Aisne : Soldats allemands emmurés en 1917, le mystère demeure après une semaine de recherche
MEMOIRE Une opération de forage, menée dans l’Aisne pour retrouver un tunnel de la Première Guerre mondiale, n’a pas permis d’obtenir des images du lieu où ont péri plus de 150 soldats allemands
- Le 4 mai 1917, plus de 150 soldats allemands de la Première Guerre mondiale ont été emmurés vivants dans un tunnel, après un bombardement.
- Cent cinq ans plus tard, une semaine de forages et de fouilles a été programmée, dans la forêt de Craonne, dans l’Aisne.
- Aucune image précise de l’intérieur du tunnel n’a pu être obtenue malgré l’introduction d’une caméra dans une cavité du tunnel enseveli sous une colline.
Le mystère demeure. Après trois jours de forage et de fouilles, l’organisme allemand chargé des sépultures de guerre (VDK) a suspendu, jeudi, ses recherches dans la forêt de Craonne, dans l’Aisne. L’objectif était de repérer un tunnel où ont péri emmurés au moins 150 soldats allemands en 1917, au cours de la meurtrière offensive du « Chemin des Dames ».
Deux forages, l’un vertical, l’autre horizontal, avaient permis, dès mardi soir, de localiser et d’atteindre une cavité à environ 50 m de l’entrée du tunnel, dans laquelle pourraient se trouver les corps des disparus. Cependant, l’envoi d’une caméra, mercredi et jeudi, à l’intérieur de cette cavité n’a pas été couronné de succès.
« La caméra introduite a permis de visualiser le plafond calcaire et le profil du tunnel mais les mauvaises conditions de visibilité dues aux particules poussiéreuses en suspension ont empêché d’obtenir des images précises de l’intérieur du tunnel » souligne un communiqué de presse de la préfecture de l’Aisne qui précise « l’impossibilité de pénétrer sans des moyens très lourds dans ce tunnel profondément enfoui dans le sol de la colline, garantissant ainsi le respect dû aux corps des soldats ».
Nouvelle phase de recherches ?
Le lieu de sépulture dite « de catastrophe » a été sécurisé et remis dans son état initial à l’issue des travaux de prospection. Les autorités allemandes et françaises doivent décider, dans les prochaines semaines, d’engager ou non une nouvelle phase de recherches pour retrouver les soldats disparus, après l’effondrement de l’entrée du tunnel, le 4 mai 1917.
En avril 2021, une première opération avait permis d’identifier l’entrée du site, baptisé « tunnel du Winterberg » et de découvrir des objets appartenant à des soldats allemands du 111e régiment d’infanterie de réserve du Bade-Wurtemberg qui sont morts asphyxiés ou de privations.
Episode de l’offensive du Chemin des Dames
La décision d’une éventuelle exhumation des restes de soldats ne sera prise qu’ultérieurement, « il y aura de toute façon par la suite un travail pour faire de ce lieu un lieu de mémoire », précise, par ailleurs, le préfet de l’Aisne, Thomas Campeaux.
L’offensive du Chemin des Dames, une petite route de crête entre les rivières Aisne et Ailette, avait été lancée par le général Robert Nivelle, en avril 1917, pour briser les lignes allemandes. Censée être rapide et décisive, elle tourna au fiasco et les combats ont duré finalement jusqu’au 25 octobre 1917, engendrant des pertes colossales : 187.000 vies côté français et 163.000 côté allemand.