Marseille : La réplique de la Grotte Cosquer prend forme au sous-sol de la Villa Méditerranée

VISITE DE CHANTIER A six mois de l’ouverture au public, le chantier de la réplique de la grotte Cosquer avance à bon pas, avec les premiers décors visibles

Caroline Delabroy
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Sur le chantier de la grotte Cosquer. (Photo by Christophe SIMON / AFP)
Sur le chantier de la grotte Cosquer. (Photo by Christophe SIMON / AFP) — AFP
  • La réplique de la grotte Cosquer doit ouvrir au public en juin 2022, au niveau – 2 de la Villa Méditerranée à Marseille.
  • La grotte commence à prendre forme, et les premiers panneaux ornés sont peu à peu intégrés à la paroi.
  • En coulisses, le parcours de visite se peaufine, notamment sur l’éclairage des gravures.

Les pots de peintre s’alignent sur une table de tréteau. Un peu plus loin, tout juste arrivé des ateliers, le spectaculaire panneau des mains noires attend par terre. A six mois de l’ouverture au public, prévue pour juin 2022, le chantier de la réplique de la grotte Cosquer à Marseille bat son plein. Une quarantaine de personnes s’activent au sous-sol de la Villa Méditerranée, déjà plongé dans une faible ambiance lumineuse. « On est vraiment au moment où on affine la grotte telle qu’elle sera vue par le visiteur », sourit Kléber Rossillon, dont le groupe a emporté l’appel d’offres lancé par la région pour ce projet baptisé « Cosquer Méditerranée ».


« On a fait tout le squelette de la grotte, une partie est déjà resculptée », détaille Laurent Delbos, en charge du chantier, qui ne cache pas le sentiment de revenir de loin : « La première fois que je suis descendu au niveau -2, je me suis dit comment on allait faire rentrer une grotte dans cet espace ! Au moment où on a gagné le concours, on n’avait pas encore le scan de la grotte. » L’enjeu du chantier a été d’imaginer un système de découpe du modèle 3D de Cosquer en six grandes écailles, et de les faire pivoter sur elles-mêmes pour trouver à les agencer en réduisant l’emprise au sol, mais sans toucher à l’intégrité des morceaux.

« Un jardin géologique, avec plein de concrétions partout »

Pour constituer la matrice principale de la grotte, plusieurs couches de béton ont été projetées sur un grillage, agrafé sur des cages d’acier. Les décors pariétaux, recréés sur des panneaux de résine, sont ensuite intégrés. A l’image des trois étonnants pingouins, appelés à devenir l’emblème de Cosquer Méditerranée. Parallèlement à cela, un enduit de modelage permet de sculpter et de patiner les parois pour recréer la topographie de la grotte, jusque dans ses moindres détails et gravures. « Les spéléophènes (stalagmites, stalactites, etc.) se posent en dernier », poursuit Laurent Delbos, qui rappelle combien « Cosquer est un jardin géologique, avec plein de concrétions partout ».

« A Lascaux et Chauvet, on a construit la réplique et le bâtiment autour, là on part d’un bâtiment déjà existant et de ses contraintes, c’est beaucoup plus compliqué », souligne Kléber Rossillon. L’escalier en spirale de la Villa Méditerranée a par exemple été détruit, pour créer la profondeur nécessaire au puits de la grotte Cosquer. Autre innovation : le parcours de visite se fera à bord d’un « module d’exploration » pouvant accueillir jusqu’à six personnes, et cheminant tout au long des 220 mètres à très lente vitesse pour avoir le temps de voir les œuvres pariétales.

« La gravure se voit si on l’éclaire comme au moment où on l’a faite, continue-t-il. Nous travaillons beaucoup sur les éclairages, tout est calculé pour un regard médian. » Henri Cosquer, le découvreur de la grotte en 1985, passe de temps à autre sur le chantier. Sa lampe va éclairer ce qu’il a appelé « la main de la découverte ». A la Ciotat, il met aussi la dernière main à la réplique de son ancien bateau de plongée, le « Cro-Magnon », qui sera amarré sur le bassin d’eau. Près de la nouvelle passerelle d’entrée à la Villa Méditerranée, pas encore visible ce vendredi mais bel et bien dans les cartons.