Hérault : Le département maintient la vitesse à 90 km/h, les défenseurs des 80 km/h consternés
ROUTES Malgré une décision de justice, le département de l’Hérault a dit son intention de ne pas toucher aux panneaux 90 km/h
- Malgré une décision de justice le lui demandant, le département de l’Hérault a indiqué qu’il n’avait pas du tout l’intention de retirer les panneaux 90 km/h.
- Le tribunal administratif avait pointé que le retour aux 90 km/h sur 25 sections de routes n’avait pas été suffisamment motivé dans les arrêtés.
- De son côté, Nicolas Gou, le président de la Ligue contre la violence routière de l’Hérault, qui avait saisi le tribunal administratif, est consterné.
« C’est consternant ! » Nicolas Gou, le président de la Ligue contre la violence routière de l'Hérault, est abasourdi : le département de l’Hérault a indiqué qu’il n’avait pas du tout l’intention de retirer les panneaux 90 km/h. Pourtant, le 5 avril, le tribunal administratif de Montpellier, saisi par l’association, a annulé les 25 arrêtés pris par la collectivité réglementant à 90 km/h au lieu de 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur 25 sections de routes qui ne disposent pas de séparateurs centraux.
La loi autorise le département à procéder à ce relèvement, et la justice n’a pas mis en cause son bien-fondé. Mais, selon le tribunal, il a été insuffisamment motivé. « Les raisons permettant ce relèvement, au regard notamment de l’accidentalité », n’ont pas été précisées, pointent les juges, qui avaient fixé le retour aux 80 km/h le 1er juin.
« Une étude ayant duré quasiment un an et demi »
Mais le département ne touchera pas aux panneaux, a-t-il indiqué, le lendemain du jugement. « Le département s’y était préparé et a légitimement repris (…) de nouveaux arrêtés motivés spécifiquement, qui permettent de maintenir définitivement les panneaux de limitation à 90 km/h sur les 350 km de routes départementales principales concernées », soit 8 % du réseau routier. Le département dit à 20 Minutes être revenu aux 90 km/h, « après une étude ayant duré quasiment un an et demi, sous l’égide de l’Etat, avec les services de la Sécurité routière. (…) Ce choix répondait également à une demande des acteurs locaux, confirmée par l’étude que nous avons menée. »
En pied de nez aux défenseurs de l’abaissement de la vitesse à 80 km/h, le département de l’Hérault a précisé au lendemain du jugement que « 90 km/h est la vitesse maximale autorisée sur ces itinéraires, mais que rien n’empêche ceux qui le souhaitent de rouler plus doucement pour profiter des routes et des paysages héraultais ».
« Entre 80 et 90 km/h, il y a une distance d’arrêt supplémentaire de 13 mètres »
Ne pas repasser à 80 km/h est une erreur, déplore le président de la Ligue contre la violence routière de l’Hérault. D’autant que les départements voisins, eux, ont conservé cette limitation de vitesse. « Entre 80 et 90 km/h, il y a une distance d’arrêt supplémentaire de 13 mètres, explique Nicolas Gou. C’est la longueur d’un bus, ce n’est tout de même pas négligeable en cas de nécessité de s’arrêter brusquement. » En cas de choc frontal, un risque sur ces routes sans séparateurs centraux, lorsque l’on roule à 90 km/h au lieu de 80 km/h, il y a « 25 % d’énergie supplémentaire, poursuit Nicolas Gou. Cela peut transformer un accident grave en accident mortel. »
Nicolas Gou note que les chiffres de l’accidentalité dans le département montrent, aussi, qu’il est urgent d’abandonner les 90 km/h. Si l’on écarte les données de 2020, une année marquée par le Covid-19, il y a eu 70 morts sur les routes de l’Hérault en 2019, et 5 de plus en 2021. Dans le même temps, la mortalité au niveau national a baissé, note Nicolas Gou. Elle est passée de 3.498 en 2019 à 3.221 en 2021. Une comparaison qui paraît pertinente, puisque le département a repassé les routes à 90 km/h en 2020.