Lyon : Le projet de métro bientôt abandonné et remplacé par un « tramway express » ?

TRANSPORTS EN COMMUN Les élus écologistes lyonnais jugent la réalisation d’un métro bien trop coûteuse, ils pourraient changer leur fusil d’épaule et se rabattre sur un autre mode de transport alternatif : un « tramway express »

Caroline Girardon
Les Lyonnais sont invités à donner leurs avis sur la future ligne de métro E, qui desservira l'Ouest Lyonnais.
Les Lyonnais sont invités à donner leurs avis sur la future ligne de métro E, qui desservira l'Ouest Lyonnais. — Nicolas Robin
  • La consultation citoyenne sur le projet métro à Lyon après 2026 étant terminée, les élus du Sytral seront amenés à prendre une décision au printemps.
  • Seulement, le métro pourrait finalement être abandonné au profit d’alternatives beaucoup moins onéreuses.
  • Les écologistes envisagent d’opter pour un « tramway express » ou un « métro léger ».

L’heure est bientôt aux choix. Au cours de la consultation citoyenne sur les quatre projets de métro à Lyon [pour l’après 2026], deux « corridors se sont très nettement dégagés » et apparaissent comme prioritaires aujourd’hui : le prolongement de la ligne B vers Caluire et Rillieux-la-Pape et la création de la ligne E pour desservir le plateau du 5e arrondissement et l’ouest lyonnais. Les élus du Sytral seront amenés à trancher « au printemps ».

En attendant, le fruit des réflexions engagées a été présenté, ce jeudi matin, aux conseillers métropolitains. Or, la synthèse s’apparente à « un enterrement de première classe », selon Philippe Cochet, le président du groupe LR à la métropole. Car il est fort probable qu’aucun des quatre métros ne soit finalement réalisé. La raison est simple, le Sytral va devoir se serrer la ceinture.

Le métro jugé trop coûteux

Le réseau des transports en commun lyonnais n’a pas retrouvé son niveau de fréquentation d’avant la crise du Covid-19, la « dynamique enclenchée a été perdue ». Résultat : les pertes cumulées jusqu’en 2040 sont évaluées à 850 millions d’euros. « Si l’on maintient le même niveau d’investissement que celui qui était prévu avant la crise [2,5 milliards d’euros], on mettra 17 ans à rembourser la dette, au lieu de 8 ans », explique Bruno Bernard, portant la double casquette de président de la métropole de Lyon et du Sytral. Or, au-delà d’un ratio de désendettement de 15 ans, les collectivités « rentrent dans une phase critique ».

Vous l’aurez compris, le prolongement ou la réalisation d’une ligne de métro coûterait beaucoup trop cher. Entre 1,5 milliard et 2,3 milliards d’euros, selon les projets. « La question est de savoir à quel niveau on peut financer un projet et quel choix retenir », résume Bruno Bernard qui envisage désormais des « solutions alternatives » pour désengorger les territoires concernés.

Un mix de métro et de tramway

L’option préconisée : un « métro léger » ou un « tramway express », à savoir un mode de transport situé à mi-chemin entre le métro classique et le tram, qui aurait la particularité de pouvoir circuler en surface et en sous-terrain. « Le gabarit des véhicules serait plus petit que celui des métros mais la capacité de transports serait identique. On aurait la même vitesse de circulation sous les tunnels. Et une vitesse proche de celle du tramway en surface », développe-t-on dans les services de la métropole.

Le coût serait surtout deux fois moins onéreux : 1 milliard d’euros contre 2,3 milliards pour le corridor Caluire-Rillieux-la-Pape, 700 millions d’euros au lieu de 1,5 milliard pour l’ouest lyonnais. « On économise sur le creusement des tunnels qui peuvent être moins gros et surtout moins nombreux que pour un métro classique, puisqu’une partie du trajet peut se faire en surface », précise-t-on encore. Le chantier pourrait ainsi être ramené à 8-10 ans de travaux, contre 11-13 ans traditionnellement.

« Nous ne comprendrions pas, et sans doute les citoyens non plus, que le Sytral renonce au développement du métro alors que c’est ce qui a été proposé dans la consultation », soulève Florence Asti-Lapperière, conseillère métropolitaine du groupe Synergie, appelant la collectivité à « approfondir des recherches de financements » complémentaires auprès de l’Etat. « Si nous n’engageons pas ces projets maintenant, il est à parier que nous ne les réaliserons jamais », prévient-elle.