Montpellier : Pour faire la chasse aux profiteurs, la ville met en place un encadrement des loyers
LOGEMENT A partir du 1er juillet, les propriétaires ne pourront pas dépasser de plus de 20 % les loyers de références fixés par la préfecture de l'Hérault
- La ville de Montpellier met en place, dès le 1er juillet, un encadrement des loyers.
- Désormais, les propriétaires ne pourront pas dépasser de plus de 20 % les loyers de référence fixés, chaque année, par la préfecture. « Une réponse face à ceux qui abusent », pour le maire de Montpellier, Michaël Delafosse (PS).
- La Fnaim 34, elle, est contre la mesure. « Cela va profondément dérégler l’offre locative à Montpellier », regrette Thomas Brée, son président. Car les petits propriétaires, qui ne pourront plus assumer le remboursement de leurs emprunts, risquent de vendre. Et la ville risque de perdre son statut de terre d’investissement.
Ça ne surprend plus personne : à Montpellier (Hérault), les loyers sont chers. Beaucoup trop chers. Selon les chiffres 2021 de l'Observatoire des loyers, le loyer médian, dans la capitale de l'Hérault, est de 13,2 euros le m2. Après l’Île-de-France, Nice et la frontière avec la Suisse, c’est le territoire où les loyers sont les plus chers en France, devant Toulouse, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg.
Mais 13,2 euros le m2, ce n’est que le loyer médian, dans la capitale héraultaise. Pour les studios, majoritairement habités par des étudiants, les quittances affichent jusqu’à 17,3 euros le m2, à Montpellier. Le problème, c’est que la commune bat, aussi, des records en matière de chômage ou de bas revenus. Pour tenter de retrouver des niveaux de prix (un peu) plus raisonnables, la commune, qui a eu le feu vert de l’Etat en 2021, expérimentera, à partir du 1er juillet, un encadrement des loyers.
« Une réponse face à ceux qui abusent »
Ainsi, les propriétaires ne pourront plus, désormais dépasser de plus de 20 % les loyers de référence fixés, chaque année, par la préfecture. Ces chiffres seront calculés en fonction de la zone géographique (il y aura cinq secteurs, à Montpellier), mais aussi du nombre de pièces, de son année de construction et de sa typologie (vide ou meublé). C’est, pour Michaël Delafosse (PS), « une réponse face à ceux qui abusent, qui sont déraisonnables, et qui fragilisent une partie des habitants du territoire ».
La métropole de Montpellier a mis au point un simulateur, accessible aux locataires comme aux propriétaires, sur son site (ici), pour savoir si le loyer versé ou perçu est dans les clous. « Si jamais [le locataire] estime que le loyer est anormalement élevé, il peut procéder à un signalement », note le maire. Et même demander le remboursement des montants indus. Si le bailleur ne bouge pas, il peut écoper d’une amende de 5.000 euros (pour les particuliers) à 15.000 euros (pour les personnes morales). Attention, certains logements ne sont pas concernés par cette mesure, notamment les logements gérés par un organisme HLM ou les locations saisonnières.
Les propriétaires « vont vendre »
De son côté, la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) de l’Hérault est opposée à l’encadrement des loyers lancé par la ville. « Cela va profondément dérégler l’offre locative à Montpellier, regrette son président, Thomas Brée, joint par 20 Minutes. Ce sont, principalement, les petites surfaces, les studios, les T1 et les T2, qui vont être impactées. » Selon ce professionnel, qui a mené une étude sur l’impact de la mesure, les propriétaires devront faire face à une baisse des loyers de 100 euros par mois. « Tout simplement, ils vont vendre, car, pour la plupart, ils ne pourront plus faire face aux emprunts qu’ils ont contractés pour faire cet investissement locatif », note Thomas Brée. Et les logements risquent d’échapper au circuit de la location traditionnelle.
Autre risque, Montpellier pourrait bien perdre son statut de « terre d’investissements locatifs », au profit de Béziers ou de Nîmes, assure le président de la Fnaim 34. La fédération est d’autant plus courroucée qu’elle déplore de ne pas avoir été consultée par la commune, avant la mise en place de cette mesure. Le maire écarte les craintes des propriétaires. « A ceux qui pensent que ça va être l’apocalypse, à Paris et à Lille [où l’encadrement des loyers a été mis en place en 2019 et en 2020], les villes ne se sont pas effondrées, détaille Michaël Delafosse. Est-ce que ça a fait fuir les investisseurs, à Paris et à Lille ? Selon les premiers retours d’expérience, non. Ce qui ferait fuir les investisseurs c’est, si, un jour la conjoncture économique était catastrophique. »