Lyon : Le diesel interdit dans la Zone à faibles émissions d'ici 2026, plus de la moitié des véhicules concernés

ZONE A FAIBLES EMISSIONS L’exécutif de la métropole de Lyon va présenter lundi une délibération concernant l’extension de l’actuelle Zone à faibles émissions (ZFE) avec de premières mesures restrictives pour les ménages prévues dès 2022 puis d’ici à 2026

Elisa Frisullo
Une vignette Crit-Air 3
Une vignette Crit-Air 3 — Christophe Ena/AP/SIPA
  • Une délibération prévoyant l’extension de la ZFE va être présentée lundi lors du conseil métropolitain pour lutter contre la pollution.
  • Elle prévoit l’éviction de tous les véhicules dotés de la vignette Crit’Air 5 et non classés dès 2022 sur le périmètre de la ZFE, et l’éviction progressive des véhicules classés 2 et + d’ici à 2026.
  • Un sujet qui devrait faire débat au sein de l’assemblée, où l’opposition s’inquiète des conséquences de ces mesures sur la population.

Les jours des véhicules diesel sont comptés dans l’agglomération lyonnaise. Lundi, l’exécutif de la métropole doit présenter en conseil une délibération portant sur l’extension de l’actuelle Zone à faibles émissions (ZFE), qui va concerner dès 2022 les véhicules des particuliers jusqu’alors non concernés par les restrictions en vigueur.

Aujourd’hui, hormis quelques exceptions, seuls les utilitaires et poids lourds dotés d’une vignette Crit’Air 3, 4 et 5 ont l’interdiction permanente de circuler et de stationner sur le périmètre de la ZFE, soit la majeure partie des territoires de Lyon, Villeurbanne, Caluire et les secteurs de Bron et Vénissieux situés à l’intérieur du périphérique.

Les véhicules Crit’Air 2 et plus dans le viseur

La délibération qui sera soumise aux conseillers métropolitains, présentée ce vendredi par le président écologiste de la métropole Bruno Bernard, prévoit d’aller beaucoup plus loin et vite pour exclure de l’agglomération les véhicules polluants. Elle acte ainsi trois principes. Le renforcement de la ZFE, l’éviction de cette zone de tous les véhicules Crit’Air 5 dès 2022. Et « une sortie du diesel d’ici à 2026 sur la partie centrale de la ZFE », a souligné Bruno Bernard. Dès 2023 et jusqu’à la fin de son mandat, l’élu a prévu d’exclure d’une large partie de la métropole les véhicules polluants, c’est-à-dire les vieilles voitures à essence et les diesels classés Crit’Air 2, 3, 4 et 5.

Une interdiction de circuler et de stationner qui concernerait aujourd’hui plus de 70 % des véhicules en circulation, selon les chiffres du gouvernement. Au 1er janvier 2020, 76 % du parc automobile de la métropole étaient dotés d’un macaron Crit’Air 2 et plus. « Le parc automobile évolue rapidement, assure le vice-président EELV de la Métropole, Jean-Charles Kohlhaas, chargé des déplacements et intermodalités. En 2019, on comptait 46.000 Crit’Air 5 et non classés. En 2020, ils n’étaient plus que 28.000. Les Crit’Air 2 et plus représentent entre 250.000 et 300.000 véhicules sur un parc total de 600.000 », assure-t-il, comptant sur les mesures annoncées pour réduire progressivement la part des véhicules polluants.

« En annonçant l’extension de la ZFE en amont, on pense pouvoir agir sur le renouvellement naturel et les 6 à 7 % de personnes qui changent de voitures chaque année. Il faut que les gens arrêtent d’acheter du diesel, d’où le signal que nous envoyons avec cette délibération présentée lundi. » Si le cadre et les objectifs de la future ZFE sont fixés, beaucoup de points restent encore à déterminer. « Le périmètre, les critères d’application, les dérogations, les mesures d’accompagnement… On se donne l’année pour trouver, dans le cadre du débat avec les élus et les citoyens, des solutions », a précisé ce vendredi Bruno Bernard.

Un débat qui s’annonce houleux

Cette concertation d’un an, destinée « à co-construire » la future ZFE selon la métropole, doit inclure les maires de l’agglomération, la population et les organisations professionnelles. La commission nationale du débat public devrait être invitée à participer pour « garantir la neutralité de cette concertation », précise Jean-Charles Kohlhaass, convaincu que la réussite de la ZFE passera par un changement de culture. « Nous sommes devenus addicts à la voiture. Dans la métropole, 60 % des déplacements de moins de 3 km sont faits en voiture. Il faut sortir de cette addiction et accompagner les gens », souligne-t-il.

Un accompagnement des ménages dont il devrait être beaucoup question lundi lors du conseil métropolitain puis au cours de la concertation, l’opposition accusant Bruno Bernard de vouloir passer en force sur ce dossier, au détriment des ménages les plus fragiles. « Ce sont des mesures antisociales, dénonce le groupe Rassemblement de la droite, du centre et de la société civile. Elles vont imposer à plus de 300.000 propriétaires de changer leur véhicule dans un délai restreint et pour les plus modestes, qui n’auront pas la capacité financière, à renoncer à l’usage de leur voiture […] La volonté réelle est de diminuer drastiquement le nombre de voitures surtout dans l’hypercentre et d’empêcher les habitants de la périphérie de s’y rendre en voiture par une remise en cause de la liberté fondamentale d’aller et venir : " chacun chez soi", voilà le vrai credo de cette majorité ! ».

Sur ce sujet qu’il connaît bien, le groupe des Progressistes, mené par l’ancien président de la métropole David Kimelfeld (qui a créé la ZFE), prévoit de déposer un amendement. « Si nous partageons l’impérieuse nécessité de réduire la pollution, nous ne pouvons accepter une mesure qui frappera les plus modestes sans accompagnement, des agents et salariés du territoire métropolitain qui travaillent chaque jour sur le périmètre visé et qui n’ont pas nécessairement d’alternative à la voiture individuelle, s’inquiète-t-il. Notre groupe proposera donc un amendement afin que la délibération indique clairement que le renforcement de la ZFE s’accompagnera d’aides financières pour en limiter l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages. »