Aisne : A la recherche de soldats allemands disparus lors de la Première Guerre mondiale
MEMOIRE Une opération de forage est menée dans l’Aisne par les autorités allemandes et françaises pour retrouver un tunnel où plus de 150 soldats ont péri en 1917
- Le 4 mai 1917, plus de 150 soldats allemands de la Première Guerre mondiale ont été emmurés vivants dans un tunnel, après un bombardement.
- Cent cinq ans plus tard, une semaine de forages et de fouilles a été programmée, jusqu’au 6 mai, sur le Chemin des Dames, dans l’Aisne.
- L’objectif est de repérer et de localiser l’endroit exact des corps des soldats disparus.
Le 4 mai 1917, plus de 150 soldats allemands étaient emmurés vivants dans un tunnel après un bombardement. Cent cinq ans plus tard, une semaine de forages et de fouilles a été programmée, jusqu’au 6 mai, sur le Chemin des Dames, dans l’Aisne, pour permettre de localiser l’endroit exact où pourraient se trouver les corps. Un chantier d’une ampleur exceptionnelle, piloté par le service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes (VDK) avec l’aide des autorités françaises.
L’affaire a commencé par des recherches sauvages menées en janvier 2020 par une famille de la région. L’objectif était de retrouver l’entrée d’un tunnel construit par l’armée allemande durant la Première Guerre mondiale. L’initiative a déplu aux autorités et l’instigateur de ces fouilles a été poursuivi. Il s’en est sorti avec un rappel à la loi. Depuis, les institutions allemandes et françaises ont décidé de se pencher plus vite que prévu sur cet épisode de la Grande Guerre.
Au moins 150 victimes
Lors de l’offensive française du Chemin des Dames, à partir d’avril 1917, le secteur de Craonne a été le théâtre de combats et de pilonnage d’artillerie intensifs. C’est au cours de ces bombardements que l’entrée d’un souterrain, baptisé Winterberg par les Allemands, s’est effondrée. Une compagnie d’infanterie du Bade-Wurtemberg, près du lac de Constance, s’est retrouvée prise au piège et a péri dans des conditions effroyables.
Un historien allemand, que 20 Minutes a interrogé, estime à au moins 150 le nombre de victimes qui sont mortes d’asphyxie ou de faim dans cette cavité. « Des prospections à résonance magnétique ont été effectuées en août 2020 pour détecter le tunnel, explique Arne Schrader, responsable du service exhumation du VDK. L’an dernier, un premier forage n’avait rien donné. »
Opération de forage complexe
C’est donc une deuxième opération de forage sur environ 50 m qui a commencé lundi. Les techniciens espèrent, cette fois, atteindre le tunnel pour pouvoir envoyer une caméra endoscopique filmer le souterrain. « Il y a une forte attente, en Allemagne, des familles des victimes qui ont été identifiées », explique Arne Schrader. Chaque année, le VDK découvre et exhume environ 20.000 corps de soldats allemands sur le front de l’est. Mais rares sont les opérations de recherches menées en France.
« L’opération est très complexe car elle se mène sur un terrain boisé très accidenté, souligne Yves Desfossés, archéologue spécialiste de la Guerre 14-18. L'exhumation des corps n’est d’ailleurs pas d’actualité car on ne sait pas ce qu’on va trouver. Il s’agit avant tout d’étudier la vie quotidienne militaire. Nous avons affaire à un cas de figure exceptionnel où les soldats sont morts par surprise avec sans doute toutes leurs affaires personnelles. »
Reste à trouver la trace des cadavres. Si tout se passe comme prévu, les premières images du tunnel seront prises mercredi ou jeudi.