Strasbourg : L'Etat avait déjà accordé contrat et subvention à l'association Millî Görüs
ISLAMISME L’association Millî Görüs, au cœur d’une polémique en raison du possible financement du chantier de sa mosquée par la mairie de Strasbourg, a été plusieurs fois en relation avec les services de l’Etat
- La mairie EELV a voté le 22 mars une subvention de principe de 2,5 millions d’euros pour la construction d’une mosquée gérée par l’association Millî Görüs. Une décision que le ministre de l’Intérieur a condamné, l’association étant proche de la Turquie et non signataire de la charte de la laïcité.
- Par le passé, l’Etat a lui aussi financé cette association, mais avant qu’elle ne refuse de signer cette charte.
- Au printemps dernier, 2.500 euros lui ont été versés au titre de la solidarité aux actions associatives.
- En 2020 encore, une convention pour la Sécurité routière avait été signée, mais sans qu’elle n’ait été appliquée assure encore la préfecture.
La question du financement public de l’association d’origine turque, la Confédération islamique Millî Görüs (CIGM) Est, accusée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de promouvoir « un islam politique », est l’objet d’une polémique depuis plus d’une semaine.
Le ministre reproche à la mairie écolo de Strasbourg, qui a voté le 22 mars le « principe » d’une subvention de plus de 2,5 millions d’euros pour le chantier d’une mosquée de la CIGM, de financer une « ingérence étrangère » sur le sol français. Le ministre pointe aussi le refus de l’association de signer la charte des principes de l’islam de France, texte également non ratifié par trois autres fédérations du Conseil français du culte musulman (CFCM).
L’association a été plusieurs fois en relation avec les services de l’Etat par le passé, dont elle a obtenu contrat et subvention, a indiqué la préfecture du Bas-Rhin, confirmant des informations des quotidiens Libération et des Dernières Nouvelles d’Alsace. Une subvention préfectorale de 2.500 euros « a été accordée avant le refus » de signer cette charte, a insisté la préfecture. « L’argent est arrivé plus tard, mais la décision [a été prise] en mai 2020. Le contexte n’était pas le même. »
« Un autre contexte »
« Cette action s’est inscrite dans le mouvement national de solidarité aux actions associatives pendant la première phase de confinement, indiquait mardi à 20 Minutes la préfecture. Notre département ayant été, parmi les tout premiers, à être très durement touché. Dans un contexte aigu de crise sanitaire aux répercussions sociales considérables pendant la première vague, toutes les volontés ont donc été accueillies pour mettre en place des dispositifs d’aide alimentaire de proximité. La décision a été prise en mai 2020. Quatre autres associations cultuelles, deux protestantes, une catholique et une musulmane, ont d’ailleurs également reçu une subvention allant de 1.000 à 2.500 euros, nous précisait encore la préfecture. Ces subventions ont été payées grâce aux crédits nationaux exceptionnels reçus à l’été 2020 pour soutenir les associations portant des actions en matière d’aide alimentaire. »
Par ailleurs, « dans le cadre d’un partenariat institutionnel », une « convention » pour lutter contre l’insécurité routière dans les quartiers prioritaires strasbourgeois a été signée en 2020 avec le Conseil régional du culte musulman (CRCM), présidé par Eyup Sahin, également président de Millî Görüs Est, a indiqué à l’AFP la préfecture. La convention, mise en ligne par Libération, prévoit une rémunération de 300 euros « par session » mais la préfecture assure que ce partenariat « n’a donné lieu à aucun financement. Selon la préfecture, la CIGM a aussi pu ouvrir il y a « quelques années » une école primaire, qui fait « l’objet d’un contrôle renforcé » de la direction académique des services de l’Éducation nationale.