Instagram, TikTok, YouTube… Quand les influenceurs soufflent tes choix de vacances
Tourisme De plus en plus de territoires français invitent des influenceurs pour s’offrir une visibilité sur les réseaux sociaux, notamment auprès de la jeune génération
- Pour choisir leur destination de vacances pour la Toussaint, de nombreux Français ont pu être influencés par des photos et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.
- Les comités départementaux et régionaux de tourisme font de plus en plus appel aux influenceurs afin de proposer un regard plus authentique.
- En Bretagne, le comité régional invite des influenceurs européens à un séjour clé en main en échange de quelques posts et stories sur les réseaux.
Que ceux qui n’ont jamais eu envie de partir en voyage après un petit tour sur Instagram lèvent la main. Avec ses filtres bien contrastés, le réseau social a toujours su mettre en valeur les photos de beaux paysages propices à l’évasion. Les professionnels du tourisme l’ont très vite compris, inondant leurs réseaux sociaux des plus belles images de leur photothèque. Mais pour séduire les internautes, il a rapidement fallu faire plus que de la publicité. Depuis quelques années, les comités départementaux et régionaux du tourisme font appel aux influenceurs. En leur proposant des séjours clés en main moyennant quelques clichés et stories, les régions françaises savent qu’elles vont toucher une cible jeune, connectée et libre de partir en dehors des périodes les plus fréquentées.
Comme Bruno Maltor et ses 300.000 abonnés sur Insta, certains influenceurs spécialisés dans le voyage ont réalisé le rêve de millions de gens : être payés pour voyager. Alors que les vacances de la Toussaint viennent de démarrer, 20 Minutes s’est penché sur ce phénomène qui touche Instagram, YouTube ou TikTok en privilégiant l’une des destinations françaises les plus demandées à l’automne : la Bretagne.
Un contrat mais pas de regard sur le contenu
Au moment où nous les avons sollicités, Brock et Betty étaient en Jordanie. Ce couple allait brièvement rentrer chez lui, en Angleterre, avant de se diriger vers le Canada pour y profiter des couleurs d’automne. De vrais globe-trotters. En juin, les deux amoureux ont traversé la Manche pour un périple en « petite Bretagne », à l’invitation du comité régional du tourisme. « On voulait venir depuis longtemps. Ce qui est marrant, c’est qu’on imaginait la Bretagne comme le sud de l’Angleterre. Mais c’est totalement différent ! Le sable était fin et blanc, l’eau bleue comme en Méditerranée. Pas du tout ce à quoi on s’attendait ! Certaines plages font partie des plus belles que nous avions jamais vues ». Ses impressions, le couple les a largement partagées sur ses réseaux sociaux et son blog. Très à l’aise derrière un appareil photo, Brock et Betty envoient très souvent des photos et vidéos de leur passage en Bretagne. Bien plus en tout cas que ce que lui avait demandé le comité régional du tourisme dans le « contrat » qui les liait.
Malgré la météo pourrie (même pour des Anglais), le couple a voyagé de Crozon à Saint-Malo en un peu plus d’une semaine, le tout organisé par le CRT. Les jeunes Anglais ont été séduits par la qualité de la bouffe, l’accueil des locaux, les paysages sauvages et les plages secrètes. Leur coup de cœur ? Rouler à vélo jusqu’au cap Fréhel et visiter « le plus de phares possible », en s’arrêtant dans toutes les boulangeries beurrées. Ses coups de cœur, le couple les a partagés sur son blog et ses réseaux, pour le plus grand bonheur du comité régional du tourisme. « Cela fait plusieurs années que l’on travaille avec des influenceurs, notamment sur les marchés étrangers. On peut cibler les jeunes actifs et les couples sans enfants. Ce sont eux qui voyagent en dehors des vacances scolaires », expliquent Maud Gicquel et Charlotte Le Thiec, qui assurent la promotion de la destination Bretagne sur les marchés étrangers.
« Ce n’est pas un placement de produit »
Le comité régional du tourisme espère notamment séduire les « primo visiteurs » qui ne sont jamais venus en Bretagne. Le procédé a l’avantage d’être peu coûteux sur le plan financier, même s’il demande une bonne dose de préparation du voyage « clé en main » afin qu’il soit authentique. « Nous ne sommes pas dans le secteur de la mode ou du luxe où la mécanique est plus coûteuse. Ce n’est pas un placement de produit. On les choisit au départ pour leur regard, leur patte, leur tonalité, leurs valeurs », assure le CRT. La pratique ne coûte parfois presque rien et peut monter jusqu’à 3.000 à 4.000 euros la semaine. Un budget bien mince par rapport à n’importe quelle campagne de publicité. Et une aubaine pour la région, qui peut ainsi mieux répartir les flux dans l’espace et dans le temps.
Julia, influenceuse allemande à la tête du site Globusliebe a également été invitée par le comité régional du tourisme. Celle qui se décrit plutôt comme « photographe » et « écrivaine de voyage » est tombée amoureuse des « bonnes vibrations de Rennes et de son marché des Lices » mais aussi de l’île de Bréhat et de la côte de granit rose. Comme bon nombre de touristes en somme. Sauf que Julia et son compagnon l’ont fait savoir, partageant des images de la région à leurs 50.000 abonnés sur Insta et à travers des longs posts sur leur blog. L’avantage ? La sincérité du message qui est posté. « Ils sont libres de leurs contenus, il n’y a pas de validation », assure le CRT. Et ça marche ? Julia assure que ses lecteurs ont fait « d’excellents retours » sur les articles autour de la Bretagne. La blogueuse allemande aimerait d’ailleurs revenir plus longtemps dans la région, comme Brock et Betty. Certains hébergeurs ont constaté qu’après le passage d’influenceurs, les réservations pouvaient s’accélérer auprès d’une clientèle connectée. Le pouvoir du like.