Dealers à Grenoble : Les vidéos de trafiquants s’exhibant à Mistral ont-elles été tournées pour un clip ?
POLEMIQUE Les images montrant des trafiquants s'exhibant cagoulés et armés dans le quartier Mistral à Grenoble (Isère) auraient été tournées dans le cadre d'un clip diffusé dans la nuit de lundi à mardi par un rappeur
- Le 26 août, une enquête a été ouverte après la diffusion de deux vidéos mettant en scène des hommes encagoulés et armés dans un quartier de Grenoble, en Isère.
- A la suite de ces images qui ont choqué les autorités, des opérations de police ont été menées ces derniers jours dans l’agglomération de Grenoble et ont donné lieu à des interpellations.
- Ces vidéos pourraient en réalité avoir été tournées pour un clip diffusé la nuit dernière par Corbak Hood, un rappeur Grenoblois méconnu jusqu'alors.
Les images ont donné lieu la semaine dernière à des échanges cinglants entre le maire écologiste Eric Piolle et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Et ont entraîné plusieurs descentes de police à Grenoble, où des interpellations ont eu lieu. Les vidéos véhiculées fin août sur les réseaux sociaux montrant des dealers cagoulés et armés s’exhibant dans le quartier Mistral à Grenoble pourraient avoir été tournées dans le cadre d’un clip.
Dans la nuit de lundi à mardi, le rappeur grenoblois Corbak Hood a en effet diffusé sur YouTube son titre intitulé « Chicagre » (contraction de Chicago et Grenoble). Un clip qui débute par des images, pris sous d’autres points de vue, des trafiquants ayant fait polémique la semaine dernière et s’achève, avec ironie, par un « grand merci pour la promo » adressé à « BFM TV, CNews et au Dauphiné Libéré ». Dans la vidéo du jeune rappeur isérois, méconnu jusqu’alors, il est également précisé que les « armes utilisées sont factices ».
Les auteurs du clip recherchés
Des affirmations sur lesquelles le rappeur va probablement devoir s’expliquer prochainement devant la justice. Après la diffusion de la vidéo de Corbak Hood, les policiers vont désormais « rechercher et entendre les auteurs du clip sur les faits de provocation à l’usage illicite ou au trafic de stupéfiants et port d’armes prohibé susceptibles, entre autres, de leur être reprochés », a assuré ce mardi midi le parquet de Grenoble, rappelant que ces faits sont passibles de 5 et 7 ans d’emprisonnement.
« Il s’agit en effet de savoir qui a fabriqué ces vidéos, ce qu’il en est de la nature exacte des armes et de la drogue exposées et des liens entre les vidéastes et les trafiquants de stupéfiants du quartier », ajoute Eric Vaillant, le procureur de la République de Grenoble. Les enquêteurs de la police judiciaire vont notamment chercher à savoir si les images initiales qui ont fait polémique ont été tournées aux seules fins de ce clip ou si celui-ci a été tourné a posteriori pour désamorcer l’affaire.
Contrôles et gardes à vue
Le 26 août, deux vidéos d’hommes en armes devenues virales sur les réseaux sociaux avaient choqué les autorités, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ordonnant une opération de police et l’intensification de la présence policière dans le quartier sensible du Mistral. Ce qui a été fait sans tarder.
Lundi, la préfecture de l’Isère a annoncé avoir « amplifié » ses contrôles contre le trafic de drogue dans l’agglomération grenobloise et a fait état de cinq placements en garde à vue pour possession de « fortes sommes d’argent en espèces à proximité des lieux de trafic », ainsi que pour des « faits d’escroquerie » et de « vol ». « Plusieurs saisies de drogues et d’espèces ont été réalisées », a ajouté la préfecture qui prévoyait d’autres opérations de ce type « dans les jours et les semaines à venir ».