99 % des mineures prostituées sont victimes de violences, selon une enquête
ETUDE 96 % des victimes sont également en échec scolaire et subissent des violences au sein de leur établissement scolaire
Une enquête réalisée par l’Observatoire des violences envers les femmes de la Seine-Saint-Denis fait la lumière sur les cas de prostitution chez les filles mineures. L’étude publiée mardi et qui s’appuie sur l’examen de 101 dossiers de victimes de prostitution pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de Seine-Saint-Denis, montre que les parcours des victimes mineurs, en immense majorité des filles (99 sur 101), sont marqués par des violences (99 %) subies avant l’entrée dans la prostitution.
Sept filles sur dix ont subi des violences sexuelles avant la prostitution. Dans huit cas sur dix, il s’agissait de viols ou de tentatives de viols. Ces filles connaissent aussi d’importants problèmes de santé : neuf mineures sur dix sont en mauvaise santé (infections sexuellement transmissibles, troubles de stress post-traumatiques tels que des troubles alimentaires ou de fortes crises d’angoisses). Six mineures sur dix ont été hospitalisées et une fille sur quatre a effectué au moins une tentative de suicide, principalement au début de la prostitution.
L’impact de l’école
D’après l’enquête, ces victimes de prostitution sont en échec scolaire et subissent des violences au sein de leur établissement (96 %). Six filles sur dix sont ou ont été déscolarisées avant ou au moment de l’entrée dans la prostitution et quatre mineures sur dix ont subi du harcèlement scolaire. Une fille sur cinq a vu circuler parmi ses camarades des vidéos ou photos d’elle dénudée ou en plein acte sexuel.
L’entrée dans la prostitution s’effectue à 11 ans et l’âge moyen pour se prostituer est de 15 ans. Au moins quatre mineures sur dix n’ont pas conscience de se prostituer.
Le proxénète est souvent le « petit ami »
Le profil des proxénètes est majoritairement masculin et jeune entre 14 à 25 ans et les clients sont exclusivement des hommes (de 14 à 60 ans). Pour une mineure sur quatre victimes de proxénétisme, c’est celui qu’elle percevait comme son petit ami qui la prostituait. Enfin, selon l’enquête, la prostitution des mineurs est très peu pénalisée. Seuls 3 % des proxénètes ont été condamnés.
Pour endiguer ce phénomène en pleine expansion, un plan national de lutte contre la prostitution des mineurs a été lancé le 15 novembre par le gouvernement. Formation des professionnels en contact avec les enfants, pression sur les plateformes de location d’appartements, cyber-enquêteurs… Ce plan interministériel (Enfance, Intérieur, Justice, Education nationale, Numérique, Ville, Tourisme et Egalité femmes-hommes) doté de 14 millions d’euros, sera déployé sur neuf mois en 2021 et 2022.