Haute-Vienne : Une nouvelle victime du massacre d’Oradour-sur-Glane identifiée par un historien
MEMOIRE Le nom de Ramona Dominguez Gil a été officiellement ajouté à la liste des victimes, plus de 75 ans après le massacre,
- Un historien espagnol a retrouvé la trace d’une réfugiée espagnole figurant parmi les victimes du massacre d’Oradour-sur-Glane et qui n’a pas été recensée dans les registres.
- Il est probable, compte tenu des moyens de l’époque, qu’il y ait encore d’autres victimes oubliées de ce massacre du 10 juin 1944 par les nazis.
C’est à David Ferrer Revull, un universitaire espagnol, que revient le mérite de corriger le bilan du massacre d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), village martyr de la Seconde Guerre mondiale. Il est officiellement passé de 642 à 643 morts, après la découverte d’une victime ignorée, Ramona Dominguez Gil, une réfugiée espagnole qui était passée à travers les registres.
L’historien a réalisé, notamment dans les archives départementales de Haute-Vienne et des familles, des recherches sur les réfugiés espagnols dans la région (au nombre d’une vingtaine à Oradour au moment du massacre). A la suite d’un « jugement déclaratif de décès » du tribunal de grande instance de Limoges en décembre 2019, le nom de Ramona Dominguez Gil a été officiellement ajouté, plus de 75 ans après le massacre, a indiqué Claude Milord, président de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour, confirmant une information de Ouest-France.
Toute sa famille décimée
Ramona Dominguez Gil, une septuagénaire originaire d’Aragon, avait suivi en France son fils fuyant le franquisme, et la famille (avec sa bru et trois petits-enfants) était hébergée dans une maison d’Oradour. Il a bien été établi que « toute la famille avait été décimée dans le massacre » mais pour une raison inconnue, la septuagénaire « n’a pas été répertoriée dans la liste des victimes » par la suite, selon le jugement du tribunal.
L’universitaire espère récupérer une photo de Ramona Dominguez pour la galerie « Visages d’Oradour », où plus de 500 portraits sur porcelaine permettent depuis 2018 aux visiteurs du site de voir les visages des martyrs. Plus d’une centaine de photos n’ont pu être récupérées.
D’autres victimes probablement oubliées
Le 10 juin 1944, la division SS Das Reich avait rassemblé les hommes d’Oradour dans les granges du village et les avaient fusillés. Ils avaient regroupé femmes et enfants dans l’église avant d’y mettre le feu. Un centre de mémoire, ouvert en 1996 non loin des ruines du village martyr, accueille environ 300.000 visiteurs chaque année.
Selon Claude Milord, « il est probable qu’il y ait d’autres personnes mortes dans le massacre mais oubliées des registres », étant donné « les moyens d’investigation et d’archive, qui n’étaient clairement pas les mêmes à l’époque », et les divers statuts : « Il y avait des réfugiés, des gens de passage à Oradour, des gens qui se cachaient, des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire)… »