Marseille : Le Frioul à la recherche d’un « équilibre entre protection et accueil du public »

ENVIRONNEMENT Avec 400.000 visiteurs annuels, l’archipel du Frioul, classé dans le Parc national des Calanques, doit conjuguer habitations, accueil des touristes et protection de la nature

Alexandre Vella
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Des visiteurs, à la descente de la navette du Frioul
Des visiteurs, à la descente de la navette du Frioul — Alexandre Vella
  • L’archipel du Frioul est à 5 km au large des plages de Marseille. Chaque année, 400.00 visiteurs y posent pied.
  • Pour un meilleur accueil du public des panneaux informationnels sur la faune, la flore et la géologie des îles du Frioul ont été installés.
  • Plus largement, la ville de Marseille continue à développer sa politique tournée vers le littoral, avec l’objectif d’un classement au patrimoine mondial de l’Unesco.

La scène se répète inlassablement sur l’archipel du Frioul, à 5 km au large de Marseille. Chaque matin, et tout au long de la journée, les navettes débarquent quelques-uns des 400.000 touristes qui visitent ce site classé au sein du Parc national naturel des Calanques. Mais le Frioul présente cette particularité d’être tout à la fois un quartier habité de Marseille (environ 150 habitants permanents), un espace du parc national, et une zone touristique avec bars, restaurants et activités nautiques.

« Nous devons rechercher un équilibre entre protection de la nature et accueil du public », introduit Didier Réault, le président du Parc national des Calanques. Une première étape vers celui-ci a été franchie en début de saison avec l’introduction d’un quota, et un système de réservation préalable, pour accéder à la calanque de Sugiton. « Pendant des années, une vie "surtouristique" s’est développée de façon débridée, et on a pris du temps à s’en rendre compte », admet Didier Réault, également vice-président de la métropole en charge de la mer. Comme du problème des retours du Frioul où la longue file d’attente de fin d’après-midi gâche bien souvent le plaisir d’une journée paisible. « Pour la saison 2023, un système de réservation des retours devra être mis en place, indique-t-il. C’est une évidence qu’il nous faut agir à ce propos. »

55 agents arpentent le parc

Le défi d’une meilleure gestion des flux de touristes, toujours plus nombreux à Marseille, et notamment de ceux qui entendent profiter des paysages merveilleux de bord de mer est donc à l’agenda des pouvoirs public. « Cette surfréquentation est liée essentiellement à l’usage balnéaire de ces espaces », avance Hervé Menchon, adjoint EELV à la mairie en charge du littoral. « C’est pourquoi nous faisons également le pari de redévelopper les espaces balnéaires urbains, et ça va commencer par la plage des Catalans. Cela suivra par les plages de Corbières, au nord de la ville, puis par celles de Borély », a poursuivi l’élu écologique.



Dans le même temps, des panneaux informationnels sur la faune, la flore et la géologie des îles du Frioul ont été installés. « Il nous faut également diffuser de la connaissance, car on ne protège que ce qu’on connaît », énonce Didier Réault à l’occasion de l’inauguration de ces panneaux et d’un espace d’accueil du public sur le Frioul. En complément de ces supports pédagogiques, des moyens humains ont également été déployés. Cinquante-cinq agents (écogardes, volontaires, gardes forestiers, inspecteurs de l’environnement et quelques scouts de France) arpentent le parc. Le Frioul vise également une labélisation sur la gestion de ses ressources et son développement socio-économique et culturel, a rappelé Sophie Camard, la maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille, dont dépend l’archipel.

L’ensemble de ces actions s’inscrivent dans une ambition plus lointaine, annoncée par Benoît Payan en septembre dernier à l’occasion du Congrès mondial pour la nature, organisé en 2021 à Marseille : celle de classer la rade de Marseille au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour y parvenir, la ville a dernièrement recruté une pointure en la matière, en la personne de Brigitte Proucelle, artisane du classement de Bordeaux à l’Unesco.