Incendie en Gironde : A Saumos, le combat des pompiers pour « maintenir » le feu
REPORTAGE Quelque 300 hectares supplémentaires ont brûlé dans la nuit de mardi à mercredi à Saumos en Gironde
- Même si la situation semblait plus favorable mardi soir, les soldats du feu ont dû traiter toute la nuit plusieurs reprises d’incendie.
- Le « chantier », comme l’appellent les pompiers, a été divisé en trois secteurs, avec des sous-secteurs. « On quadrille le terrain avec des moyens prépositionnés ».
- Trois cents hectares supplémentaires ont brûlé durant la nuit, annonce la préfecture de la Gironde, ce qui porte à 3.500 hectares la surface totale de forêt détruite par l’incendie.
Sur les routes départementales qui percent la forêt, les camions-citernes et autres véhicules tout-terrain filent à toute allure dans la nuit, gyrophares allumés. Dans la partie de forêt calcinée, plusieurs dizaines de souches brûlent encore sur des kilomètres. « On les laisse, car elles ne menacent plus rien alentour » expliquent les pompiers. On peut voir aussi un véhicule entièrement brûlé au bord de la route, tandis que plus loin, le stock de bois d’une scierie continue d’être dévoré par les flammes.
Mardi soir vers 22 heures, l’activité des sapeurs-pompiers était encore très dense, car la situation était loin d’être maîtrisée à Saumos (Gironde), près de Lacanau, où un gigantesque incendie s’est déclaré lundi. Impressionnant, le panache de fumée avait pris de l’ampleur, et s’étendait jusqu’aux portes de Bordeaux dans la soirée, où une odeur de fumée a été ressentie par plusieurs habitants. Ce mercredi, la préfecture de la Gironde annonce que 300 hectares supplémentaires ont été brûlés durant la nuit, ce qui porte à 3.500 hectares la surface totale de forêt détruite par l’incendie.
« Reconnaissance active »
La progression du feu semble se faire « plus lentement, à la faveur du vent qui est tombé », constatait déjà dans la soirée le lieutenant-colonel Eric Pitault, qui nous accompagne au cœur de l’incendie. « Même s’il y a encore des reprises à plusieurs endroits, ajoute-t-il immédiatement, en montrant d’inquiétantes flammes au bout d’un chemin. Dès qu’on voit un nouveau départ de feu, nos moyens vont tout de suite dessus ».
C’est le cas derrière cette maison en lisière de forêt. Un camion « traite » l’incendie qui n’est plus qu’à quelques mètres de l’habitation, et une dizaine de pompiers attendent autour de la bâtisse, prêts à intervenir à leur tour pour la protéger si le feu devait prendre plus d’ampleur. L’objectif des pompiers est qu’il n’y ait ni blessé, ni habitation détruite. Mardi soir, le bilan faisait état de quatre habitations totalement ou partiellement brûlées, tandis qu’aucun blessé grave n’avait été recensé.
Le « chantier », comme l’appellent les pompiers, a été divisé en trois secteurs, avec des sous-secteurs. « On quadrille le terrain avec des moyens prépositionnés qui vont travailler toute la nuit, poursuit le lieutenant-colonel Eric Pitault. Ils vont faire des reconnaissances actives. » Entre 400 et 500 soldats du feu, sur les 900 mobilisés en tout dont 300 de la Gironde, sont ainsi restés sur le front jusqu’au petit matin, et environ 200 véhicules ont effectué des rotations sur l’ensemble du périmètre. « L’objectif est de maintenir l’incendie toute la nuit, poursuit l’officier. Dans la matinée nous verrons l’étendue avec une reconnaissance par hélicoptère. »
Des moyens aériens partis sur un autre incendie
Dans la journée de mardi, des vents de sud, sud-ouest, qui plus est tournants, ont posé d’énormes difficultés aux pompiers. « A partir de 14 heures, le feu s’est revigoré et a fait des reprises, c’est pour cela que l’on a évacué une dizaine d’habitations supplémentaires au niveau d’un hameau » analyse le pompier. En tout, quelque 840 personnes ont été évacuées depuis lundi, dont 300 mardi.
« En plus de cela, nous avons été privés des moyens aériens une partie de la journée, puisqu’ils sont partis sur un autre feu à Vendays [à une quarantaine de kilomètres plus au nord], en vertu de la doctrine nationale qui veut que l’on emploie les moyens aériens sur un feu naissant, pour l’éteindre le plus rapidement possible. Du coup, seuls les sapeurs-pompiers au sol ont pu travailler, et même s’ils ont réussi à limiter sa progression, le feu est reparti. »
« Cela nous a défavorisés, car le feu a pu grossir sur les côtés, reconnaît la préfète Fabienne Buccio, mais cette tactique a fait ses preuves, avec pour objectif d’éviter d’avoir deux fronts en même temps. » Effectivement, la situation à Vendays était devenue « favorable » en fin de journée, et seuls une dizaine d’hectares ont brûlé. Les moyens aériens, soit trois Canadair, deux Dash et trois hélicoptères bombardier ont pu revenir sur Saumos mardi en fin d’après-midi, et poursuivre leurs largages jusqu’à 20h30.
Végétation sèche et températures élevées
Au final, l’incendie de Saumos a encore parcouru 1.500 hectares mardi. « Ce feu est compliqué car nous sommes sur une végétation extrêmement sèche, avec des températures élevées alors que nous sommes à mi-septembre, et avec des vents tournants » poursuit la préfète.
Les autorités se sont montrées particulièrement inquiètes mardi, quand l’incendie a « passé un point stratégique, à savoir la Départementale 6, qui ouvre la porte à la commune de Sainte-Hélène, explique Fabienne Buccio. On espère pouvoir l’arrêter là… Les pompiers vont se battre toute la nuit pour ça ».