Marseille : « Etre un nageur en mer, c’est pire que d'être un cycliste »... Des adeptes de la nage libre réclament plus de sécurité

NAGE L’association « Les libres nageurs » mène, lundi, une action plage des Catalans pour protéger les nageurs en eau libre dans la rade de Marseille

Caroline Delabroy
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Marseille le 6 juillet 2011 - Illustration sur la baignade, les zones de sécurité et de surveillance des baigneurs
Marseille le 6 juillet 2011 - Illustration sur la baignade, les zones de sécurité et de surveillance des baigneurs — P.MAGNIEN / 20 MINUTES
  • La natation en pleine mer plutôt qu’en piscine est une pratique qui se développe à Marseille et « mérite d’être protégée et encouragée », selon l’association Les libres nageurs.
  • Pour l’élu à la mer Hervé Menchon, la réflexion sur les différents usages est « un travail au long cours ».

Et de trois. Après les plongeons interdits dans le bassin du Mucem qu’ils rêvent rendu à la baignade, après le relais nage entre Corbières et Callelongue pour dénoncer la pollution du littoral, les « libres nageurs » se sont donné rendez-vous ce lundi plage des Catalans à Marseille pour une nouvelle action. Cette fois, l’association entend alerter sur la protection des nageurs en eau libre dans la rade de Marseille. « Quelle place a ici le nageur qui ne se contente pas de barboter », interroge ainsi Benjamin Clasen, son président.

Pour illustrer le propos, une vingtaine de fausses bouées (avec de vrais nageurs) vont provisoirement être placées de la plage à la digue des Catalans. Le parcours est prisé des amateurs de natation en pleine mer, même s’il peut réserver des frayeurs au niveau du phare vert, au bout de la digue, avec la proximité des bateaux, voire de gros ferries. « On demande des mesures simples, qui ne coûtent pas très chères et qui permettent un accès à la nage à un plus grand nombre, dans une ville où l’on connaît l’état et le manque cruel de piscines », poursuit Florence Joly.

« Des bouées avec poignées »

Les mesures en question ? L’aménagement d’un parcours aquatique public autour de la digue des Catalans, l’installation généralisée de « bouées avec poignées » pour les nageurs et « des bouées des 300 m réellement positionnées à 300 m sur toute la longueur du littoral ». « Plein de bateaux grillent les interdictions de passer, assure Benjamin Clasen, qui a fondé l’association après le premier confinement. Le fait de venir nager en mer de manière plus régulière, c’est venu là, avec la fermeture des piscines. »

Pour Florence Joly, autre membre de l’association, la nage libre est venue après une blessure à l’escalade. Son terrain favori à elle, ce sont les calanques. « C’est magique, c’est mon petit poumon vert », sourit-elle. Régulièrement, elle va y nager une heure, et a pu constater l’engouement croissant pour cette pratique, ici comme ailleurs sur le littoral marseillais. L’hiver, de plus en plus de nageurs s’équipent de combinaisons pour affronter, dans la durée, la fraîcheur de l’eau.

« L’été dernier, c’était impossible de nager dans les calanques », soupire Florence Joly. Non pas tant à cause de l’accès difficile aux calanques mais, à l’écouter, à cause de la myriade « de petites embarcations motorisées ». « C’est normal dans l’eau d’être en vigilance, mais pas dans l’hypervigilance permanente », regrette-t-elle. « Notre association a un but revendicatif », assume ainsi Florence Joly, qui émet le souhait que « tout le monde puisse travailler ensemble, dans un esprit constructif », sur le dossier du bassin du Mucem notamment. Dossier pour lequel aucune réunion n’a, selon l’association « Les libres nageurs », été encore tenue malgré les promesses de la ville de Marseille.

« C’est un travail au long cours »

« Déclencher des débats d’idées c’est une chose, mais dénoncer dans la presse des dysfonctionnements qui n’existent pas, c’est de l’activisme, pas un dialogue mené de manière construite », réagit Hervé Menchon, élu en charge de la mer et du littoral. « C’est un travail au long cours, il y a plusieurs collectivités autour de la table », justifie-t-il, avant d’assurer « soutenir à fond » la nage libre. Sur la question des bouées à 300 mètres, il explique « qu’il peut y avoir un chenal qui nécessite de modifier les zones réservées à la baignade surveillée », et qu’au-delà de cette limite « la compétence relève non plus de la ville de Marseille mais des affaires maritimes ».

Reste que pour nager en pleine mer, il faut avoir un bon niveau de natation. Après, les pratiques diffèrent. Il y a ceux qui longent les côtes, ceux qui aiment les traversées (et ne manquent pas un défi Monte-Cristo), ceux qui aiment le snorkeling, d’autres la nage sans masque ni observation de poissons, juste le plaisir du sport. Pour Florence Joly, il existe toutefois un trait d’union entre chacun : « Etre un nageur à Marseille, dénonce-t-elle, c’est pire qu’un cycliste qui va dans les rues de Marseille ».