« Sans oui, c’est non », c’est quoi ce festival sur le consentement ?
RESPEct•Dis bonjour sale pute, l’association strasbourgeoise de lutte contre le harcèlement sexiste sur l’espace public et les lieux de festivités, organise « Sans oui, c’est non » son premier festival de vendredi à dimancheGilles Varela
L'essentiel
- L’association strasbourgeoise Dis bonjour sale pute (DBSP), organise son premier festival autour du consentement.
- Elle lutte contre le harcèlement sexiste sur l’espace public, les lieux de festivités.
- Le festival, qui se tiendra de vendredi à dimanche à The People Hostel à Strasbourg, ouvert à tous et gratuit, propose des tables rondes, des conférences, des concerts, des évènements culinaires, musicaux…
Parce qu’il reste encore « beaucoup de choses à faire » pour lutter contre le harcèlement sexiste sur l’espace public et les lieux de festivités, l’association strasbourgeoise Dis bonjour sale pute (DBSP) Stop au sexisme, organise son premier festival « Sans oui c’est non », autour du thème du consentement. Alors que le mouvement #BalanceTonPorc, dans le prolongement du mouvement #MeToo, fête ses cinq années d’existence, la tâche reste grande. « Les insultes, les personnes qui sont droguées à leur insu, les agressions, le harcèlement moral et sexuel en entreprise, la peur de rentrer seule le soir chez soi, énumère Emanouela Todorova, présidente de DBSP. C’est clairement encore des sujets d’actualités, les femmes et les hommes ne sont pas égaux dans l’espace public. » Aussi, de vendredi à dimanche, l’association qui compte 152.000 abonnés sur Instagram, propose un riche programme nourri de tables rondes, de conférences, de cercles de parole, de yoga, de brunchs…
Un festival entre soi ou de gens concernés et déjà sensibilisés ? « Pas du tout, ça ne ferait pas avancer la cause, se défend Emanouela Todorova. Notre but est de pouvoir sensibiliser les personnes qui ne sentent pas foncièrement concernées par ces sujets, ou qui s’y intéressent, mais pas forcément au quotidien. L’objectif est de toucher tout le monde. D’où l’idée d’organiser une table ronde sur la déconstruction, mais aussi de mêler dans ce festival des concerts, des moments culinaires. »
Un festival ouvert et pour tous
Le festival, qui se déroulera à The People Hostel, dans l’ancienne Manufacture des tabacs, se veut ouvert à tous et incitatif. « L’idée est que les gens ramènent leurs amis sur place, que des femmes ramènent leur copain, des parents leurs enfants, qui ne sont pas forcément éduqués sur ces questions… »
L’association, qui mène habituellement des opérations de sensibilisation dans les établissements scolaires, les lieux de festivités, les entreprises, produit des podcasts, a publié un livre, compte aussi atteindre un public bien au-delà du festival. « On va faire de la captation vidéo de toutes les tables rondes. Elles seront diffusées sur notre chaîne YouTube [en cours de construction] pour toucher un public plus large. L’idée est d’aller plus loin », confie Emanouela Todorova.
Attirer l’attention, susciter le questionnement, la réflexion et ouvrir les discussions, c’est en effet le fil rouge de l’association et de ce festival. A l’image du « harcèlomètre », souvent présenté par l’association sous forme de kakémono informatif à l’entrée des lieux de festivités, des établissements de nuit. « Des personnes, souvent des groupes mixtes, qui le lisent, débattent, se posent des questions pour savoir si tel ou tel comportement, c’est vraiment abuser ? Des victimes qui parlent, des femmes qui racontent leurs expériences, ça ouvre la discussion. Quelques situations décrites sur le harcèlomètre peuvent paraître naïves mais pas forcément pour certaines personnes, souligne la créatrice de DBSP. C’est aussi utile pour des personnes qui ont banalisé certaines choses qu’elles subissent au quotidien, en se disant "je ne changerai rien, c’est comme ça". »
Des discussions « utiles aussi pour des personnes qui ont pu avoir des comportements problématiques et qui en lisant le harcèlomètre ou en discutant, se rendent compte qu’ils ne peuvent pas faire certaines choses, pourtant banalisées par notre société, les médias, l’éducation. Notre objectif est de recréer la discussion sur le consentement pour rééduquer les personnes, de façon que tout le monde puisse profiter de la fête de la même manière. »
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