Violences faites aux femmes : Les gendarmes s’excusent auprès d’une lycéenne qui avait interpellé Macron

JUSTICE Les gendarmes du Tarn sont allés interroger la jeune femme dans son lycée, interrompant son cours

B.Ch. avec AFP
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Emmanuel Macron discute avec des gendarmes du Tarn, le 9 juin 2022 à Gaillac
Emmanuel Macron discute avec des gendarmes du Tarn, le 9 juin 2022 à Gaillac — Caroline BLUMBERG / POOL / AFP

Les gendarmes du Tarn, accusés d’avoir voulu intimider une lycéenne qui avait interpellé le président Macron sur des ministres soupçonnés de viols et violences envers les femmes, ont adressé dans la nuit de vendredi à samedi des excuses à la jeune femme. Vendredi, des gendarmes en tenue sont entrés dans le lycée fréquenté par la jeune femme, allant la chercher pendant un cours, pour s’entretenir avec elle.

« Notre action visait simplement à prendre en compte cette personne, qui s’était présentée comme victime, pour lui proposer de recueillir une éventuelle plainte, ou à défaut pour lui proposer une aide, un accompagnement ou un relais pour rencontrer les associations locales pour lui porter assistance », s’est défendue vers minuit la gendarmerie sur Facebook et Twitter.

« Nous tenons à nous excuser auprès d’elle si notre démarche d’aller à sa rencontre au lycée pour échanger a été mal perçue et qu’elle considère que nous avons été maladroits », a ajouté le communiqué.

« Vous mettez à la tête de l’Etat des hommes qui sont accusés de viol et de violences envers les femmes, pourquoi ? »

Considérée comme maladroite, cette démarche des gendarmes ? Pour le moins, oui. Jeudi, lors d’une visite d’Emmanuel Macron à Gaillac, dans le Tarn, Laura l’avait apostrophé : « Vous mettez à la tête de l’Etat des hommes qui sont accusés de viol et de violences envers les femmes, pourquoi ? » Elle faisait référence aux accusations contre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin et le nouveau ministre des Solidarités, Damien Abad.

« S’il vous plaît monsieur, répondez-moi », avait insisté la lycéenne, alors que le président mettait en avant la présomption d’innocence, aucun des deux n’ayant été condamné.

Les images ont été partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux, les internautes s’emparant de la question pour interpeller eux-mêmes le président. Mais c’est la visite des gendarmes à Laura le lendemain, au sein de son lycée, qui a fait enfler la polémique.

Visite de courtoisie ou interrogatoire ?

Contactée par l’AFP, la jeune femme n’était pas joignable. Elle avait expliqué au Parisien avoir été interrompue en plein cours pour un « entretien » avec des gendarmes dans une salle de son lycée.

Ces derniers lui auraient demandé si elle souhaitait porter plainte pour une agression sexuelle dont elle avait fait part en marge de son échange avec le président. Mais selon la jeune femme, qui dit avoir perçu leur visite comme une « intimidation », la conversation a rapidement porté sur ses propos de la veille, une gendarme lui disant que ce « n’était pas à faire ».

#laquestiondelaura

Depuis jeudi, le hashtag #laquestiondelaura a été relayé plus de 20.000 fois sur Twitter. De nombreux internautes apostrophent Emmanuel Macron pour lui demander pourquoi il place à la tête de l’Etat des hommes soupçonnés de viols et violences sur les femmes.

La lycéenne avait elle-même expliqué avoir posé cette question à Emmanuel Macron lors de sa visite, précisément parce qu’il lui semblait que de nombreuses personnes s’interrogeaient sur ce point sans pouvoir obtenir de réponse claire du président de la République.