Dix ans de Tinder : Malgré les outils devant assurer leur sécurité, les utilisatrices multiplient les histoires glauques
#SAFEPLACE L'application de rencontre Tinder vient de souffler ses dix ans, l'occasion de vérifier si le vent nouveau côté sécurité fait son effet
- Tinder, le géant des rencontres amoureuses 2.0 a célébré ses dix ans ce lundi.
- S’il existe de nombreuses anecdotes de rencontres heureuses et pourquoi pas d’histoires d’amour, nos lectrices évoquent encore des « dates » ratés voire carrément atroces.
- 20 Minutes a passé au crible les fonctionnalités de garantie de sécurité mises en place par l’appli qui revendique 530 millions de téléchargements depuis sa création.
« On dira à nos enfants qu’on s’est rencontrés au musée. » Qui des utilisatrices de Tinder n’est pas déjà tombé sur ce genre de bio mièvro-poétique en swipant sur l’appli de rencontre ? Parce qu’entre promesse d’une belle histoire, photos chiadées et matchs réciproques, l’aventure Tinder commence parfois très bien. Derrière les beaux profils, on peut cependant trouver « de sales types », faire la mauvaise rencontre.
La sécurité de ses utilisatrices ? Un problème de taille, que Tinder assure gérer en ayant mis en place de nombreux outils de contrôle. « La sécurité des membres de Tinder a toujours été une priorité, confirme ainsi à 20 Minutes Miguel Neves Da Costa, chargé de communication chez Tinder. Elle fait partie de notre ADN depuis que nous avons introduit la fonction "Match" qui nécessite un consentement mutuel pour entamer une conversation. »
De la désillusion au traumatisme
Reste que les témoignages de rencontres qui tournent mal, très mal, sont légion. Evoquant malaise et traumatisme, des abonnées Tinder assurent aujourd’hui qu’elles ne remettront plus les pieds sur la plateforme ni sur aucune autre d’ailleurs. Parmi elles, Sandra*. « J’ai eu un rendez-vous un soir dans un bar de ma ville. Le mec était sympa mais il n’y a pas eu d’alchimie. On s’est mis d’accord en sortant du bar : chacun rentre chez soi et puis voilà », raconte la jeune femme qui a répondu à notre appel à témoignages. Jusqu’ici rien de bien exceptionnel.
Ce sont les règles des dates, ce passage du « match » virtuel au rencard réel qui peut souvent avoir un goût de désillusion. Seulement voilà, le date tourne au trauma : « Quelques jours passent et un soir en rentrant du boulot je ne me sens pas très à l’aise, je me retourne et il était là », raconte la jeune femme, qui réalise ainsi que son Tinder est un « forceur ». L’homme la suivait partout depuis leur première rencontre, même jusqu’au pied de son immeuble. Un harcèlement qui prendra fin uniquement quand la jeune femme le menacera d’appeler la police : « Il a fini par disparaître, tout comme son profil sur Tinder. J’ai eu la peur de ma vie et depuis je ne vais plus sur les applis de rencontre. »
Contourner les contrôles, c’est facile
« Les gens mentent massivement, sur leurs photos, sur leur profil, sur leur statut matrimonial. C’est malheureusement très courant », avance notre autre lectrice, Marion. Comme elle, Tinder n’est pas dupe et affirme avoir lancé ces deux dernières années de nombreuses fonctionnalités de sécurité accessibles à tous et dans le monde entier. Parmi elles, la capacité à valider un profil ou le « vidéo chat ». Après avoir consulté certaines d’entre elles, il semblerait qu’elles soient tout de même facilement contournables.
La fonction « vérification de profil », d’abord. En théorie, cette fonction permet à une intelligence artificielle de vérifier si derrière les photos se profile la bonne et vraie personne. Mais voilà, la vérification n’est pas obligatoire à la création d’un compte, mais uniquement encouragée par Tinder. Autre exemple : la « bio guidance ». Selon la charte de sécurité Tinder, cette fonction de conseil en matière de description de profil « est une étape supplémentaire pour s’assurer que les membres comprennent ce qui est acceptable sur Tinder ». En clair, l’outil accompagne l’écriture de bio pour éviter les « coucou, tu veux voir ma **** ». Sur le papier (ou plutôt l’écran), la fonctionnalité fait sens mais faut-il encore être désireux de jouer le jeu du respect de la personne et du consentement au-delà de l’appli. Et ce n’est pas Marion, lectrice de 20 Minutes, qui va nous contredire : « Pour ma part, après quatre ans d’application de rencontres, j’ai évidemment reçu beaucoup de dick pics. »
Le chat vidéo, bien utile
Face aux violences verbales, au harcèlement en ligne, aux propositions indécentes voire aux agressions, Tinder a tout de même mis en place des outils utiles. En octobre 2020, le géant du love numérique a ainsi lancé une fonctionnalité de sécurité qui, cette fois-ci, semble en phase avec la réalité de ses utilisatrices. Nommée le « vidéo chat », elle prend la forme d’un appel vidéo intégré à l’appli qui « permet de se rencontrer virtuellement, de vérifier que le match est authentique et de mieux évaluer si l’alchimie existe avant une date réelle ».
Autre avancée côté Tinder : son option « signalement ». Grâce à cette dernière les utilisatrices peuvent signaler une personne directement à partir d’un profil et contacter le centre de sécurité ou l’équipe Tinder en ligne à tout moment. « A partir de là, l’équipe prend les mesures appropriées dans le but de rendre la communauté plus sûre et plus respectueuse », assure à 20 Minutes Miguel Neves Da Costa.
« Plus jamais Tinder »
Enfin, Tinder a mis en place une armada de bots permettant de soutenir le travail des équipes de sécurité de l’application. Le « Does This Bother You ? » (est-ce que cela vous dérange ?) sous la forme d’une question posée aux membres lorsqu’ils reçoivent un message potentiellement offensant. Un « oui » suffit pour lancer un signalement auprès des équipes de Tinder. Ou encore le « Are You Sure ? » (êtes-vous sûrs ? ) qui apparaît en pop-up sur l’écran de toute personne s’apprêtant à lancer un message hors des clous.
Reste que malgré toutes ces barrières, les témoignages de « date de l'enfer » s’enchaînent. « Je sais bien que Tinder n’est pas responsable du comportement d’un gars, celui qu’il a une fois dans la "vraie vie", mais il faudrait pouvoir être sûre d’aller à un rendez-vous sans flipper de se retrouver devant Roger plutôt que David ou face à un homme qui tient des propos ou a des gestes inappropriés », résume Céline. Et la jeune femme de 35 ans d’ajouter : « Perso, j’entends de plus en plus d’histoires glauques malgré toutes les solutions mises en place par l’appli dont vous m’avez parlé. La faute de Tinder ? Oui, mais pas que. C’est juste un outil de plus qui permet à ceux qui le souhaitent, les hommes bien souvent, d’être dangereux encore plus tranquillement. »
Et si pour Sabrina, l’histoire commence classiquement par « un match, des discussions très sympathiques. Un premier rendez-vous en public, durant lequel tout se passe bien », elle finira dans la violence, la douleur. Lors du second rendez-vous, Sabrina accepte de rejoindre son date chez lui et tout bascule : « Il m’a forcée à avoir des rapports avec lui », confie sans détour la jeune femme à 20 Minutes. Traumatisée par ce viol, elle dépose une plainte au commissariat et conclut son témoignage glaçant par « plus jamais Tinder ».
*Prénom d’emprunt