Coronavirus : Une école oblige-t-elle ses élèves à utiliser des jetons pour ôter leur masque ?
FAKE OFF Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux démontrerait qu’une école oblige ses élèves de primaire à utiliser des jetons pour retirer leur masque brièvement
- Sur plusieurs sites comme sur les réseaux sociaux, des internautes s’inquiètent d’une dérive dans les mesures sanitaires contre le Covid-19.
- A en croire le témoignage vidéo d’un enfant, une école obligerait en effet ses élèves à utiliser des jetons (au nombre de trois par jour) pour pouvoir enlever leur masque brièvement.
- L’établissement assure que ce système existait avant l’entrée en vigueur du masque à l’école et visait à réguler les passages des enfants aux toilettes. 20 Minutes fait le point avec sa direction et avec la mère de l’élève concerné.
« LA LIBERTÉ VAUT TROIS JETONS », « coronafolie : les jetons pour respirer à l’école », « maltraitance à l’école : un système de jetons pour respirer »…
Sur les réseaux sociaux comme sur certains sites, des internautes s’alarment d’une mesure qui aurait été mise en place auprès d’élèves de primaire : pour respirer quelques instants sans leur masque anti-Covid-19, ces derniers devraient utiliser l’un des trois jetons mis à leur disposition chaque jour par l’établissement.
« On a des jetons comme ça, en triangle, trois par jour. Par exemple, si j’ai envie de faire pipi, j’utilise un jeton. Si je veux enlever mon masque ou m’aérer dehors, j’en utilise un autre. […] Si tout ça je le fais [trois fois] pendant la matinée, je ne peux plus le faire l’après-midi », explique un petit garçon à sa mère dans la vidéo relayée sur chacune de ces pages, en précisant n’avoir jamais osé demander – comme ses camarades – à aller aux toilettes ou à retirer son masque au-delà de ces trois permissions.
FAKE OFF
Si la vidéo en question connaît un regain de visibilité ces derniers jours, elle avait initialement été postée fin novembre dans un groupe Facebook privé, peu après que les masques sont devenus obligatoires pour les élèves de primaire, comme le confirme à 20 Minutes Roxane, la mère du petit garçon : « Un jour, à l’heure du goûter, mon fils regardait des vidéos sur le téléphone de mon mari et il m’a dit : " tu sais maman, moi, aujourd’hui les jetons…", et je lui ai demandé de quoi il parlait. Il a commencé à dessiner ces " jetons triangles " et à m’expliquer de quoi il s’agissait. Donc je lui ai dit : " attends deux secondes ", et j’ai commencé à le filmer. »
« Dans la vidéo – plus longue que celle que j’ai mise en ligne dans le groupe de parents inquiets pour leurs enfants que j’ai créé –, il expliquait aussi que quand leur masque tombe, les enfants perdent des " lingots ", et quand ils le portent bien, ils ont droit à des lingots en plus, un peu comme des bons points », poursuit la mère de famille.
« On met ces lingots, qui sont en fait des haricots blancs, dans notre boîte, nous précise son fils, âgé de 8 ans. On en a 10 et dès qu’on fait un truc pas bien, on en perd. Par exemple, si on met le masque en dessous du nez, la maîtresse nous enlève 3 lingots »,
« Ce système régulant les passages aux toilettes existait avant que le port du masque ne devienne obligatoire »
Jointe par 20 Minutes, la directrice de l’école privée concernée explique que « ce système de jetons, répandu dans l’établissement, existait avant que le port du masque n’y devienne obligatoire ». « Il permettait d’éviter que tous les élèves ne sortent en même temps pour aller aux toilettes ou y papoter, puisqu’on ne peut pas les surveiller à ce moment-là. Mais s’ils ont absolument besoin d’aller plusieurs fois aux toilettes, ils peuvent évidemment y aller et ils sont libres de s’y rendre pendant la récréation », ajoute-t-elle, alors qu’une école belge avait mis en place un système identique en 2018.
La directrice poursuit : « Ce système de rotation pour aller aux toilettes a toujours été en place mais, depuis la première semaine de novembre et l’instauration du port du masque dans l’école, certains enfants ont commencé à demander à retirer leur masque. Donc pour éviter qu’ils ne le fassent dans la classe, on leur a proposé d’utiliser le jeton pour aller l’enlever dehors, seul. » De son côté, le petit garçon assure qu’avant l’instauration du système de jetons, les élèves pouvaient aller aux toilettes simplement en levant la main. Il dit aussi qu’il éprouve le besoin d’aller ôter son masque car il « étouffe » lorsqu’il le porte.
« Avec mon mari, qui est docteur en biologie et a fait sa thèse sur les maladies infectieuses, nous sommes allés voir la maîtresse le jour où le masque a été imposé à l’école, reprend Roxane. Nous n’y avons pas mis notre fils pendant plusieurs jours en signe de protestation. Nous avons envoyé un courrier à la directrice pour lui demander d’accepter notre enfant sans masque car c’est un nid à microbes et qu’il faudrait mettre des FFP2 pour assurer une vraie protection. Mais la directrice et la maîtresse n’ont fait que répéter qu’elles appliquaient les directives nationales », détaille la mère de famille, qui fait partie d’Enfance et libertés, groupement réunissant de nombreux collectifs de parents inquiets pour leurs enfants – et qui s’est notamment fait le relais des explications de son fils et d’une autre séquence compilant les témoignages d’autres élèves, recueillis par ses soins.
La directrice de l’école, elle, déplore les réticences de certains parents d’élèves depuis la mise en place du protocole sanitaire national : « J’ai commencé à recevoir des mails d’un groupe de parents contre le port du masque à l’école, et ils ne font que continuer à nuire à l’établissement. Ce groupe minoritaire – qui vient chercher ses enfants aux abords de l’établissement sans masque malgré l’arrêté préfectoral obligeant à le porter, ce qui a notamment entraîné une intervention des gendarmes – estime que l’établissement devrait passer outre le port du masque. Les élèves qui disent avoir mal à la tête ou être fatigués à cause du masque sont uniquement ceux de ces parents-là, les autres ne s’en plaignent jamais. »