Coronavirus : Le masque responsable d’un effondrement de 23 % du développement cognitif des enfants ?

FAKE OFF Les internautes qui ont tenu cette affirmation se basent sur une étude de l’Université de Brown qui n’est pas encore vérifiée. Il convient donc d’utiliser ce chiffre avec prudence

Maïwenn Furic
Le port du masque pourrait entraver le développement des enfants.
Le port du masque pourrait entraver le développement des enfants. — SIPA
  • Sur les réseaux sociaux, des internautes affirment qu’il y a un effondrement de 23 % du développement cognitif des enfants, entre 2018 et 2021. Les masques sont mis en cause.
  • Depuis bientôt deux ans, ces derniers sont obligatoires à l’école, dans les crèches pour les puéricultrices… Nombreux sont ceux qui alertent sur les effets négatifs sur l’apprentissage et le développement de l’enfant.
  • 20 Minutes a vérifié cette affirmation.

Et si le masque représentait une entrave à l’apprentissage et au développement des enfants ? C’est une théorie qui circule depuis le début de l’obligation du port du masque pour le personnel dans les écoles et dans les  crèches, ou encore pour les  écoliers eux-mêmes lorsqu’ils sont plus âgés.

Aujourd’hui, des internautes avancent une donnée chiffrée : « Effondrement de 23 % du développement cognitif des enfants entre 2018 et 2021. Les chercheurs pensent aux masques. »

Dans les commentaires, les avis divergent. Des parents inquiets d’un côté : « L’année dernière : mes enfants obligés de réciter ou de lire un texte à haute voix avec un masque… Essoufflés. » Des sceptiques de l’autre : « Le masque a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, et les contaminations de Covid-19 passent par les enfants. »

Qu’en est-il vraiment et que sait-on aujourd’hui ? Explications par 20 Minutes.

FAKE OFF

Les internautes font le lien avec un article de nos confrères du Daily Mail, qui a pour source  une étude réalisée par l'Université de Brown, et publiée en août 2021. Les chercheurs ont étudié 1.070 évaluations cognitives sur 605 enfants, faites avant mars 2020, et 154 évaluations sur 118 enfants, réalisées entre mars 2020 et juin 2021. Leur conclusion : « Nous constatons que les enfants nés pendant la pandémie ont considérablement réduit leurs performances verbales, motrices et cognitives globales par rapport aux enfants nés avant la pandémie. »

Le pourcentage avancé par l’internaute n’est pas directement cité dans l’étude, mais par l'article du Daily Mail sur lequel il se base. Le journal britannique indique : « Les résultats ont montré que le résultat moyen composite de l’apprentissage précoce a chuté de 23 %, passant d’un sommet d’un peu moins de 100 en 2019, à environ 80 en 2020, et enfin à 77 en 2021. » Des chiffres exacts qui proviennent de  la figure numéro 2 réalisée par les chercheurs.

Le masque en cause ?

Le masque est bien évoqué comme une potentielle explication. « Les masques portés dans les lieux publics et à l’école ou en garderie peuvent avoir un impact sur une gamme de compétences en développement précoce, telles que l’attachement, le traitement facial et le traitement socioémotionnel. » Toutefois, cet article est une prépublication qui n’a donc pas été évaluée par des pairs. Il ne s’agit donc pas, pour l’instant, d’une étude de référence qui pourrait être considérée comme fiable.

Au-delà du chiffre avancé par les internautes, l’impact du port du masque sur l’apprentissage et le développement a déjà été pointé du doigt. En février dernier, une tribune réalisée par une mère et deux psychologues cliniciennes a été publiée. Elles citent  une étude de chercheurs chinois qui prend en exemple les effets du port du masque lors de la pandémie de Sras en 2003. Un document lui aussi, toujours au stade de prépublication. L’une des professionnelles à l’origine de la tribune, Anna Cognet, affirmait : « Pour les bébés de moins de 8 mois, si un objet est caché, il n’existe pas. Donc derrière le masque, le visage n’existe pas. »

Plusieurs études sont en cours de réalisation sur le sujet, mais le caractère récent du phénomène observé ne permet pas d’obtenir, à ce stade, des données fiables.