Pénurie de carburant : Grève reconduite chez Esso-ExxonMobil et TotalEnergies

PANNE SECHE Le gouvernement a décrété mardi la réquisition de salariés pour débloquer les dépôts

20 Minutes avec AFP
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Illustration d'une station service ESSO complètement hors service avec un panneau de prix de carburants affichant des zéros sur tous les types de carburants au quartier du Pont du Las à Toulon dans le Var
Illustration d'une station service ESSO complètement hors service avec un panneau de prix de carburants affichant des zéros sur tous les types de carburants au quartier du Pont du Las à Toulon dans le Var — Adil Benayache/SIPA

Ils ont décidé de défier le gouvernement. Malgré la menace de réquisitions brandie la veille par la Première ministre Elisabeth Borne, les grévistes des groupes pétroliers ont décidé ce mercredi de poursuivre leur mouvement pour de meilleurs salaires, prolongeant les pénuries de carburants qui affectent la France entière.

Six des sept raffineries de France sont donc en grève ce mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil ; seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée.



Deux semaines de mobilisation

Avant l’aube mercredi, à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Gravenchon (Port-Jérôme), en Seine-Maritime, une cinquantaine de salariés grévistes ont voté à main levée la poursuite de la grève, au pied de l’usine, où des palettes brûlent et sans présence policière alentour, a constaté l’AFP. La grève se poursuit aussi à la raffinerie Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a constaté l’AFP, où les grévistes votent à chaque changement de quart. Aucun carburant n’est sorti d’ici depuis le 21 septembre.

Chez TotalEnergies, la grève dure depuis deux semaines et prend de l’ampleur. Dans l’ensemble des sites en mouvement, la grève a été reconduite avec « quasiment 100 % de grévistes parmi les opérateurs », a indiqué tôt mercredi à l’AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour l’ensemble du groupe. Soit la raffinerie de Normandie, près du Havre, le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, la « bio-raffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône), la raffinerie de Feyzin, et depuis mardi, la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique).

Les grévistes prennent ainsi le risque d’un épilogue brutal avec réquisition de certains d’entre eux pour faire redémarrer les usines, comme le précédent mémorable de 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Mais aucune réquisition n’a pour l’instant été reçue chez Esso. Pour les dépôts, le redémarrage serait immédiat car assez simple, puisqu’il suffira d’ouvrir les vannes pour les camions. Mais « s’il y a réquisition pour redémarrer la production à la raffinerie, il faudra au moins deux semaines », explique Gil Vilard, de la CGT Esso à Fos-sur-Mer, l’une des deux raffineries Esso à l’arrêt.

La galère dans les stations

« L’essence, c’est trop important pour nous ! Vous voyez, ça fait plus d’une semaine qu’on galère », témoigne Santiago, l’un des innombrables coursiers à « galérer » pour faire le plein, à Paris, comme tous ceux dont le véhicule est un outil de travail.

Face à ces files d’attente d’automobilistes exaspérés, interviewés en boucle sur les chaînes d’information, et sous le feu des critiques de l’opposition, le gouvernement a dégainé mardi la menace de la réquisition, pour l’instant seulement pour débloquer les dépôts d’Esso-ExxonMobil.

Un accord salarial y a en effet été conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l’échelle du groupe mais pas dans ses raffineries ; la CGT, à l’origine de la grève, n’a pas signé. Elisabeth Borne a également évoqué la possibilité de réquisitions chez TotalEnergies.

Une réunion de « concertations et d’échanges »

Amorce de dialogue ? Ce groupe a convié les syndicats représentatifs qui « ne participent pas au mouvement de grève » à une réunion de « concertations et d’échanges » mercredi après-midi. « Si la CGT lève tous les blocages de sites avant demain midi, elle sera bienvenue à cette réunion de dialogue », a précisé le géant français de l’énergie. Eric Sellini y voit une manière « d’écarter » la CGT et de « justifier » ainsi une intervention du gouvernement en cas de refus de celle-ci de lever les blocages.

Le ministère de la Transition énergétique a précisé mardi soir que les arrêtés de réquisition du personnel étaient « prêts » pour les dépôts d’Esso-ExxonMobil, mais pas encore pris. Le ministère voulait croire à une « reprise de l’activité »… A l’arrivée, il n’en est rien : « une ligne de quart était en sureffectif hier donc ils ont commencé à réalimenter pendant quelques heures, tout a été arrêté à nouveau depuis 22 heures hier soir », a indiqué Reynald Prévost, de FO.

Le ministère a indiqué qu’un autre arrêté de réquisition serait activé pour le dépôt de carburant TotalEnergies près de Dunkerque, si la grève se poursuivait ce mercredi. La CGT de TotalEnergies réclame 10 % d’augmentation sur les salaires pour 2022, contre les 3,5 % obtenus en début d’année.