Coronavirus à Toulouse : Un an après le début de la crise, l'aide alimentaire d'urgence perdure à Bagatelle

SOLIDARITE Dans le quartier toulousain de Bagatelle, l’aide alimentaire mise en place par la maison de quartier perdure en raison de la hausse de la précarité, même si les bénévoles aimeraient passer de l’urgence à une réflexion sur l’autonomie alimentaire

Béatrice Colin
A la maison de quartier de Bagatelle, l'asso AlimEco réalise chaque mardi une distribution alimentaire depuis le début de la crise sanitaire.
A la maison de quartier de Bagatelle, l'asso AlimEco réalise chaque mardi une distribution alimentaire depuis le début de la crise sanitaire. — B. Colin / 20 Minutes
  • Dans les quartiers populaires de Toulouse, la crise du coronavirus a fait croître la précarité sociale.
  • La maison de quartier de Bagatelle a lancé il y a un an des colis solidaires pour aider les habitants à faire face. Une distribution qui devait être ponctuelle et perdure depuis en raison des besoins.
  • L’association AlimEco, qui gère désormais la distribution ambitionne de développer l’autonomie alimentaire du quartier de Bagatelle pour répondre à ces besoins et rendre accessible à tous le « mieux manger ».

« La précarité monte, on voit des jeunes, des gens seuls qui ont perdu leur petit job à cause de la crise du coronavirus, qui sont en fin de droits ou n’ont plus de bourse. Les demandes sont toujours plus nombreuses et les maisons de la solidarité sont assaillies », raconte Rosetta Arcuri, alors que derrière elle des bénévoles de l’association toulousaine AlimEco s’activent pour confectionner des colis à destination des habitants de Bagatelle. Il y a un peu moins d’un an, en raison du confinement, les responsables de la maison de quartier décidaient de transformer les traditionnels repas de rupture du jeûne du Ramadan en distribution de colis alimentaires.

Au début, 30 familles bénéficiaient de cette aide qui devait être limitée au seul mois du Ramadan. Aujourd’hui, elles sont plus de 80 à venir chaque mardi après-midi chercher de quoi tenir une partie de la semaine, orientées par les assistantes sociales. Mais la crise est telle que parfois certains n’hésitent pas à faire des longs trajets pour pouvoir repartir avec des conserves et autres denrées, comme ce Montalbanais qui il y a quelques jours s’est présenté de lui-même.

Prêter main-forte plutôt que de rester confinées

« Cela fait trois mois que je viens. Avant j’allais aux Restos du cœur, mais c’est plus loin et difficile d’y accéder à pied lorsqu’on est chargé. Et puis ici, ce sont des gens du quartier, bienveillants, qui ont une oreille attentive et avec qui on peut papoter », assure Estelle, une mère de cinq enfants qui peut ainsi économiser sur son budget.

Non loin d’elles, ce sont aussi des mères de famille qui composent les colis. Bénéficiaires du dispositif, elles en sont aussi les bénévoles et ne cachent pas leur joie de se rendre utile de prêter main-forte plutôt que de rester confinées chez elles. « C’est une aide mise en place par les habitants, pour les habitants, on leur propose de participer, ce n’est pas juste une distribution », plaide Christine Delacroix, la présidente de la maison de quartier qui a lancé le projet avant que l’association AlimEco soit créée pour prendre le relais.

L’idée de départ a nécessité de mobiliser pour avoir les autorisations de l’Etat, mais aussi de trouver des partenariats avec les autres associations telles que la Banque alimentaire ou encore le Secours Catholique qui paye la facture d’une tonne de nourritures chaque semaine. Tout le monde a mis la main à la pâte.

Poulaillers, cueillette

Mais l’objectif à terme de l’association est aussi de porter une réflexion sur le « mieux manger » dans le quartier et de l’orienter vers une autonomie alimentaire. « AlimEco n’est pas que tourné vers la distribution alimentaire, même si pour l’instant c’est l’urgence à traiter. Nous voulons mobiliser sur la meilleure façon de protéger l’environnement, c’est pour cela que notre objectif est de supprimer les sacs en plastique. Un projet de sacs fabriqués dans les ateliers du centre social est en cours, c’est une première étape », explique Hélène, l’une des 80 bénévoles de l’association.

Les idées ne manquent pas pour faire avancer les choses, même si le confinement limite encore les possibilités. « Nous réfléchissons à amplifier le nombre de jardins partagés, à la mise en place de poulaillers, à des produits en vrac pas chers ou encore à des cueillettes et du glanage. C’est un projet sur le long terme qui répondra à des besoins qui sont déjà là », conclut Rosetta Arcuri.