Coronavirus : « J’ai accueilli un chaton », « j’ai investi dans un piano »… Comment ils gardent le moral en ces temps difficiles
FEEL GOOD Les temps sont durs, mais certains d’entre nous ont des ressources insoupçonnées pour garder le sourire
- Entre la crise sanitaire, la tempête Alex et les sombres perspectives économiques, il a de quoi broyer du noir en ce moment.
- Mais nos lecteurs ont leurs solutions pour garder la tête en dehors de l’eau.
- Se consacrer à ses passions, s’occuper de son animal de compagnie, avoir des attentions pour les autres ou prier… peut redonner le sourire.
Le rebond de l’épidémie du coronavirus, les nouvelles restrictions annoncées par le gouvernement, la vie sociale qui s’amoindrit, les ravages de la tempête Alex, le sale temps, les perspectives économiques tendues pour la France… Des raisons de déprimer, il y en a plein en ce moment. Mais hors de question de se laisser aller sur son canapé. Même si nous ne sommes pas tous égaux face au risque de broyer du noir, comme le souligne la psychothérapeute Catherine Aimelet-Perissol, coauteure de Ma bible des émotions* : « Les personnes les plus fragiles émotionnellement, psychiquement ou en termes de santé sont plus perméables aux informations extérieures. Celles qui ont une vie intérieure plus active, qui ont une passion ou qui sont focalisées sur leur vie familiale seront moins touchées par l’emballement émotionnel. »
Pour éviter de se mettre la rate au court-bouillon, certains de nos lecteurs, comme Enzi, ont décidé de se protéger des mauvaises nouvelles : « J’évite de regarder ou de lire les médias », a-t-il répondu dans notre appel à témoins. Car l’information peut être anxiogène en ce moment. Idem pour Thyphany : « Je ne regarde pas les informations ni les émissions. Je regarde surtout des films et des séries sans avoir des pubs ». Jérôme, lui aussi, sélectionne soigneusement ce qu’il regarde : « En ce moment, c’est Friends, la série antidépresseur… »
« Je souris tout le temps. Car le sourire engendre le sourire »
Rester de bonne humeur malgré le contexte est comme une sorte de gymnastique quotidienne pour d’autres : « Je souris tout le temps. Car le sourire engendre le sourire. Ça peut embellir la journée de quelqu’un. Et si j’ai une journée grise mine, j’écoute de la musique, je dessine, je prends une douche bien chaude et ça va mieux. Je suis d’un naturel jovial à la base donc ça doit aider », confie Tiphanye. Mathilde, elle, a décidé de positiver cette période coûte que coûte : « Ralentir le rythme effréné du quotidien, enfin, prendre le temps de vivre. Me remettre à lire, à écrire. Faire du tri. Faire du sport régulièrement. » Même état d’esprit chez Yves : « J’ai le moral, du simple fait d’avoir moins de relations non choisies avec des individus peu agréables, et de ne voir que celles et ceux que j’aime bien. Je profite du temps libre pour lire, écrire. » Et la philosophie du Carpe diem fonctionne : « Je vis un jour après l’autre dans cette période de grande incertitude ! » explique Natacha. « Le positivisme à tous crins peut être une bombe à retardement. Mais porter son attention sur les activités qui sont possibles, malgré les restrictions dues au Covid-19, en ne focalisant pas sur le monde d’avant, est forcément salvateur », commente Catherine Aimelet-Perissol.
A chacun ses activités qui lui font du bien. « Un peu de jardinage, un peu de mécanique au garage, un peu de sexe, de la bonne bouffe avec du bon vin, la vie quoi », énumère Fredo. « Se consacrer encore plus intensément à ses loisirs préférés permet de faire croître la passion et le plaisir qui en découle », analyse Catherine Aimelet-Perissol.
« J’écoute Indochine en boucle »
Le sport est une valeur refuge pour beaucoup : « Je prends mon vélo pour aller quelques kilomètres plus loin faire un peu de running. A la fois, je me sens désolée pour tous les gens que je croise et qui ont leur masque, mais ça me permet de prendre l’air, et faire du sport dans la nature me fait beaucoup de bien », indique ainsi Séverine. « Les activités qui engagent le corps sont un facteur d’équilibre et de régulation d’émotions », observe Catherine Aimelet-Perissol. Pour Isabelle, c’est la danse, même si en raison de l’épidémie de coronavirus, elle s’exerce en solo chez elle : « Ne pouvant pas aller danser en discothèque cet été, je cherchais des vidéos de chorées géniales et je suis tombée sur ON. Je suis restée scotchée et je suis désormais fan de BTS, dont les messages positifs me font le plus grand bien en plus de me permettre de danser chez moi comme jamais. »
Pour Alain, c’est la musique qui adoucit les mœurs : « J’écoute Indochine en boucle », confie-t-il. Partager de jolis textes qui emmènent ailleurs, comme le fait Cesare, est aussi un exutoire : « Je lis à haute voix des choses sympathiques à un ou plusieurs amis, en enregistrant par exemple un fichier MP3 avec une poésie en toute légèreté…. Je le fais, j’aime et mes amis aiment ça aussi. » Quant à Aurélie, son remède antidéprime, c’est de se chouchouter : « Des étirements doux, un soin du visage, me préparer un bon petit plat… Peu importe l’action, ça me motive pour la suite ! »
« Même la tempête Alex est moins impressionnante que les progrès de mon garçon »
Et la crise sanitaire a fait émerger de nouvelles passions : « J’ai investi dans un piano et ai repris des cours particuliers après vingt ans d’arrêt, je travaille mes partitions au moins 2 heures par jour… J’ai également sorti du placard mon robot de cuisine et je concocte des bons petits plats et des pâtisseries pour ma famille. Ces nouvelles activités m’occupent beaucoup et me permettent de me retrouver et de m’exprimer. Je ne me suis jamais sentie aussi bien et je profite davantage du temps », confie Julie.
Une autre solution, c’est de penser aux autres pour ne plus trop focaliser sur son nombril. Comme le fait Viviane : « J’envoie des dessins, des collages, des petites pensées douceurs très régulièrement aux personnes que je connais pour leur dire "je pense à vous" et les faire sourire. » Pour Clara, le fait de se concentrer sur les progrès son fils procure un réel apaisement : « Depuis plusieurs jours, je le regarde faire ses premiers pas… Le début de son autonomie se fait sous mes yeux. Dans ces moments-là, mon moral est toujours au top ! Même la tempête Alex est moins impressionnante que ses progrès… ». « Je me concentre sur ma famille. Voir mes enfants heureux, c’est le principal », indique Mélodie. « On a pu observer, lors du confinement, les ravages de la solitude, notamment chez les personnes âgées. Entretenir des liens, même quand les contacts physiques ne sont pas possibles, permet de s’extraire de soi-même et de donner », souligne Catherine Aimelet-Perissol.
« C’est fou comme le ronron d’un chat est apaisant ! »
Les animaux de compagnie peuvent aussi permettre de garder le sourire. Ce dont témoigne Corinne : « J’ai accueilli un chaton un mois après la fin du confinement et comme je suis en 100 % télétravail, cela me fait du bien de prendre des pauses loin de mon écran et de prendre mon chat sur les genoux. C’est fou comme son ronron est apaisant ! » « Le contact avec un animal, le fait qu’il donne des signes d’attachement à son propriétaire et que ce dernier se sente responsable de son bien-être est source de grande satisfaction », relève Catherine Aimelet-Perissol.
La religion est aussi un refuge pour certains de nos lecteurs, comme Mychelle : « Je lis ma Bible chaque matin. Cela m’apaise beaucoup et m’aide à garder un point de vue positif sur l’avenir. Si vous comblez votre besoin de spiritualité, tout le reste s’organise tranquillement et votre moral est boosté. La prière apaise l’anxiété ». Catherine Aimelet-Perissol le constate aussi chez certains de ses patients : « Dans les périodes d’incertitudes, le rapport à la spiritualité est plus présent. Et le fait d’avoir davantage le temps de prier en cette période où la vie sociale est plus réduite apporte un équilibre aux croyants ». Et les aide à se projeter dans des lendemains qui chantent.
*Ma bible des émotions, Aurore Aimelet et Catherine Aimelet-Périssol, Leduc, 23 euros.