Lyon : Game Sup, l’école familiale qui forme les créateurs de jeux vidéo du futur

JEUX VIDEO Les étudiants de Game Sup présenteront leurs prototypes de jeux vidéo à la Japan Touch & Geek Touch, qui se déroule ce week-end à Eurexpo

Jennifer Lesieur
Victor Labbe, en dernière année d'études à Game Sup, reconnaît avoir suivi un cursus très épanouissant.
Victor Labbe, en dernière année d'études à Game Sup, reconnaît avoir suivi un cursus très épanouissant. — J.L. / 20 MINUTES
  • Game Sup est une école privée qui propose une prépa et deux bachelors vidéoludiques, de game artist ou de game designer, en 4 ans.
  • Fondée en 2016 par Bruno Marion et son épouse, l'école vise autant à l'excellence qu'au bien-être de ses étudiants, amenés à travailler en équipe.
  • Le secteur vidéoludique, très dynamique, recrute volontiers chez Game Sup, tout en offrant de nombreux débouchés.

Dans les locaux de Game Sup, à Confluence ( Lyon 7), on croise des guerriers, des monstres, et même un Han Solo grandeur nature, figé dans son bloc de carbonite. On y croise aussi, et surtout, des étudiants passant d’un écran à l’autre. De lignes de dialogue en lignes de code, ils tissent des jeux vidéo, jusqu’à leur projet de fin d’études. Des jeux à part entière, qui tapent dans l’œil de grands studios de création, dans un univers très porteur : la région ne compte pas moins de 115 studios, dont certains (Arkane, Ivory Tower) sont réputés dans le monde entier.

Deux formations, un bachelor en quatre ans

Bruno Marion a ouvert Game Sup en 2016 avec son épouse. Vétéran du secteur, il est à présent directeur pédagogique. « Nous proposons deux formations : une de game artists, qui créent les visuels des jeux, et une de game designers, qui établissent les règles des jeux », explique-t-il. « On est passés en bachelor depuis 2019. Pendant quatre ans, les élèves suivent 2.700 heures de cours données par 70 intervenants extérieurs, tous professionnels. » Les frais de scolarité sont de 7.800 euros par an, l’école se chargeant de fournir à chaque élève un ordinateur très puissant, qu’il conserve à la fin de ses études.

S’il existe d’autres écoles vidéoludiques à Lyon, Game Sup se distingue par son cursus volontairement centré sur le jeu, et par l’attention portée à la personnalité de l’élève. En effet, celui-ci n’a pas à être un crack en informatique ou en design pour intégrer l’école : « Ceux qui partent de zéro sont souvent les meilleurs, comme ceux qui ont quitté l’école pour phobie scolaire et passé un équivalent du bac avec le CNED », remarque Bruno Marion. « Ils peuvent venir avec n’importe quel bac : des bac S peuvent d’ailleurs très bien écrire des scénarios, et des bac L se mettre à programmer. »

L’importance du bien-être et de l’esprit d’équipe

Plus que les compétences techniques, Bruno Marion insiste sur le comportement des jeunes gens et leur esprit d’équipe, une qualité devenue primordiale dans ce secteur. Il désigne une salle de cours : « Regardez-les, ils sont assis en face les uns des autres car c’est un métier qui demande de l’échange, du partage, de l’entraide. Tous les mois, on les mélange, chaque table est conçue comme un petit studio où on les fait travailler comme dans l’industrie. Dans un jeu vidéo, ce n’est pas d’être le meilleur game artist qui compte, c’est de travailler ensemble et d’obtenir le meilleur ensemble. »

L’épanouissement de l’élève tient à cœur du directeur pédagogique, qui a connu pour son malheur « des productions où on travaillait 60 heures par semaine, et je ne veux pas faire vivre ça à mes étudiants. Ils travaillent 6 heures par jour, et je suis parfois obligé de les mettre dehors à 17h30 pour éviter ce qu’on appelle le crunch, la saturation ! Si on veut montrer une façon d’être et de vivre dans une industrie, ça commence ici, dans les écoles », insiste-t-il.

Un secteur très porteur, riche en débouchés

A la fin de son cursus, chaque élève a conçu une douzaine de prototypes de jeux, maîtrise 7 ou 8 logiciels, et sort avec un book à présenter aux recruteurs. Et ça recrute : « On arrive à placer 90 % de nos élèves sortants », admet Bruno Marion. « Des studios viennent chez nous pour chercher nos élèves en dernière année. Le fait d’avoir beaucoup travaillé en équipe leur permet de s’intégrer très vite à l’entreprise, ils sont appréciés pour ça, ils connaissent les contraintes des autres corps de métier. »

La majorité des anciens de Game Sup restent à Lyon ou dans la région, où règne « une belle dynamique ». S’il n’y a que 26 % de filles inscrites cette année, elles sont de plus en plus nombreuses dans le monde réputé macho du jeu vidéo. Leurs compétences en 3D leur permettent aussi de s’orienter vers la réalité virtuelle ou la modélisation architecturale, « mais 90 % restent dans l’univers du jeu vidéo », selon le responsable.

Quand un élève souhaite devenir professeur à son tour

Ce sera le cas de Victor Labbe, 22 ans, en dernière année de game design. « J’ai choisi Game Sup car je cherchais une école où il y a un vrai contact », reconnaît-il. « J’avais passé un an à la fac où il n’y avait pas du tout la même ambiance, et quand j’ai passé mon entretien avec Bruno, c’est ce côté familial qui m’a convaincu de rester ici. » Pour cet élève radieux, le cursus est allé au-delà de ses attentes : « C’est beaucoup plus technique, j’étais très ignorant de la façon dont se développe un jeu vidéo, et on voit que ça devient de plus en plus un art. »

Le jeune homme espère intégrer un studio où il se sente bien avant tout : « Je veux pouvoir faire ce que j’aime, bidouiller des choses que les joueurs ne voient pas, mais que moi je sais… » Il sait que le monde vidéoludique est riche de débouchés, ne serait-ce qu’à la base de son apprentissage : « Mon rêve absolu, ce serait de devenir professeur à Game Sup… J’ai beaucoup d’admiration pour nos enseignants, et j’aimerais pouvoir offrir aux élèves ce qu’on m’a offert ici. »