Provence-Alpes-Côte d’Azur : Avant de piquer une tête dans l’eau, visualisez s’il y a des méduses
MER MEDITERRANEE Un site développé par une société de Sophia Antipolis recense la présence de méduses dans les eaux côtières méditerranéennes, et en particulier dans la région Paca
- A l’image d’un Waze, chacun peut enregistrer la présence de méduses sur le portail d’observation développé par une société de Sophia Antipolis, qui croise ensuite ces données avec des observations satellites.
- Selon Antoine Troullier, ingénieur chez Acri-ST, ces méduses violettes s’observent été comme hiver, et aiment l’eau froide. Leur présence est ainsi surtout liée au vent du sud qui les ramène vers la côte.
Le week-end dernier, le site d’observation des méduses en Méditerranée a connu un pic de 10.000 consultations par jour. Des baigneurs à l’affût des pictos verts, oranges et rouges montrant la présence (ou l’absence) de méduses sur les plages. « Cette carte interactive fonctionne à la manière d’un Waze, elle est accessible à tout le monde et il suffit de s’enregistrer pour faire une déclaration », explique Antoine Troullier, ingénieur chez Acri-ST. Cette société, basée à Sophia Antipolis, est spécialisée dans le traitement et l’archivage de données satellites d’observation de la terre. Elle a lancé il y a une douzaine d’années ce portail d’observation, dans le cadre d’un projet de science participative.
Il y a bien des plaisantins qui déclarent des méduses en haut de la montagne Sainte Victoire, mais leur apport est vite supprimé du système, et dans l’ensemble les contributeurs jouent bien le jeu. La plupart concernent la portion de littoral entre Menton et Marseille. « Tout le monde y gagne à être informé », poursuit Antoine Troullier. Du côté des usagers, un bain sans méduses : mais attention à se fier au picto vert, seul gage qu’il n’y a pas de bestiole (l’absence de picto n’est pas un indicateur suffisant). De son côté, Acri-ST élabore une base de données précieuse sur les méduses, qu’elle peut mettre à disposition des chercheurs. « A chaque observation de méduses, indique Antoine Troullier, nous associons des données environnementales que l’on récupère via satellite, sur la température de l’air, de la mer, les courants, les vents. »
« Je vais casser un mythe »
« En ce moment, nous avons une centaine d’observations par jour, mais parce que tout simplement il y a plus de gens qui vont au bord de l’eau, ajoute-t-il. On les remarque moins en hiver mais elles peuvent être tout aussi nombreuses. J’ai vu la mer violette en février, à ne pas se mettre dans l’eau en combinaison ! » Au passage, il bat en brèche quelques idées selon lui reçues : « Je vais casser un mythe, ces méduses se plaisent en eau froide et en profondeur. Leur prolifération n’est pas liée au changement climatique, même s’il joue un rôle sur leurs prédateurs, mais davantage à la météo. On n’est pas sur la même échelle de temps. »
A l’écouter, il faut ainsi guetter le vent du sud. « Ces méduses violettes migrent la nuit pour chasser le plancton, et lorsqu’il y a un système de vent du sud, elles sont prises et ramenées à la côte, où elles meurent au bout d’un jour ou deux. Tant que le phénomène de vent dure, cela va continuer comme ça, avec de nouvelles méduses qui les remplacent, ce ne sont pas les mêmes. » A contrario, le Mistral chassera les méduses plutôt vers le large. Avec l’Estérel qui arrête ce vent au niveau de Saint-Tropez, les méduses s’observent ainsi davantage du côté d’Antibes et de Cannes. « Clairement, il y en a plus dans les Alpes-Maritimes, que dans le Var ou les Bouches-du-Rhône », estime Antoine Troullier.