Pénurie de carburant : La Belgique, dernier recours pour les automobilistes en quête d’essence
ROULE TOUJOURS Avec la pénurie de carburants qui touche la France depuis maintenant plus d’une semaine, les automobilistes frontaliers de la Belgique font le plein chez nos voisins, quitte à payer un peu plus cher
- Depuis plus d’une semaine, un mouvement de grève des raffineurs perturbe sérieusement l’approvisionnement des stations-service françaises.
- Dans les Hauts-de-France, près de 30 % des stations sont fermées et les automobilistes galèrent pour trouver de l’essence.
- Malgré des tarifs plus élevés, la Belgique est une solution de repli pour les usagers de la route français en manque de gasoil.
Si l’herbe n’est pas plus verte en Belgique, au moins il y en a. Cela fait maintenant plus d’une semaine que les stations-service françaises sont confrontées à des difficultés d’approvisionnement en carburants en raison d’un mouvement de grève dans les raffineries Esso-ExxonMobil et TotalEnergies. Entre stations fermées et files d’attente de plusieurs heures dans celles qui sont approvisionnées, c’est l’hystérie chez les usagers de la route. Mais dans les Hauts-de-France, où le nombre de stations vides est deux fois plus important qu’ailleurs, il reste une échappatoire : la Belgique. Reportage à Hertain, un village belge de marchands de tabac, de chocolats et d’essence.
Nous avons longuement hésité avant de nous lancer dans ce reportage qui impliquait un déplacement à 18 km de Lille parce que, comme beaucoup, cela fait plusieurs jours que nous tirons sur la réserve. Trouver de l'essence dans la capitale des Flandres relève du défi ou demande une patience à toute épreuve, la seule station du centre-ville n’ayant pas connu de répit depuis son réapprovisionnement, dimanche soir. Et puis, contre toute attente, nous avons pu faire le plein, sans attendre, dans une station Super U, à la sortie de l’autoroute A27, sur le chemin de la Belgique. Il n’empêche, arrivés à destination, à Hertain, nous avons tout de même constaté une forte affluence de véhicules français aux portes des deux stations ouvertes.
« Le diesel a pris 14 centimes en une semaine »
« Je viens toujours ici, pénurie en France ou pas, parce que c’est plus proche de chez moi », assure Antoine, 28 ans. Et quand il voit la pagaille de l’autre côté de la frontière, il loue sa chance d’être frontalier, quitte à payer un peu plus cher. Pour Hassan, un autre français, c’est aussi une question d’habitude : « J’habite juste à côté et, de toute façon, il n’y a plus une goutte d’essence à Lille ». En effet, ici, on n’attend pas plus de quelques minutes pour remplir son réservoir. Un luxe qui se paye au prix fort : 2,12 euros le litre de gasoil contre 1,95 euro à la station Super U, côté français. « Avec la pénurie en France, le diesel chez nous a pris 14 centimes en une semaine », reconnaît l’employé de la station belge Esso. Même constat chez ses concurrents et voisins du groupe Q8, chez qui le gasoil est passé de 2 euros à 2,12 euros en quelques jours.
Une spéculation qui, par la force des choses, ne refroidit visiblement pas les Français. « J’ai fait 4 stations avant de me résoudre à venir en Belgique. Je vais mettre 20 euros, ça tiendra ce que ça tiendra », se résigne Hyacinthe, ajoutant qu’il comptait se mettre au vélo. Dans ces deux stations, pourtant habituées à voir défiler des Français, on note un afflux particulier au cours de cette dernière semaine : « On ne voit quasiment plus de Belges, en revanche, on a des gens qui viennent même du Pas-de-Calais en ce moment », observe l’employé de Q8. « Ma clientèle habituelle, c’est 80 % de Français. Je suis au moins à 90 % maintenant. Il y a quelques jours, un gars est venu de Paris après avoir écumé toutes les stations sur la route », affirme quant à lui le salarié d’Esso.
Les communiqués rassurants des préfectures ou l’annonce de la réquisition du personnel des raffineries par le gouvernement ne suffisent pas à rassurer les automobilistes gagnés par la peur du vide. Car, en plus de faire le plein de leurs véhicules, certains en profitent pour coffrer quelques jerrycans. « C’est autorisé chez nous, alors c’est vrai que, depuis une semaine, on voit les Français faire des provisions pour stocker ou pour apporter à d’autres personnes », nous confie l’employé d’Esso. Mais attention tout de même. S’il est actuellement proscrit de remplir des bidons dans les stations françaises, le règlement n’interdit toutefois pas le transport de carburant. Sauf à respecter quelques règles, notamment en termes de quantité ou de type de contenants.