Coronavirus : Les tests salivaires d’EasyCov jugés fiables par le CHU de Montpellier et pourtant toujours pas utilisés
DEPISTAGE Le centre hospitalier de Montpellier mène depuis la mi-septembre une étude d’envergure dont les résultats semblent probants. Les résultats ont été transmis aux autorités de santé françaises qui n’ont toujours pas donné leur feu vert, à ce jour, aux tests salivaires
- Le consortium montpelliérain a mis au point un test salivaire. S’il bénéficie de la norme CE, il n’a toujours pas obtenu le feu vert des autorités de santé en France.
- Pourtant, selon le CHU de Montpellier qui a réalisé une étude d’envergure auprès des patients venus à son drive, les résultats sont fiables. Les autorités de santé sont désormais appelées à se prononcer.
- Face à la progression rapide du virus, les biologistes et les professionnels de santé réclament des tests fiables et plus rapides afin d’éviter l’engorgement.
Chaque semaine, un nombre de personnes toujours plus important se rend dans un des drives de Montpellier pour un dépistage du Covid-19. Au 2 octobre, plus de 120.000 tests avaient été effectués en une semaine en Occitanie (avec un taux de positivité de 7,8 %), selon l’ARS.
Tous ces tests ont été pratiqués de la même façon : à l’aide d’écouvillons. Ces prélèvements rhino-pharyngés désagréables ont l’inconvénient de prendre plusieurs jours avant de rendre leur verdict, une fois effectuées les manipulations en laboratoire.
Non reconnus par les autorités de santé
Les tests salivaires, moins lourds, ne sont pourtant pas utilisés en France. Pourtant, le test EasyCov, mis au point par un consortium montpelliérain en collaboration avec le CNRS, bénéficie de la norme CE. Ils donnent, selon le CHU de Montpellier, « des résultats fiables », en 40 minutes. Mails ils ne sont, à ce jour, pas reconnus par le Haut Conseil de la santé publique.
« Nous avons lancé des premiers essais cliniques au printemps avec le concours du CHU de Montpellier, souligne Alexandra Prieux, présidente de SkillCell, l’une des entreprises du consortium. Les premiers résultats étaient intéressants mais le nombre de patients et les conditions du test n’étaient pas optimaux. A la demande des autorités de santé, nous avons donc complété ces résultats. »
Gain de temps considérable
Depuis un mois, tous les patients du drive du CHU se voient proposer, en plus du test rhino-pharyngé, un test salivaire. Et sur cet échantillon de 220 personnes, les résultats sont probants, selon Alexandra Prieux. « Le taux de positifs [des porteurs du virus effectivement décelés] est de 87,5 % et la spécificité de 99,4 % [0.6 % sont des faux positifs]. Il y a forcément une petite marge d’erreur. D’autant que chaque type de test détecte des positifs que l’autre type ne détecte pas. »
« Ce test de détection salivaire est plus simple et plus rapide qu’un test RT-PCR réalisé à partir d’un prélèvement nasopharyngé. Il pourrait compléter les dispositifs de dépistage, résume le CHU de Montpellier. La technique RT-LAMP sur laquelle il est basé permet d’amplifier l’ARN viral puis de révéler ou non sa présence dans un échantillon salivaire. Initialement de 60 minutes, le temps de chauffage avant lecture du résultat a été abaissé à 40 minutes, sans perte de performances ». Ce gain de temps considérable par rapport aux tests pratiqués aujourd’hui répond à l’appel de François Blanchecotte. Le président du syndicat national des biologistes, réclame « la simplification des tests de dépistage ».
La balle dans le camp des autorités de santé
Les résultats « ont été transmis aux autorités de santé », précise Alexandra Prieux. L’ensemble de ces travaux sera prochainement soumis à une revue scientifique à comité de lecture. 720 personnes devraient être intégrées en fin d’étude.