Sécurité : Le nombre de policiers et gendarmes a-t-il baissé depuis le début du quinquennat ?
FORCES DE L'ORDRE S’appuyant sur les données de Bercy, la députée socialiste Valérie Rabault explique que le nombre de policiers et gendarmes est en diminution depuis 2017, contrairement à ce qu’affirme le chef de l’Etat
- Emmanuel Macron a assuré au Figaro que 6.214 policiers et gendarmes supplémentaires « ont déjà été recrutés » depuis le début de son mandat.
- Pour la députée socialiste Valérie Rabault, cette affirmation est fausse. S’appuyant sur les données issues de rapports budgétaires, elle estime qu’il y a 1.109 policiers et gendarmes de moins sur le terrain qu’en 2017.
- Le minisètre de l'intérieur renvoie à d'autres indicateurs.
Les effectifs de policiers et de gendarmes ont-ils baissé depuis le début du quinquennat ? C’est en tout cas ce qu’affirme la députée socialiste de Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault. Alors qu’Emmanuel Macron a soutenu dimanche au Figaro que 6.214 membres des forces de l’ordre « ont déjà été recrutés » sur les 10.000 promis, l’élue, membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a assuré à la presse qu’il y avait 1.109 agents de moins qu’à la fin de l’année 2017.
De son côté, le ministère de l'Intérieur se défend en expliquant que Valérie Rabault « joue de plusieurs artifices grossiers pour afficher » cette baisse, que Gérald Darmanin qualifie de « fake news ». Vraiment ? 20 Minutes s’est donc plongé dans les très arides et techniques « rapports annuels de performance » pour tenter d’y voir plus clair.
« Les effectifs réels d’agents »
Premier constat : les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur et par le président de la République ne concernent que les créations d’emplois qui étaient prévues entre 2018 et 2020, « hors transferts et mouvements internes ». Or, dans le courrier qu’elle a envoyé ce jeudi à Gérald Darmanin et que 20 Minutes a pu consulter, Valérie Rabault explique que le décompte opéré s’appuie « sur les effectifs réels d’agents ». « C’est la seule donnée qui affecte la vie de nos concitoyens. Il me semble que ces derniers sont en droit de savoir combien de policiers et gendarmes sont en poste. »
Pour ce faire, l’élue a comparé le nombre d’ETP (équivalents temps plein) au sein de la police et de la gendarmerie, c’est-à-dire les effectifs réellement en poste, à la fin de chaque année entre 2007 et 2020.
Entre 2012 et 2018, leur nombre a constamment augmenté, passant de 237.410 à 249.250. Mais il a ensuite chuté pour atteindre 246.090 ETP en 2020. Si le nombre de gendarmes en poste augmente toujours un peu, l’effectif de policiers ne cesse de baisser depuis deux ans.
Changement de case budgétaire
Pour expliquer cette baisse, le ministère de l’Intérieur note qu’il y a eu « un changement de programme budgétaire des 4.031 ETP des services supports (Sgami) pendant la période ». Traduction : on a mis ces effectifs de policiers et de gendarmes dans une autre case budgétaire. « Auparavant, ces fonctionnaires étaient comptabilisés dans le programme "police" et maintenant ils le sont au secrétariat général [du ministère de l’Intérieur]. Leur mission n’a pas changé et les effectifs sont toujours là », a-t-on expliqué place Beauvau.
Mais là encore, Valérie Rabault a des doutes : « A supposer que ces emplois soient affectés en totalité à la gendarmerie et à la police et qu’il faille les réintégrer en totalité, on obtiendrait une hausse des effectifs » de seulement 2.922 postes, écrit-elle à Gérald Darmanin. Une évolution qui reste « très inférieure aux 6.214 recrutements annoncés par le président de la République comme ayant été réalisés depuis 2017 ».
Un objectif difficilement atteignable
Le chef de l’Etat a aussi annoncé au Figaro l’arrivée de « 2.000 policiers et gendarmes de plus » cette année. Une affirmation « imprécise », pour la députée socialiste de Tarn-et-Garonne. Elle indique, dans un document transmis à la presse, qu’il n’y a que « 1.462 ETP supplémentaires prévus en 2021 (1.145 ETP dans la police et 317 ETP dans la gendarmerie) ». Aussi, Valérie Rabault estime « hautement improbable » que l’objectif de créations de 10.000 postes de policiers et gendarmes supplémentaires sur le quinquennat soit atteint. « Pour tenir cet objectif, 9.647 postes supplémentaires [sont] nécessaires dans le budget 2022. »