#Metoo : « Les jeunes filles dénoncent davantage mais sont encore massivement victimes »
inégalités La journaliste nantaise Florence Pagneux publie ce jeudi le livre « Ce que nos filles ont à nous dire », qui s’intéresse à la première génération post-#Metoo
- « Ce que nos filles ont à nous dire » part d’une enquête menée auprès de 800 jeunes filles âgées de 13 à 20 ans.
- L’auteure Florence Pagneux estime que ces adolescentes « se sentent encore massivement en situation d’infériorité par rapport aux garçons », malgré le fait qu’elles « dénoncent davantage » ces violences et inégalités.
Cinq ans après #Metoo, qu’a changé ce mouvement de libération de la parole chez les jeunes filles d’aujourd’hui ? C’est à ce public d’adolescentes que s’est intéressée la journaliste nantaise Florence Pagneux pendant de longs mois. A 41 ans, elle publie ce jeudi « Ce que nos filles ont à nous dire » (ed. La mer salée), un essai journalistique basé sur une enquête menée auprès de 800 jeunes femmes de 13 à 20 ans, dont elle s’est servie comme base. « Il y a des chiffres très interpellants, qui montrent que la nouvelle génération de jeunes filles se sent encore massivement en situation d’infériorité par rapport aux garçons, et ce dans tous les pans de leur vie, rapporte Florence Pagneux. Elles sont 8 sur 10 à se faire harceler dans la rue, 84 % à ne pas s’habiller comme elles le souhaitent, 4 sur 10 à penser ne pas pouvoir exercer le métier de leurs rêves… »
Pour la journaliste, le grand changement produit par #Metoo est que désormais, les jeunes filles, pour certaines enfants à l'époque, disent « haut et fort » qu’elles ne trouvent pas ça normal et qu’elles veulent que ça change. « Elles l'identifient mieux et le dénoncent davantage, et notamment sur les réseaux sociaux qui sont une caisse de résonance importante. Elles sont aussi très nombreuses à se définir comme féministes, et pourtant elles sont encore massivement victimes de toutes ces violences, constate la journaliste, elle-même mère d’une pré-adolescente. L’enquête dit par exemple que 26 % d’entre elles vivent des violences amoureuses, avec des situations d’emprise qui dégénèrent vers des situations parfois plus graves. »
La bascule entre parole et actes « pas encore faite »
Pour Florence Pagneux, qui traite dans son livre de questions diverses comme le genre, les troubles alimentaires ou l’accès à la pornographie, « la bascule entre la parole et les actes ne s’est pas encore faite ». Il faut dire que si des choses commencent à bouger, la prise en compte de cette attente par les institutions est encore lente. « Là où il y a un vrai déficit, c’est sur les cours d’éducation sexuelle, estime l’auteure. Ils sont obligatoires depuis 2001 mais dans les faits sont très peu organisés. Quand ils le sont, ils tournent davantage autour de la prévention des MST ou des grossesses non désirées, des questions qui masquent d’autres aspects essentiels comme les relations filles-garçons, les sentiments, ou encore le consentement… »