À Marseille, un centre d'isolement pour les précaires malades du Covid-19

ÉPIDÉMIE La ministre du logement Emmanuelle Wargon est venue visiter la structure ce jeudi, qui héberge 24 malades

Clara Martot
La ministre du logement Emmanuelle Wargon à Marseille.
La ministre du logement Emmanuelle Wargon à Marseille. — C. Martot
  • La ministre du logement Emmanuelle Wargon a visité un centre d’isolement pour malades du Covid-19 à Marseille.
  • Ce centre est dédié, en premier lieu, aux malades isolés identifiés comme sans domicile.
  • 24 personnes y sont accueillies actuellement.

Les chambres ont été montées en toute discrétion au mois de mars. Jusqu’à ce jeudi, l’adresse du lieu marseillais était gardée secrète. « Nous avons peu communiqué sur ce centre et sa localisation, par peur de créer des stigmatisations » glisse une représentante de la préfecture devant la façade de l’immeuble. À l’intérieur, la ministre du logement Emmanuelle Wargon échange avec le personnel de l’Ampil (Association méditerranéenne pour l’insertion par le logement), structure en charge de l’établissement. « Pour cause de raisons sanitaires », nous explique-t-on, seuls deux journalistes sont accrédités pour cette visite ministérielle. Les autres sont invités à patienter dehors et l’adresse, située dans le centre-ville, est donnée au dernier moment.

Actuellement, le centre d’isolement géré par l’Ampil accueille 24 patients marseillais malades du Covid-19. « Ce centre s’adresse en premier lieu aux malades identifiés comme sans domicile et rencontrant donc des difficultés à s’isoler » explique la ministre Emmanuelle Wargon, en chemin vers le véhicule qui l’attend pour repartir. Elle ajoute : « finalement, il se trouve qu’il n’y a pas tant de personnes que cela qui manifeste ce besoin, donc le bâtiment accueille également une trentaine de places d’hébergement classique. Cette division peut être réévaluée si le contexte évolue. »

18 malades d’un coup

À défaut d’avoir pu rencontrer le personnel lors de la visite, 20 Minutes a pu échanger par téléphone avec la responsable du centre d’hébergement, Lolita Djaadi. Selon elle, « l’isolement se déroule bien mais le rythme est intense depuis trois semaines. C’était exceptionnel, mais récemment nous avons dû refuser des gens par faute de places. » Selon la préfecture, les malades placés à l’isolement sont identifiés « par l’un des acteurs de la chaîne de suivi sanitaire ». De l’intérieur, Lolita Djaadi livre davantage de détails sur le parcours et la sélection des malades.

Lors de la première vague et cet été, l’Ampil accueillait surtout des individus identifiés lors de maraudes dans la rue. Mais depuis début novembre, « nous sommes directement sollicités par d’autres centres d’hébergement, qui n’arrivent pas à isoler les personnes malades accueillies chez eux. Les centres nous appellent donc en urgence après réalisation de dépistages massifs, et ils nous envoient les malades par groupe. Il y a deux semaines, nous avons par exemple reçu 18 personnes d’un coup », explique-t-elle.

Les malades arrivant au centre d’isolement ont droit à une heure de sortie quotidienne par jour. Le reste du temps, ils doivent rester dans la chambre, et les déplacements au sein de l’immeuble s’effectuent par des couloirs et escaliers réservés. Deux fois par jour, une infirmière vient vérifier la température, la tension ainsi que la saturation en oxygène du malade. Un médecin référant est en charge du suivi de tous les patients isolés sur le site.

Peu adapté aux familles

Si les chambres d’isolement de l’Ampil sont le plus souvent occupées par « des personnes isolées », Lolita Djaadi explique avoir déjà pu accueillir quelques familles. « Mais cela implique d’avoir assez de chambres pour séparer la famille en deux, pour que les membres contaminés de la famille ne se mélangent pas aux autres. Pour les familles monoparentales, le dispositif est donc peu adapté car les enfants ne sont pas en mesure d’être dans une chambre en autonomie », déroule-t-elle.

La ministre du logement Emmanuelle Wargon, estime, elle, que le problème n’est pas d’ordre logistique. Selon elle, « il est possible d’accueillir des familles au centre d’isolement, mais cela exige le consentement de la famille en question, ce qui n’est pas chose systématique. » Dans son allocution télévisée mardi soir, le président Emmanuel Macron a exprimé son souhait de développer les possibilités d'isolement des personnes contaminées, « y compris de manière contraignante. » Mais pour le moment à Marseille, les places libérées par l’Ampil sont les seules disponibles pour l’isolement des personnes précaires.