Coronavirus : « Une seule mesure pour 2,7 millions d’étudiants, c’est insuffisant », juge Paul Mayaux, président de la Fage
INTERVIEW Paul Mayaux, président de la Fage, le premier syndicat étudiant, attendait l’annonce de mesures financières et sociales lors de la conférence de Jean Castex
- Les étudiants de première année à l’université pourront reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier, a annoncé ce jeudi Jean Castex.
- Cette mesure s’étendra ensuite, « si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux », a ajouté le Premier ministre.
- Mais pour Paul Mayaux, président de la Fage, le premier syndicat étudiant, le compte n’y est pas.
Apporter une première réponse à la détresse étudiante. Ceux de première année à l’université pourront reprendre par demi-groupes les travaux dirigés en présentiel à partir du 25 janvier, a annoncé jeudi Jean Castex. Cette mesure s’étendra ensuite, « si la situation sanitaire le permet, aux étudiants des autres niveaux », a ajouté le Premier ministre, en exprimant la « préoccupation » du gouvernement face au « profond sentiment d’isolement, mais aussi les vraies difficultés pédagogiques » des étudiants.
Jean Castex a indiqué qu’il recevrait dès vendredi matin la communauté universitaire et les organisations syndicales étudiantes aux côtés de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, « pour préciser les conditions de ce retour progressif en présentiel ». Mais pour Paul Mayaux, président de la Fage, le premier syndicat étudiant, le compte n’y est pas.
Le retour des TD en présentiel pour les étudiants de 1re année est-il le pas que vous attendiez envers les étudiants ?
Une seule mesure annoncée pour 2,7 millions d’étudiants, alors que leur mal-être est de plus en plus criant, c’est très insuffisant. Beaucoup nous ont contactés pour faire part de leur déception. Les organisations étudiantes vont rencontrer la ministre de l’Enseignement supérieur ce vendredi. Si aucune autre mesure sociale et financière n’est annoncée ce vendredi, il y aura un point de non-retour entre le gouvernement et les jeunes.
Une simple considération médiatique des étudiants ne suffit plus à calmer leur détresse, qui monte de jour en jour. Par ailleurs, la mise en place de demi-groupes pour les TD est très compliquée à organiser dans certaines filières, comme en santé, étant donné le nombre d’étudiants.
Jean Castex a émis comme condition à la reprise des TD en présentiel pour les autres niveaux l’amélioration de la situation sanitaire. Les étudiants ne risquent-ils pas d’être déçus ?
Il existe un gros risque de désillusion. Car ils n’ont aucune assurance que la situation sanitaire s’améliore. Or, les étudiants handicapés ou ceux qui sont au bord du décrochage ont un besoin urgent de revenir en cours. Le fait de les laisser livrés à eux-mêmes plus longtemps va être problématique.
Quelles mesures sociales espériez-vous ?
Une revalorisation des bourses étudiantes pour prendre en compte les difficultés croissantes de celles et ceux privés de job étudiant. Et le remboursement de consultations psychologiques. Car on compte un psychologue pour 30.000 étudiants en France, alors que la recommandation internationale est d’un pour 1.500. L’embauche de nouveaux psychologues prévue par Frédérique Vidal prendra du temps et leur nombre restera insuffisant.
Qu’attendez-vous ses protocoles pour prévenir le brassage des étudiants et garantir les règles de distanciation ?
Qu’ils prévoient de mettre à disposition des étudiants du gel et des masques. Par ailleurs, Jean Castex a déclaré que les étudiants devront éviter de rester sur site pour la pause midi. Mais cela ne nous semble pas une bonne idée. Car que feront-ils s’il neige ou s’il pleut ? Ils ne peuvent pas s’entasser dans des voitures ou rester dehors. Il faut réouvrir les restos U avec une capacité d’accueil limitée.