rapport Sauvé, l’épiscopat a dû revoir ses plans. Réunis en assemblée plénière jusqu’à mardi à Lourdes, les 120 membres de la Conférence des évêques de France vont plancher sur des « propositions concrètes » afin d’améliorer la transparence dans les mesures prises à l’encontre de clercs.
Parti à la retraite en 2021, Michel Santier avait été sanctionné en novembre de la même année par les autorités du Vatican pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs », commis dans les années 1990 dans le cadre de la confession, alors qu’il était prêtre à Coutances et directeur d’une école de formation à la prière pour jeunes.
Un Tribunal pénal national canonique dans les tuyaux
Un an après la publication du rapport de la Commission Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’institution, ces révélations ont créé de la colère parmi des victimes et chez des fidèles, qui ont dénoncé « le silence » des évêques autour de cette sanction. Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a admis « entendre la demande d’une plus grande clarté sur les procédures canoniques et les mesures qui peuvent en découler ». Et promis de réfléchir, dès la session de Lourdes, « à des changements dans nos procédures, dans notre façon de les mener comme d’en communiquer les résultats ».
Concrètement, « un premier temps d’échanges » est prévu jeudi, jour d’ouverture, précise Hugues de Woillemont, secrétaire général de la CEF. Vendredi interviendront « un expert en droit canonique et un juriste pénaliste » pour apporter leurs éclairages. Samedi, un « travail sera mené pour élaborer des propositions concrètes », lesquelles seront « soumises au vote » en fin d’assemblée, a-t-il détaillé. Les évêques doivent aussi voter les statuts définitifs d’un Tribunal pénal national canonique, une structure inédite en France qui doit ouvrir début 2023. « L’attente des personnes victimes est grande, de même que chez les fidèles et chez les prêtres », reprend Hugues de Woillemont. L’enjeu est de « rétablir la confiance » et de « poursuivre le travail lancé il y a un an » après le rapport Sauvé.
Le collectif de fidèles Agir pour notre église, qui a organisé des rassemblements de catholiques en colère le week-end dernier dans différentes villes de France, a fait plusieurs propositions. Par exemple : que « toute ouverture d’enquête ou ancienne condamnation soit annoncée au conseil paroissial ». De son côté, le collectif de victimes Parler et revivre a détaillé plusieurs demandes, dans une lettre aux évêques mercredi. Il suggère ainsi « que chacune de ces affaires donne lieu à un appel à témoin systématique (…) pour rechercher d’autres victimes éventuelles ». Et prévient qu’il sera « attentif (…) aux actes » exercés « à travers l’ensemble des diocèses ».