Toulouse : Oui, des écoles ont eu pour consigne de passer sous silence les classes fermées par manque de personnel

FAKE OFF La consigne envoyée à des établissements de l'académie de Toulouse, qui circule sur les réseaux sociaux, est authentique. Elle ne concerne pas les classes fermées en raison de cas de Covid-19 mais celles dont les enseignants ne sont pas remplacés

Alexis Orsini
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Des cartables dans une école (illustration).
Des cartables dans une école (illustration). — Mourad Allili / Sipa
  • Certaines fermetures de classe dues au manque d'enseignants remplaçants dans les écoles primaires sont-elles passées sous silence ?
  • Telle est la consigne qu'auraient reçu des établissements de l'académie de Toulouse, selon la capture d'écran d'un e-mail interne circulant sur Facebook.
  • Son authenticité a été confirmée à 20 Minutes par l'académie de Toulouse, qui reconnaît une formulation « maladroite ».

La décision est tombée ! Emmanuel Macron a annoncé lors d’une allocution ce mercredi une modification du calendrier scolaire pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. Mais selon une publication virale sur les réseaux sociaux, certaines écoles de Haute-Garonne seraient, quant à elles, concernées depuis plusieurs jours par une consigne plus surprenante.

« Dans l’académie de Toulouse, l’administration demande d’éviter d’écrire "aux familles que les classes sont fermées [dans le cas où] les enseignants ne sont pas remplacés" », soutient, sur sa page Facebook, le collectif enseignant des Stylos rouges. Avec, en guise de source, la capture d’écran d’un e-mail qui aurait été adressé le 25 mars par une inspectrice de l’Education nationale au personnel d’une circonscription toulousaine.


Le message de la direction des services départementaux de l’éducation nationale, reproduit dans la publication, décrit une situation « très tendue » en matière d’effectifs en raison de l’épidémie de Covid-19. Il délivre plusieurs consignes au personnel de l’éducation : ne pas « fermer » de classe, « sauf consigne de la cellule santé pour cas de Covid » – auquel cas les élèves doivent être « répartis le plus intelligemment possible dans les classes, dans le respect du protocole sanitaire » – et inviter « oralement » les familles à garder leur enfant à domicile « une journée ou deux » quand elles le peuvent.

FAKE OFF

Contactée par 20 Minutes, l’académie de Toulouse confirme l’authenticité de ce « document de travail interne à une circonscription à destination des directeurs d’école ».

Ce message s’inscrit « dans un contexte de pression croissante des conséquences de la crise sanitaire sur le remplacement. La formulation de ce courrier qui répond à une volonté d’accompagner au plus près les équipes sur le terrain dans une période compliquée est toutefois maladroite », reconnaît l’académie de Toulouse.

Alexia Seguin, co-secrétaire départementale du syndicat enseignant SNUipp-FSU 31, précise pour sa part que ce message a été jugé « extrêmement choquant » par la communauté éducative locale. « On nous demande explicitement, par écrit, de ne pas faire de vague et de taire la fermeture des classes par manque de personnel aux parents ! Rien que ce matin, une autre circonscription s’est retrouvée sans remplacement pour une classe de 43 élèves », fustige-t-elle.

Un brassage qui « fait courir un danger pour tout le monde »

La représentante du SNUipp-FSU 31, favorable au maintien de l’ouverture des écoles, déplore surtout que les consignes contradictoires reçues de la hiérarchie obligent les enseignants à contourner le protocole sanitaire en vigueur contre le Covid-19.

« Ca fait presque un an qu’on décale les horaires des récréations, d’entrée et de sortie des élèves pour éviter les brassages, et on nous demande, au mépris de ces mesures de sécurité, de continuer d’accueillir les élèves quand une classe est fermée, en les mélangeant dans celles qui restent ouvertes, ce qui fait courir un danger pour tout le monde. Il y a une grande hypocrisie du ministère de l’Education, qui ne communique que sur les fermetures de classe liées au Covid-19 mais pas sur celles fermées par manque de remplaçant », conclut Alexia Seguin.

L’académie de Toulouse, pour sa part, assure que « les services départementaux de l’éducation nationale de la Haute-Garonne sont entièrement mobilisés sur les enjeux du remplacement » et que, « depuis plusieurs mois, face à la crise sanitaire, tous les moyens en remplacement sont déployés et le département bénéficie également de moyens supplémentaires (contractuels) afin d’assurer la continuité des apprentissages ».