Montpellier : Grâce à l’application Pratik, les sans-abri savent où être aidé autour d’eux
SOLIDARITE Cet outil permet, en quelques clics, aux personnes sans-abri ou dans le besoin de connaître les lieux où manger, se laver ou se soigner
- Pratik est une application Web, créée par la Jeune chambre économique de Montpellier, qui permet, en quelques clics, aux personnes sans-abri ou dans le besoin de connaître les lieux où manger, se laver ou se soigner.
- Chaque structure d’aide dispose d’une fiche descriptive, et est géolocalisée.
- La plupart des sans-abri (71 %) ont un smartphone, selon une étude de Solinum.
Pratik est une véritable boussole, pour les personnes les plus démunies. Cette application Web, créée par la Jeune chambre économique (JCE) de Montpellier (Hérault), avec l’appui d’Entraide SDF, du Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de l'Hérault et de la métropole, permet, en quelques clics, aux personnes sans-abri ou dans le besoin de connaître les lieux où manger, se laver ou se soigner.
Mais au départ, le projet porté par la JCE n’était pas celui-là. L’association, qui rassemble des jeunes qui s’investissent dans des initiatives citoyennes, a eu d’abord l’ambition de créer un lieu, pour remédier au manque d’accès à l’hygiène des femmes sans-abri. Une enquête, sur le terrain, a permis aux membres de la JCE de s’apercevoir qu’il y avait « énormément de projets similaires qui étaient en cours de création, ou déjà créés, confie Julie Gaillard, co-directrice du projet. On s’est posé la question de la pertinence d’ajouter un projet de plus. Et on a revu notre copie. »
« C’était très important de créer ce dispositif »
Pour les membres de la JCE engagés dans ce projet, il était bien plus utile « de mieux faire connaître les services disponibles aux bénéficiaires potentiels et de leur en faciliter l’accès », poursuit Julie Gaillard. Ainsi est née Pratik. Cette application, qui sera régulièrement actualisée, propose ainsi 14 catégories de besoins : la restauration, les soins médicaux, le soutien administratif, les besoins pour les animaux, ou encore l’accès à Internet ou à des activités de loisirs. Chaque structure d’aide ou d’accompagnement dispose d’une fiche descriptive (avec l’adresse, les horaires et les conditions d’accès).
Et c’est géolocalisé. « On a trouvé aberrant que si l’on cherche des sushis, un smartphone peut nous dire quels sont les restaurants à proximité, mais lorsqu’on cherche des choses aussi essentielles qu’une douche ou un repas chaud, ce n’est pas possible », déplore Julie Gaillard. Il existait, indique Antoine Marc, membre de l’association Entraide SDF, un véritable besoin de créer un outil qui rassemble toutes ces informations, en un clic.
La plupart des SDF dispose d’un smartphone
« Avec Entraide SDF, comme plein d’autres associations à Montpellier, on fait des maraudes, et on se rend compte que, tout le temps, les personnes de la rue nous demandent où est-ce qu’elles peuvent avoir accès à tel ou tel service, est-ce que ça existe, etc., confie-t-il. Les personnes les plus concernées ne sont pas au courant, c’est terrible. C’était très important de créer ce dispositif-là. »
Car la plupart des sans-abri ont un smartphone. En 2018, l’association Solinum, qui agit pour la solidarité numérique, a réalisé une enquête sur les sans-abri et les usages numériques, qui fait encore office de référence : 91 % des sans-abri interrogés possèdent un téléphone mobile et 71 % ont un smartphone. La plupart des personnes interrogées par Solinum utilisent Internet tous les jours ou presque, principalement pour se divertir : pour regarder des films ou écouter de la musique (40 %), utiliser les réseaux sociaux (37 %), ou s’informer sur l’actualité (24 %). La JCE aimerait aussi, toutefois, mettre en place une ou plusieurs bornes physiques, qui embarqueraient l’application.