Vacances post-Covid : Comment l’épidémie nous a rendus avides de nature

TOUT EST CHAOS (1/4) Le coronavirus a profondément modifié la vie des Français, y compris leur façon de partir en vacances

Manon Aublanc
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Des touristes profitant d'un sentier forestier près de Larrau, le 17 mail 2020.
Des touristes profitant d'un sentier forestier près de Larrau, le 17 mail 2020. — GAIZKA IROZ / AFP
  • Après un an et demi de crise sanitaire et trois confinements, 35 millions de Français ont prévu de partir en vacances cet été.
  • Retour à la nature, « staycation », télétravail depuis un lieu de villégiature, mais aussi un budget parfois moins important qu’avant la crise… Le Covid a imposé sa marque sur nos congés.
  • « 20 Minutes » dresse le portrait des différentes tendances concernant les vacances dans un monde qui n’est pas encore celui d’après le coronavirus, mais certainement plus celui d’avant.

S’évader au grand air, en pleine nature, loin des petits appartements de métropoles, c’était le rêve de nombreux citadins pendant le confinement. Après plusieurs mois de restrictions, cet été 2021 a un goût particulier : celui de la liberté (enfin, si le variant Delta ne vient pas ruiner nos vacances).

Cette année, certains Français ont choisi de passer leurs vacances dans la nature pour profiter des grands espaces et du calme. Road trip en van, trek dans les montagnes françaises, navigation sur un voilier… Et si la crise du coronavirus, et le confinement, nous avait redonné le goût de la nature et des vacances « roots » ?

Le retour en force de la nature

L’idée de passer une semaine de vacances à Juan-les-Pins avec un passage dans la discothèque du front de mer vous donne des boutons ? Vous n’êtes pas les seuls. Les Français sont de plus en plus nombreux à délaisser les traditionnelles (et très chères) vacances sur la Côte pour s’enfoncer dans les terres, loin de la foule. Selon une étude réalisée par Ipsos pour l’Alliance France Tourisme, près de 80 % des Français comptent privilégier les activités de plein air cet été et 76 % veulent éviter les lieux fréquentés. Si les vacances à la campagne ne sont pas nouvelles, elles semblent davantage plébiscitées cette année : les séjours ruraux représentent 45 % des réservations sur Airbnb pour l’été 2021, contre 24 % pendant l’été 2019*.

« Cette tendance existait déjà, mais elle se confirme davantage cette année. Quand on parle de grands espaces, ce n’est pas forcément des endroits désertiques ou de pleine nature, où on ne rencontre personne, mais des destinations où la nature est préservée », explique Didier Arino, directeur de Protourisme, à 20 Minutes, citant le bassin d’Arcachon, les Landes ou encore les Pyrénées. Pourquoi ce besoin pressant d’air ? « Les gens ont beaucoup été en télétravail et en vase clos, il y a un besoin d’espace, de retrouver amis et famille, mais où chacun vit à son rythme », analyse-t-il.

Le van pour mixer nature et « slow tourisme »

Et quoi de mieux qu’un van ou un camping-car pour profiter de la nature et être libre de ses mouvements ? Changer de destination chaque jour, passer des vacances à son rythme, dormir où l’on veut (ou presque)… Ce mode de vacances a séduit Marine et Anthony, originaires de Clermont Ferrand, qui ont profité du confinement pour rénover un van.

« Nous avons acheté notre van, pas très grand mais suffisant pour y passer l’été, avec ce projet un peu fou de ne dépendre de personne, de se réveiller chaque matin devant un paysage différent, de découvrir la France et sa nature », explique le couple qui sillonne les routes de Corse, de Provence et des Pyrénées depuis la levée des premières restrictions en France. Et ils ne sont visiblement pas les seuls. Après les deux confinements, Blacksheep Van, l’une des entreprises française leader de la location de van aménagé, a été prise d’assaut, affichant complet en 2020 et pour l’été 2021.

Si le concept marche aussi bien, c’est que le van combine nature, liberté et tranquillité. « Depuis quelques années, et encore plus depuis l’épidémie, il y a une tendance du slow tourisme, on prend le temps de vivre, de contempler les paysages, de privilégier les rencontres et l’outdoor. Le van permet de mixer ces aspects », explique Augustin Mahieux, responsable commercial de l’entreprise. « Les gens se rendent compte que deux semaines dans les Alpes, c’est bien plus reposant et plus dépaysant que deux semaines au Club Med, ils ont besoin d’être déstimulés », ajoute-t-il.

Un sentiment qui colle parfaitement à ceux de Marine et Anthony : « Après cette période qui a été très anxiogène, nous sommes heureux de pouvoir retrouver ce goût de liberté. » On ne va pas se le cacher, en cette période de pandémie, rouler seul, sans avoir à remettre son masque pour la dixième fois, et dormir dans la nature, sans contrainte de distanciation sociale, sont des petits plus qui peuvent faire la différence.

Pour les mêmes raisons, d'autres ont choisi de prendre littéralement le large, cet été. « Il y a un vrai engouement pour la location de bateaux, c’est l’un des meilleurs moyens de s’évader, d’être libre, de découvrir la nature depuis la mer et d’être loin de la foule », note Bastien Rambert, responsable des relations presse de Click & Boat, plateforme de location de bateaux entre particuliers et via des professionnels, qui a enregistré en juin 2021 autant de réservations que sur les mois de juin 2020 et 2019 cumulés. « Parmi les tendances actuelles, on peut évoquer la volonté de naviguer plus "écolo", avec des bateaux à voile, solaires ou des péniches, qui permettent également le "slow tourisme" ».

Carton plein pour les activités de plein air

Après des semaines d’enfermement, à faire les 10.000 pas quotidiens dans la cage d’escalier, les Français ont soif d’activités liées aux grands espaces. Près de 80 % de la population qui part en vacances cet été comptent privilégier les activités de plein air, selon une étude d'Ipsos pour l’Alliance France Tourisme. « Ce besoin de nature se concrétise par le boom considérable de la pratique de la randonnée, toutes les activités nature, que ce soit le rafting ou le trail, le fait de grimper les cols mythiques du Tour de France », confirme Didier Arino, qui pointe tout de même une inquiétude associée à certaines destinations nature. « Le vacancier a peur de s’ennuyer. Les destinations qui progressent le plus sont celles où les clientèles associent nature et activités culturelles ou sportives. »

Un modèle qu’a choisi Emmanuel, la quarantaine, qui a prévu une semaine de vélo en Corse, avant un trekking de plusieurs jours dans les Alpes : « Depuis l’épidémie, je fuis de plus en plus la foule et je privilégie des vacances respectueuses de l’environnement, qui allient nature, sport et découverte d’une région. » Justement, en Corse, le GR20, le fameux sentier qui traverse l’île de Beauté, risque bien d’exploser les compteurs cet été, avec plus de 50.000 nuitées déjà réservées au 31 mai, contre 15.077 en 2020 et 28.842 en 2019. Si le sentier comporte 13 gîtes, « pour 11 euros, tente comprise, les marcheurs peuvent dormir à la belle étoile et c’est souvent ce qu’ils choisissent », a expliqué Jacques Costa, le président du Parc naturel régional (PNRC) de Corse à nos confrères des Echos

Pour les non-sportifs, la nature a tout autant à offrir du côté du patrimoine et de la gastronomie. « Le slow tourisme peut se traduire aussi par la randonnée mais avec une plus grande dimension patrimoniale, gastronomique », ajoute Didier Arino. Alors, toujours envie de faire la danse des canards au Club Med ?