Cahiers de vacances, soutien scolaire… Les parents veulent faire bosser leurs enfants cet été
EDUCATION Après deux mois de confinement et une fin d’année scolaire bouleversée, les parents veulent compenser le retard scolaire pris par leurs enfants
- Les ventes de cahiers de vacances ont commencé bien plus tôt cette année. Car les parents veulent faire plancher leurs enfants cet été pour les mettre dans de bonnes conditions pour la rentrée.
- Certains organismes de soutien scolaire voient aussi les inscriptions progresser.
Entre les après-midi à la plage et les soirées barbecue, pas moyen d’y couper. Il faudra bien caser quelques heures de travail. Car après deux mois de confinement et d’enseignement à distance, et une reprise de la classe très partielle, beaucoup d’élèves ont pris du retard dans leurs apprentissages. Et les parents, qui ont été aux premières loges de l’école à la maison, en sont bien conscients. Du coup, dès le déconfinement, le 11 mai, ils se sont rués dans les librairies pour acheter des devoirs de vacances à leurs enfants, comme l’a constaté Quentin Gauthier, directeur marketing des éditions Nathan Jeunesse. « D’habitude, le pic des ventes se situe mi-juillet. Mais cette année, les parents ont anticipé leurs achats car ils voulaient avoir du matériel pédagogique à disposition pour que leurs enfants commencent leurs révisions le plus tôt possible ».
D’ailleurs, tous les éditeurs affichent des records de ventes. Chez Nathan Jeunesse, + 60 % en mai-juin par rapport à la même période en 2019. « Depuis le mois de mai, on a multiplié nos ventes par deux par rapport à l’an dernier. On sent le vrai impact "vacances apprenantes" », indique aussi Rachel Duc, directrice parascolaire d’Hatier Jeunesse. « Nous observons une progression de 40 % des ventes sur ces produits en mai-juin par rapport à la même période l’an dernier. Et même une hausse de 50 % des ventes sur notre collection phare Passeport. Il y a une vraie demande de la part des parents », souligne de son côté Nathalie Pujo, directrice générale adjointe d’Hachette éducation.
« Certains parents n’hésitent pas à en acheter plusieurs pour chaque enfant »
Cette flambée des ventes profite à tous les niveaux, « avec une poussée particulièrement forte pour les cahiers dédiés aux élèves de maternelle et de primaire, notamment pour préparer l’entrée en CP et en 6e », constate Quentin Gauthier. En primaire, les cahiers tout en un, multimatières, sont ceux qui sont le plus achetés. Les collégiens, eux, plébiscitent les cahiers consacrés au français et aux maths. « Et certains parents n’hésitent pas à en acheter plusieurs pour chaque enfant. Dont des cahiers portant sur les langues », constate Nathalie Pujo.
Et si beaucoup d’éditeurs proposent des versions numériques, les parents plébiscitent les bons vieux cahiers papier. « Ils éprouvent le besoin de faire décrocher leurs enfants des écrans et veulent les faire se concentrer sur un travail écrit », analyse Nathalie Pujo. Reste à savoir si les enfants joueront le jeu et iront jusqu’au bout de leurs cahiers de devoirs de vacances. « Les parents vont être plus vigilants cette année et inciter leurs enfants à les terminer », prévoit Rachel Duc. « Les collégiens ont conscience qu’ils n’ont pas étudié tout le programme. Ils vont être plus motivés cet été », ajoute Nathalie Pujo. « En moyenne, 70 % des pages d’un cahier de vacances sont remplies. Le but n’est pas forcément de les terminer coûte que coûte », estime de son côté Quentin Gauthier.
Des stages de soutien qui se remplissent pour la fin août
Pour faire plancher leurs enfants, d’autres parents ont une stratégie plus radicale : les inscrire à un stage de soutien scolaire. Chez Acadomia, si les demandes ont été faibles en juillet, on enregistre déjà une progression de 15 % des inscriptions aux stages des deux dernières semaines d’août par rapport à l’an dernier. « D’habitude, la demande concerne les élèves qui vont entrer dans une année à examen. Mais là, cela concerne tous les niveaux », explique-t-on chez cet acteur du soutien scolaire. Chez Maxicours, qui propose du soutien scolaire en ligne du CP à la terminale sous forme d’abonnement annuel ou mensuel, la demande est également plus forte : « Les abonnements ont augmenté de 40 % en juin 2020 versus juin 2019. Une demande qui porte plus sur le niveau primaire que secondaire. Sachant qu’à partir du collège, les utilisateurs nous sollicitent davantage pour un accompagnement dans les disciplines scientifiques », observe Mélanie Seynat, responsable marketing. Et la tendance pourrait perdurer, comme le prévoit le cabinet Xerfi. Dans une étude publiée le 27 mai 2020, il indique que le soutien scolaire « profitera de la nécessité de compenser le retard accumulé par les élèves ».
Quant aux familles qui n’ont pas les moyens de s’offrir un prestataire privé, elles pourront se tourner vers l’Education nationale, qui a étoffé cette année son offre de stages de remise à niveau à la fin des vacances d’été. De quoi préparer les enfants pour une rentrée qui sera forcément exigeante.