Rentrée scolaire 2022 : Comment les transports scolaires ont réussi de peu à éviter la catastrophe
TENSION Malgré la grave pénurie de chauffeurs, 95 % des dessertes scolaires devraient être assurées à partir de jeudi. Mais la situation reste tendue
- Les conducteurs de cars scolaires sont en nombre insuffisant pour répondre aux besoins.
- Pour assurer la rentrée, des solutions provisoires ont été trouvées, comme des modifications de lignes ou des renforts de personnels inhabituels.
- La problématique du recrutement demeure pour les mois à venir. La profession et les régions cherchent à rendre le métier attractif.
Chaque année, plus de 1,2 million d’élèves rejoignent leur établissement scolaire au moyen d’un ramassage par car. Mais en cette rentrée 2022, la situation s’annonçait, il y a quelques semaines encore, catastrophique. La faute à une pénurie de conducteurs, connue depuis plusieurs années, et qui s’est encore aggravée. Environ 7.000 chauffeurs manquent ainsi toujours à l’appel en France, selon la profession. Beaucoup sont partis en retraite, d’autres ont quitté le métier après les confinements successifs.
Pourtant, malgré ce contexte délicat, le pire sera évité ce jeudi pour la rentrée scolaire et les jours suivants. Pas moins de 95 % de services scolaires du territoire seront ainsi assurés, promet la fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV). « Une mobilisation conjointe a permis de diminuer les tensions observées dans un certain nombre de régions et de sécuriser presque partout, par des mesures d’urgence, l’organisation de la rentrée 2022 », confirme le gouvernement.
Emplois du temps modifiés, renforts exceptionnels…
Conscientes de l’enjeu, les régions, organisatrices de transport et les entreprises se sont en effet retroussé les manches cet été, jouant principalement sur les emplois du temps. « Il s’agit de réaffectations vers les services scolaires de conducteurs qui opéraient des lignes régulières ou du transport touristique. Il y aura aussi des réorganisations de circuits : on optimise les dessertes pour qu’avec un seul trajet on puisse desservir deux ou trois circuits habituels. Ce sera un service dégradé mais il faut en passer par là provisoirement », explique Ingrid Mareschal, déléguée générale de la FNTV. Les parents doivent donc s’attendre à ce que des cars soient parfois surchargés, avec des enfants debout dans l’allée. Des voyageurs adultes doivent se préparer à voir leur ligne régulière habituelle supprimée ou suspendue.
Autre solution trouvée dans certaines entreprises : des renforts de personnels exceptionnels pour assurer les dessertes manquantes. « On fait appel à des salariés titulaires du permis D mais qui ne roulent pas d’habitude : des mécaniciens, des personnels administratifs ou même des chefs d’entreprise, précise Ingrid Mareschal. On a également fait appel à des jeunes retraités pour un retour ponctuel. Ces renforts vont laisser du temps pour former des nouveaux candidats. »
Car la tension diminuera uniquement en améliorant la problématique de recrutement. Pénalisé par ses temps partiels, ses horaires contraignants (assez tôt le matin et tard le soir) et une rémunération jugée pas attractive, le métier peine à séduire. Les lenteurs administratives d’une formation accessible seulement à partir de 21 ans ne facilitent pas la tâche. « Le délai de délivrance des autorisations du permis D peut prendre plusieurs mois alors que le conducteur a réussi l’examen, déplore Fabrice Marcon, qui dirige la branche transports scolaires de l’entreprise familiale Alcis Transports (350 salariés), près de Toulouse. Avant, les organismes formateurs se chargeaient de ces formalités qui sont maintenant à la charge des conducteurs. Certains préfèrent renoncer. »
Des idées pour éviter les temps partiels
Pour contrer ces difficultés, de nombreux dispositifs ont été mis en place ces dernières semaines. « Beaucoup de régions ont lancé des campagnes et opérations de communication pour encourager les candidatures, indique Ingrid Mareschal. Elles ont pris également des initiatives pour trouver des compléments d’emploi permettant d’apporter un plein-temps aux conducteurs. Le ministre du Travail avance, lui aussi, sur un partenariat avec la grande distribution et l’emploi à domicile pour favoriser ces compléments d’emploi. » La profession communique aussi avec insistance sur les atouts du métier : autonomie, liberté, contact humain, emploi non délocalisable…
Quant à la rémunération, elle vient de progresser de 6,5 %, indique la FNTV. « C’est un effort important que les employeurs ont du mal à répercuter auprès des donneurs d’ordre publics, précise Ingrid Mareschal. On va toutefois bientôt revoir les partenaires sociaux afin d’essayer de faire un effort supplémentaire pour la fin de l’année. »
Selon la FNTV les territoires très ruraux, à l’image du Limousin, sont ceux qui connaîtront le plus de difficulté à la rentrée, de même que certains pourtours d’agglomérations, notamment Bordeaux et Aix-en-Provence.