Marseille : La saison touristique démarre « très fort » et plus tôt que d’habitude

TENDANCE La fréquentation touristique est au-delà de celle de 2019, avant le Covid, avec notamment un retour des touristes étrangers et le télétravail qui a changé les habitudes

Caroline Delabroy
La saison a démarré plus tôt que d'habitude aussi pour les loueurs de bateaux
La saison a démarré plus tôt que d'habitude aussi pour les loueurs de bateaux — A.Vella / 20 Minutes
  • « La saison a démarré très fort », observe Isabelle Brémond, directrice générale de Provence Tourisme, avec des vacances de Pâques qui ont dépassé en fréquentation touristique française les chiffres de 2019, soit l’avant-Covid.
  • Même constat du côté de l’office de tourisme de Marseille, pour qui la ville « est dans l’air du temps » d’un tourisme diversifié et en recherche d’expériences.

« C’est mieux que d’habitude, la saison a démarré dès la fin avril, là où elle débutait plutôt début juin ». Sur le port de la Pointe Rouge à Marseille, Jordy Pons est responsable du service de réservation de Bleu Evasion, l’un des loueurs de bateaux agréés par le parc national des Calanques. « On a retrouvé la clientèle d’avant Covid, celle des Américains, des Belges, des Britanniques », relève-t-il. Sans oublier les séminaires d’entreprise, qui d’après lui, ont fait leur retour, et les Parisiens : « Le Covid a mis une gifle à tous ces clichés, à cette petite histoire que les Marseillais n’aiment pas les Parisiens et inversement. Les Parisiens sont fiers de venir ici maintenant. »

« Nos clients sont hypersatisfaits de la destination Marseille, ils passent des bons moments et en parlent autour d’eux », constate aussi Mathieu Morin, gérant de la société Ze Boat, qui travaille beaucoup avec des hôtels de Marseille et de l’arrière-pays. Depuis le Vieux-Port, il emmène les gens vers les Calanques, mais aussi le Frioul et la Côte bleue. « On travaille bien mieux que le mois de mai précédent », abonde-t-il, en attribuant surtout ces bons scores à la météo, bien meilleure qu’au printemps dernier. Et au fait que le « nautisme est vu comme une vraie soupape de liberté par rapport à la situation actuelle ».

Tourisme durable, télétravail, Marseille pile dans la tendance

Simples impressions de prestataires ? Pas seulement. « La saison a démarré très fort », constate aussi Isabelle Brémond, directrice générale de Provence Tourisme. « La feria d’Arles, à Pâques, marquait avant pour nous le début de saison touristique, or cette année il y a eu une progression régulière et constante, avec des vacances de février qui, déjà, ont été très denses, poursuit-elle. Beaucoup de phénomènes s’additionnent, qui fait qu’on a une fréquentation qui est au-delà de celle de 2019, avant le Covid ». Elle cite notamment le retour à un tourisme durable, la recherche d’authenticité et le télétravail. « La demande est forte par exemple en gîtes équipés de wifi », relève-t-elle. Aux vacances de Pâques, la fréquentation touristique française s’est accrue ainsi de 19 % par rapport à 2019.

Avec la Camargue ou encore les Alpilles, Marseille tire tout particulièrement son épingle du jeu. « Pour le mois de mai, en hôtellerie, on va largement dépasser sans doute les 70 % de réservation, soit 8 points de plus que l’an passé, ce qui représente environ sur ce mois 300.000 à 400.000 personnes », indique Marc Thépot, président de l’office métropolitain de tourisme de Marseille, dont le décompte inclue les 9.500 chambres d’hôtels mais pas les 11.500 locations Airbnb sur la ville.

« Seul bémol, les bras pour servir les clients »

« Intrinsèquement, Marseille correspond à l’air du temps, aux nouvelles tendances d’un tourisme en quête de diversité et d’expériences, avec une ville qui a mille et une facettes, et 57 km de côtes, poursuit-il. Tout le travail en termes d’image sur la refonte de la corniche, la piétonnisation du centre, fait oublier le Marseille des faits divers et des grèves ». Lui aussi cite le télétravail, qui a amené d’autres touristes qui travaillent en journée, et prennent le soir l’apéro au cabanon de Paulette ou sur le cours d’Estienne d’Orves, mais aussi la scène culinaire active, dans le sillage d’Alexandre Mazzia.

« On a conquis une clientèle plutôt jeune », observe Marc Thépot. Pour lui, il reste cependant un « bémol » au tableau : « Il faut trouver des bras pour servir les clients ». « On a réconcilié les Marseillais avec le tourisme, maintenant il faut réconcilier les jeunes avec la restauration », conclut-il, convaincu qu’une nouvelle page s’ouvre aussi pour ces métiers, avec du mieux à la clé sur les conditions de travail et de rémunération.