Toulouse : Comment la ville va discipliner les faux hôteliers qui abusent des locations « Airbnb »

Tour de vis A Toulouse, les « gros » propriétaires qui louent de trop nombreux logements sur les plateformes de type Airbnb vont être freinés dans leur élan

Hélène Ménal
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A Toulouse, quelque 5.000 meublés sont proposés sur les plateformes de type Airbnb mais 3.000 seulement sont réellement actifs. Illustration.
A Toulouse, quelque 5.000 meublés sont proposés sur les plateformes de type Airbnb mais 3.000 seulement sont réellement actifs. Illustration. — Franck Lodi
  • Les meublés touristiques ne posent pas encore de réels problèmes à Toulouse.
  • Mais la métropole préfère prévenir que guérir. Elle a adopté une nouvelle réglementation visant notamment les personnes morales qui louent de trop nombreux appartements via les plateformes de type Airbnb.
  • Ces propriétaires devront « compenser » en mettant autant de logements en location classique dans le même périmètre. Ce qui revient à freiner grandement le phénomène.

Autant le dire, Toulouse n’est pas Saint-Malo ou Biarritz. Sans vue sur la mer ou les sommets enneigés, les meublés de tourisme de type Airbnb n’y foisonnent pas au point de créer des tensions immobilières insurmontables ou de mettre en danger l’hôtellerie traditionnelle. La métropole a recensé 5.000 logements proposés dans la Ville rose par les plateformes mais seulement 3.000 « clés actives », essentiellement en centre-ville. Leurs propriétaires sont à 85 % des particuliers qui complètent leurs revenus. Depuis 2019, ils doivent se déclarer en mairie et obtenir une autorisation de « changement d’usage de locaux d’habitation », délivrée pour deux ans, dans la limite de deux logements. S’il s’agit de leur résidence principale, ils ne peuvent pas la louer plus de trois mois par an. Et pour ces utilisateurs sobres des plateformes, rien ne va changer.

« Tout un immeuble en Airbnb, ça s’appelle un hôtel »

Les autres loueurs sont des personnes morales, des SCI ou des gestionnaires de biens,  « Il y a 450 clés qui appartiennent en fait à une grosse quinzaine de gestionnaires, dont certains proposent une soixantaine de logements, souligne Jean-Claude Dardelet, vice-président de la métropole en charge du Tourisme. Or, tout un immeuble en Airbnb, cela s’appelle un hôtel. Ils exercent donc ce métier sans en payer les charges ni en remplir les obligations, comme les aménagements pour les personnes à mobilité réduite par exemple ».



Et ces loueurs frénétiques échappaient pour l’instant au contrôle. D’où la délibération adoptée jeudi par le conseil métropolitain et qui consiste, en gros, à leur mettre des bâtons dans les roues, de façon à juguler le phénomène avant qu’il ne devienne un réel problème.

Pas avant la Coupe du monde de rugby

La formule retenue est celle de la « compensation » et s’adresse aux personnes, morales ou physiques, qui proposent plus de deux meublés de tourisme et s’appuie sur trois périmètres créés, dont un en centre-ville. Chaque fois que les propriétaires feront une demande de changement d’usage d’un local, ils devront « transformer dans le même temps un local d’une surface au moins équivalente pour le mettre en location à bail, au sein de la même zone ». Autant dire que dans l’hypercentre, à moins d’être un magnat de l’immobilier, la fameuse compensation peut rapidement virer au casse-tête.

Ce « garde-fou » ne rentrera en vigueur que dans un an, en novembre 2023. « Car en septembre 2023, nous accueillons la Coupe du monde de rugby », indique Jean-Claude Dardelet. Et dans une ville peu rodée au tourisme de masse, tous les leviers doivent rester activés pour pouvoir héberger les supporteurs, qu’ils soient Néo-Zélandais ou Japonais.