Loi « sécurité globale » : Oui, BFMTV a bien dit qu’un manifestant ensanglanté était « maquillé », avant de reconnaître son erreur
FAKE OFF Une affirmation de la chaîne lancée pendant la manifestation parisienne du 12 décembre lui vaut de vives critiques

- BFMTV a-t-elle été prise en flagrant délit de « désinformation » ?
- C'est ce qu'affirment de nombreux internautes, lui reprochant d'avoir affirmé qu'un manifestant ensanglanté, visible sur ses images du cortège parisien, samedi 12 décembre, était en réalité « maquillé ».
- La chaîne d'info en continu a cependant reconnu quelques heures plus tard que l'homme avait bien été blessé par la police, en évoquant une « information erronée » et en présentant ses excuses.
« BFMTV pris en flagrant délit de fake news [en] affirmant que la blessure d’un homme […] est du maquillage alors que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’homme se faire mattraquer », « La palme de la désinformation indécente du jour revient à BFM où l’on ose prétendre que cet homme sauvagement matraqué alors qu’il jouait de la musique s’est maquillé… La honte »
Samedi 12 décembre, en fin d’après-midi, les multiples arrestations opérées par la police au sein de la manifestation parisienne contre la loi « sécurité globale » n’étaient pas le seul sujet d’indignation de certains internautes sur Twitter. Plusieurs s'offusquaient en effet de voir la chaîne d’info en continu affirmer, vers 15h30, qu’un homme filmé en direct avec le visage ensanglanté, alors qu’il jouait du tambour au sein du cortège, n’était pas vraiment blessé.
«C’est du maquillage»
— Marcelo Guevara (@Aiphan2022) December 12, 2020
La palme de la désinformation indécente du jour revient à BFM où l’on ose prétendre que cet homme sauvagement matraqué alors qu’il jouait de la musique s’est maquillé...
La honte 🔥#StopLoiSecuriteGlobale #Paris #marchesdeslibertes pic.twitter.com/NnrzjwK5p3
Quelques minutes après que l’un des journalistes en plateau a dans un premier temps affirmé prudemment « On ne sait pas ce qui s’est passé, il faut rester prudent », sa collègue ajoutait : « C’est du maquillage, on vous rassure. Pour l’instant, pas de blessés ».
Or, d’autres vidéos filmées cet après-midi-là et diffusées sur les réseaux sociaux montrent bien que l’homme a été blessé par la police… comme l’a bien relayé après coup BFMTV, en reconnaissant son erreur – un mea culpa qui semble cependant avoir échappé à plusieurs internautes.
FAKE OFF
Les images filmées par le journaliste de Brut, Rémy Buisine, pendant son direct vidéo, montrent précisément le moment où le joueur de tambour reçoit des coups au visage. Il lui confirmait un peu plus tard – une fois le sang essuyé de son front – avoir été blessé par une matraque, comme on peut le voir ci-dessous.
Lors d’une charge policière, un manifestant avec un tambour est blessé par un coup de matraque au visage visible sur mes images (durant mon direct sur @brutofficiel).
— Remy Buisine (@RemyBuisine) December 12, 2020
Il finira le visage en sang et des points de sutures sur sa blessure. pic.twitter.com/4cTeIyLEci
Vers 18h30, soit quelques heures après avoir parlé de « maquillage », BFMTV a reconnu, en direct comme sur les réseaux sociaux, s’être trompé : « Au cours de la manifestation ce samedi à Paris, BFMTV a diffusé en direct les images d’un manifestant le visage en sang. Il a été évoqué qu’il s’agissait de maquillage en raison d’une information erronée. Il n’en était rien : cet homme a bien été frappé par des policiers. »
Au cours de la manifestation ce samedi à Paris, BFMTV a diffusé en direct les images d’un manifestant le visage en sang. Il a été évoqué qu'il s’agissait de maquillage en raison d’une information erronée. Il n’en était rien: cet homme a bien été frappé par des policiers. pic.twitter.com/4IuRBeJOn4
— BFMTV (@BFMTV) December 12, 2020
La chaîne, en plus de présenter ses excuses, arecueilli le témoignage du manifestant en question, Morgan, qui lui a ainsi expliqué : « J’étais en train de jouer quand c’est arrivé. Quand ils ont chargé, forcément, j’ai reculé, j’étais en posture de défense, on va dire, mais ça a pas suffi […]. Ils auraient très bien pu faire autre chose mais ils ont tapé quand même. C’est du défoulement, quoi. »
A l’issue de la manifestation, qui a rassemblé 10.000 manifestants selon ses organisateurs, plusieurs associations et syndicats ont dénoncé des « arrestations arbitraires » parmi les près de 150 interpellations annoncées par les forces de l’ordre.