Coronavirus : Mais comment Dubaï a-t-il fait pour attirer autant de touristes en pleine pandémie ?

VOYAGE Le secteur du tourisme semble en crise partout sauf dans cette ville des Emirats Arabe Unis

Marie De Fournas
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Le centre-ville de Dubaï. (Illustration)
Le centre-ville de Dubaï. (Illustration) — Olgaozik / Pixabay
  • L’aéroport de Dubaï, l’un des plus fréquentés au monde, a annoncé lundi être « opérationnel à 100 % » et avoir vu transiter chaque mois des millions de voyageurs.
  • Si la ville s’en est aussi bien sortie en pleine crise du Covid-19, c’est grâce à une politique très allégée sur les restrictions sanitaires et la fermeture de ses frontières.
  • Des prix abordables et des plages idylliques largement partagées sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois ont également pu contribuer à l’engouement autour de cette destination.

Depuis deux ans, le virus du Covid-19 a cloué les avions au sol, confiné des pays entiers, interdit aux citoyens de circuler, démotivé certains non-vaccinés à voyager… L’un des secteurs  qui en a le plus pâti est sans conteste celui du tourisme. Pourtant, une ville semble miraculeusement échapper à la morosité.   Dubaï, émirat des Emirats arabes unis, a annoncé lundi que son aéroport fonctionnait à pleine capacité. « Le nombre de visiteurs à Dubaï a dépassé le million au mois d’octobre et DXB a franchi le cap important du million de passagers par semaine en novembre », a précisé l’aéroport, qui figure parmi les plus fréquentés au monde.

Un engouement mondial auquel n’ont pas échappé les Français. « Comparés à 2019, deux fois plus de Français sont allés à Dubaï cette année », a déclaré mardi sur Franceinfo Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Selon lui, cette attractivité est notamment due à la tenue de l’  exposition universelle en ce moment, sur place. « Cela a élargi le profil des touristes avec notamment des retraités actifs », nous explique Guillaume Linton, président du tour-opérateur Asia, spécialiste du voyage sur mesure en Asie, Moyen-Orient et Pacifique. Mais si les Français acceptent de se faire sept à dix heures de vol pour aller à Dubaï, ce n’est pas seulement pour « Connecter les Esprits et Construire le Futur » (c’est le thème de l’Expo).

Les réseaux sociaux, la vitrine de Dubaï

L’émirat est aussi une destination balnéaire où il fait beau toute l’année et affichant des températures idéales en hiver, au printemps comme en automne. C’est d’ailleurs sur la période « entre août et décembre de cette année que les mentions "Dubaï" ont doublé voir triplé sur les réseaux sociaux, passant de 250.000 à 629.000 », constate Caroline Faillet, dirigeante de Opinion Act, cabinet d’études qui analyse le comportement et l’opinion des internautes sur le Web. Ces derniers mois voire ces dernières années, les influenceurs et les stars de la téléréalité ont été de plus en plus nombreux à s’y installer. Une tendance qui pourrait avoir participé à l’engouement autour de cette destination. « Dubaï sait activer des influenceurs de différentes communautés qui entretiennent l’attractivité de la destination : fans de shopping, de chaleur, d’insolite (piste de ski en plein désert), de bling bling… La destination touristique est présente à travers ces "ambassadeurs" sur différents réseaux (Instagram, TikTok, YouTube…), ce qui leur permet de toucher des publics de tous âges et centres d’intérêt », souligne l’experte.

Elle rappelle que les réseaux sociaux « font partie des inspirations pour les voyages, car les internautes sont exposés à des images de rêve et des situations idylliques. » Difficile cependant d’établir un lien direct entre réseaux sociaux et pic d’affluence. Caroline Faillet relève simplement qu’un pic des recherches liées à Dubaï sur Google a eu lieu entre novembre 2020 et avril 2021 par rapport aux autres années. Un flux qui pourrait être « lié à l’organisation d’un voyage pour se renseigner sur les vols, les prix, les hôtels ».

Car il se trouve que partir à Dubaï (et c’est l’un de ses autres atouts), c’est facile, selon Guillaume Linton : « Un vol direct, un hôtel, un taxi et c’est bon. » En France des vols sont proposés tous les jours depuis Toulouse, Nice, Marseille, Paris et Lyon. « Le séjour moyen c’est quatre ou cinq nuits dans le même hôtel avec au programme, plage, visite de la ville et de son architecture dingue, des loisirs avec ses parcs d’attractions et éventuellement une journée escapade dans le désert à côté », précise encore le président du tour-opérateur Asia.

Trois étoiles à 600 euros, la politique agressive de Dubaï

Des loisirs, du soleil, des plages paradisiaques… D’accord, mais Dubaï est loin d’être la seule à proposer ce package de rêve. En Asie, il y a aussi la Thaïlande, le Sri Lanka ou encore le Vietnam, qui figurent parmi les destinations favorites des Français… Sauf que ces pays ont complètement fermé leurs frontières pendant la pandémie. Pour Guillaume Linton, il y a eu un phénomène de vases communicants. Les habitués de ces destinations se sont alors tournés vers Dubaï qui était jusqu’alors seulement à leurs yeux l’escale pour se rendre dans ces pays d’Asie. Un plan B devenu possible, notamment parce que l’émirat n’est plus destiné aux seuls touristes fortunés. « Cela fait déjà un moment que Dubaï pratique une politique tarifaire agressive ouverte à tous les budgets, analyse Guillaume Linton. Pendant la pandémie, vous pouviez avoir un pack cinq jours-trois nuit dans un hôtel 3 étoiles pour 600 euros, vol inclus. »

Le prix n’est cependant pas le seul argument. Le faible niveau de restriction sanitaire comparé aux autres pays du monde a énormément joué. L’aéroport de Dubaï a été l’un des premiers à rouvrir en juillet 2020, à peine quelques mois après le début de la pandémie mondiale. « La seule condition pour se rendre sur place a toujours été d’avoir un test PCR de moins de 72 heures. Il n’y a jamais eu de va-et-vient dans les formalités imposées, pas de politique de Stop & Go avec des fermetures de frontières, qui ailleurs ont été dramatiques pour le secteur du tourisme, car particulièrement dissuasives », ajoute le président du tour-opérateur.

Avec cette politique simple, Dubaï a rassuré les voyageurs qui réservaient des voyages sans craindre de le voir annuler à la dernière minute en raison de nouvelles mesures au sein du pays. Pas de risque non plus de devoir changer de plan pendant le séjour. « Tout est toujours resté ouvert : les restaurants, les bars, les boîtes de nuit, etc. Il n’y a pas eu de   couvre-feu ou de confinement. Les seules règles étaient de respecter les distanciations, de porter un masque, de proposer du gel hydroalcoolique à disposition », détaille Guillaume Linton. Un combo, dont Dubaï sort gagnante aujourd’hui.