Confinement à Nantes : Après trois mois de cours à distance, des étudiants « soulagés » de retrouver l’université
UNIVERSITE Ce lundi matin, des étudiants de L1 ont commencé à revenir, au compte-goutte, sur le campus universitaire nantais
- Une partie des étudiants inscrits en première année font leur retour dans les universités depuis ce lundi.
- Reportage sur le campus du Tertre à Nantes, avec des étudiants «stressés mais soulagés» de pouvoir retrouver certains de leurs professeurs et camarades de promo.
« C’était comme une nouvelle rentrée. Il y a même certaines têtes que j’avais oubliées… » Après près de trois mois de cours à distance, pas facile pour Johan de retrouver ses marques. Ce lundi, comme une petite partie des étudiants de L1 partout en France, ce jeune Nantais a pu reprendre le chemin du campus universitaire. Après une session de foot « masquée », l’étudiant en Staps a retrouvé son prof d’anglais qu’il n’avait, jusque-là, quasiment jamais vu autrement qu’à travers un écran. « C’est beaucoup mieux d’être ici pour la concentration, estime le jeune homme, qui patiente devant la cafétéria. Honnêtement, je pensais qu’on n’allait jamais pouvoir revenir… Donc même si ce n’est qu’une semaine sur deux, c’est toujours mieux que de rester chez soi. »
Alors que la détresse étudiante s’est largement exprimée ces dernières semaines, voilà l’état d’esprit qui règne chez les jeunes gens rencontrés sur le campus, encore très clairsemé, ce midi. Après « des petits coups de déprime et parfois l’envie de tout laisser tomber », Jade est « vraiment super contente » d’avoir retrouvé ses amis de psycho, même si une partie manque à l’appel ce lundi. « Certains n’ont plus d’appart' et sont restés chez leurs parents pour des raisons d’organisation, avance Cyril, 18 ans, lui aussi étudiant en psychologie. Mais d’autres ont carrément décroché. Dans le groupe, il y en avait un très motivé au début, mais il a complètement disparu… »
Plus de la moitié du temps encore en distanciel
Pour cette reprise, justement censée permettre de remobiliser les étudiants dits « fragiles » comme ceux de première année, le protocole sanitaire impose des cours en demi-jauge, pour les TD uniquement (des groupes d’une quinzaine environ), soit plus de la moitié de l’emploi du temps encore en distanciel. Si les grandes salles, voire amphis, ont été mobilisés pour permettre aux élèves de respecter les distances, certains petits bugs remontent déjà. « On a un cours en présentiel qui termine à 18h, horaire auquel commence un autre TD… à distance !, raconte un petit groupe. On voit mal comment on pourra être chez nous pour le suivre, surtout qu’il faut rajouter le couvre-feu ! »
Caroline, étudiante en droit qui vient régulièrement réviser à la BU, n’a pas encore ce type de souci. Car la jeune femme raconte n’avoir eu « aucune info » sur cette nouvelle organisation. « On travaille d’arrache-pied pour que tous les étudiants de L1 [environ 9.600] de toutes les composantes puissent vite revenir, dans les prochains jours au plus tard, indique Arnaud Guével, vice-président Formation. Mais on réclame aussi au gouvernement que ça aille plus loin. Nos 38.000 étudiants sont aujourd’hui en difficulté, il est urgent que tous puissent de nouveau être accueillis. »
« J’espère que ça va durer »
Pour Ghazaleh, croisée devant le Pôle étudiant, c’était en effet une nécessité. Cette Iranienne de 27 ans, étudiante en langue française, était arrivée en France depuis un mois seulement quand le confinement a été décidé. « Je n’ai aucune famille ici, juste quelques copines. Et la situation a été très difficile, explique-t-elle calmement. J’ai été tentée de rentrer dans mon pays mais il y avait un trop grand risque que je ne puisse plus revenir, donc j’ai préféré attendre, toute la journée, derrière mon ordinateur. » Heureusement, les cours ont aussi pu reprendre pour elle en face-à-face depuis ce lundi matin. « Je suis soulagée mais stressée », sourit celle qui ne cache pas sa crainte d’un « nouveau confinement ».
Une reprise progressive
Pour le deuxième semestre, un étudiant aura « le droit d’avoir 20 % de son temps en présentiel, soit un jour sur cinq », et ce, en respectant une jauge maximale de 20 %, a récemment indiqué Emmanuel Macron. Ce sera à chaque université de décider le nombre d’étudiants qui pourront venir en cours, en fonction des effectifs de chaque filière.