Coronavirus : Le plan de relance « oublie » largement les femmes, alerte une étude
INEGALITES Pour une association féministe, la relance oublie les secteurs féminisés, particulièrement touchés par la crise
Le plan de relance prévu par le gouvernement en France aurait-il un petit côté macho ? C’est ce qu’estime la Fondation des femmes, selon qui ce plan privilégie des secteurs où les femmes sont sous-représentées.
Ce rapport est financé par la région Ile-de-France et construit sur la base d’indicateurs et de données de divers observatoires déjà publiés. « Les différents plans de relance n’ont pas pris en compte les inégalités entre femmes et hommes, et risquent de les aggraver durablement. Les secteurs d’avenir, qui concentrent la majeure partie des financements de la relance, sont des secteurs fortement "masculinisés" », estiment les rapporteurs. Ainsi, les femmes n’occupent que 16 % des emplois « verts », selon la même source.
Première ligne
« Sur les 35 milliards d’euros des plans de relance sectoriels de juin 2020, seulement sept milliards sont dédiés à des emplois occupés par des femmes. Alors que les secteurs féminisés sont les plus touchés, la relance les oublie. Le décrochage des femmes est donc un risque réel et alarmant », ajoutent-ils.
La « première ligne » mobilisée contre le Covid-19 était pourtant en grande majorité féminine, rappelle l’étude en citant les infirmières (87 % de femmes), les aides-soignantes (91 %), les aides à domicile (97 %), les agents d’entretien (73 %) ou encore les caissières (76 %). Plus exposées, les femmes se retrouvent ainsi plus sujettes au burn-out que les hommes, relève la fondation.
Revalorisations
De plus, pendant le confinement du printemps 2020, 40 % des femmes ont consacré plus de quatre heures par jour aux enfants, soit le double des hommes. « Elles sont 21 % à s’être arrêtées de travailler. 70 % des femmes estiment que cette période va les pénaliser dans leur carrière », rapporte l’étude, qui regrette que le confinement n’ait pas permis un « rééquilibrage » des tâches avec les hommes.
Le recul des inégalités n’est toutefois pas inéluctable, estime l’étude. La Fondation des femmes recommande ainsi la revalorisation des salaires des métiers dits féminisés, le financement de projets de reconversion vers des filières d’avenir pour encourager l’entreprenariat féminin, la facilitation de l’accès à un service public de la petite enfance.
Au travail, l’association milite pour la mise en place de normes pour le télétravail ou encore le renforcement de la lutte contre les violences en entreprise. Enfin, elle préconise, tant dans la sphère privée que publique, d’instaurer davantage de mixité dans les instances de gouvernance.