Paca : « On a la chance que les Français jouent le jeu », les touristes étrangers discrets dans les champs de lavande
REPORTAGE La récolte de la lavande a débuté sur le plateau de Valensole, dans les Alpes de Haute Provence, où les locaux viennent redécouvrir l’arrière-pays
- La récolte de la lavande a commencé sur le plateau de Valensole, dans les Alpes de Haute Provence.
- Les touristes étrangers ne sont pas très nombreux comparé aux années précédentes, mais quelques Italiens, belges et allemands profitent tout de même des paysages.
- Heureusement pour les commerçants « les Français jouent le jeu » et consomment local.
Malgré la crise du Covid-19, les selfies restent de mise dans les champs de lavandes en Provence. Sur le plateau de Valensole, dans les Alpes de Haute Provence, l’épicentre de la culture de la lavande, à une quinzaine de kilomètres de Manosque, la récolte a débuté depuis le début de semaine.
Sur les bords de la route entre Manosque et Valensole, où les photographes en herbe, comme avisés, se précipitent pour avoir la photo parfaite afin d’épater les réseaux sociaux, les plaques d’immatriculation françaises, ont remplacé celles d’Italie, de Belgique, et les cars de touristes asiatiques. « Il n’y a pas la clientèle étrangère comme les autres années. Même la clientèle italienne qui représente environ 60 % de notre chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous. On a la chance que les Français jouent le jeu et viennent admirer la lavande », explique Laetitia Angelvin, productrice de lavande depuis 4 générations sur le plateau.
« Surtout des locaux »
Mais cet afflux de touristes Français ne comblera pas l’absence des touristes étrangers. « A cette époque, les autres années, la boutique est pleine. Là elle est à moitié vide. Ce sont surtout des locaux, de Marseille, de Nice, du Var. Et depuis le début des vacances des gens du nord. Ils redécouvrent nos paysages, ca faisait des années qu’ils n’étaient pas venus parce qu’il y avait trop de monde. Là ils retrouvent la nature et ils ont envie de se faire plaisir, donc ils consomment », se satisfait tout de même Laetitia.
C’est d’ailleurs le cas d’André et de Dominique, venus de Fréjus, dans le Var pour la journée. « C’est la première fois que l’on vient ici pour voir les lavandes. Les autres années on faisait autre chose, on partait à l’étranger. Ça fait du bien de sortir de la ville, de prendre l’air et de voir ces paysages. Chez nous au bord de l’eau, c’est noir de monde donc on a préféré venir dans l’arrière-pays », expliquent les deux sexagénaires.
Lucia, Alexis, leur fille Lys et les parents d’Alexis, Christine et Olivier, viennent pour la première fois voir les champs de lavande. Ils viennent tous de Paris et ont loué une maison à Manosque. « C’est la première année qu’on passe nos vacances en France, d’habitude on les passe à l’étranger. On ne pouvait pas prendre l’avion donc on s’est rabattus sur cette opportunité. Et on n’est pas du tout déçus d’être restés en France, la Provence et ses paysages sont uniques au monde, c’est l’occasion de découvrir des choses qu’on ne connaissait pas. Apparemment il y a moins de monde que d’habitude et les photos sur Facebook et Instagram font un carton », se réjouissent-ils. Surtout chez les parents de Lucia, en Uruguay, de véritables passionnés de lavande, qui ne pousse pas là-bas.
« Les lavandes sont magnifiques cette année »
Un peu plus bas dans le village de Valensole, les terrasses font le plein à l’heure de déjeuner. Mais ce n’est pas encore la foule habituelle. « Ça n’a rien à voir avec l’année dernière, surtout pour la fréquentation des étrangers. C’est dommage parce que les lavandes sont magnifiques cette année. D’habitude on a trois, quatre, bus d’Italiens par jour, là ce sont surtout des locaux ou des Belges, des Allemands et quand même quelques Italiens. C’est ma 46e saison, il m’en reste encore une ou deux, et je suis un peu inquiète », concède la généreuse Cathy des Galeries Modernes.
A l’heure de l’ouverture de l’office du tourisme, une Italienne vient chercher une carte des alentours. « On vient souvent ici, les paysages sont magnifiques. Et surtout pour le rosé, il est excellent », plaisante cette touriste. Florence, la responsable ponctuelle de l’office du Tourisme de Valensole, qui ne devait pas ouvrir face à la crise, explique faire cette année « plus du qualitatif que du quantitatif ». Et cela semble la réjouir. « Finalement la clientèle de proximité consomme plus que la clientèle asiatique par exemple. Il y a quelques touristes asiatiques mais ce sont surtout des jeunes en étude ou en stage en France. On constate que beaucoup de locaux viennent voir les champs de lavande pour un retour aux sources, dans un cadre naturel après ce confinement. Ils redécouvrent leur région », constate Florence qui concède ne pas arrêter une minute depuis l’ouverture de l’office du tourisme à la mi-juin.
Emma et Ambre, du Marché des plateaux, partage l’avis de Florence. « On a eu plus de Français au début, et depuis le début des vacances les Italiens, Belges et Allemands reviennent un peu. On ne ressent pas trop le manque des autres touristes parce qu’avec le confinement les Français ont pris l’habitude de consommer local. On vend de l’huile d’olive bio, de l’huile essentielle de lavande bio, des produits qui n’intéressent pas forcément les touristes américains ou asiatiques, alors qu’avec les locaux il y a eu une vraie prise de conscience », expliquent-elles. La récolte de la lavande doit encore durer environ trois semaines, autant de temps pour accueillir les touristes. Et les visites des distilleries continuent jusqu’à la fin de l’été, même si la récolte est terminée.