Déconfinement à Marseille : Le difficile retour des petites sections maternelles en classe
MATERNELLES Le tribunal administratif de Marseille a ordonné à la mairie la réouverture des classes de petites sections maternelles, mais en pratique il sera compliqué d’organiser ce retour à l’école
- Le tribunal administratif de Marseille a ordonné à la ville de Marseille la réouverture de ses classes de toutes petites et petites sections maternelle dans un délai de trois jours.
- Selon la ville de Marseille, cela nécessite une réorganisation qui aura des conséquences sur l’accueil des élèves d’autres niveaux.
- Pour les parents, comme pour les enseignants, il sera de toute façon compliqué d’accueillir ces élèves dans un laps de temps si court.
Comme un air de déjà-vu. Et un sentiment de lassitude. Le tribunal administratif de Marseille a ordonné vendredi à la ville d’ouvrir ses classes de toutes petites et petites sections maternelles dans un délai de trois jours. Le 25 mai, la ville de Marseille annonçait par communiqué la non-réouverture de ces niveaux avant septembre. « Face à la difficulté à respecter les recommandations sanitaires pour les tout jeunes enfants, la ville de Marseille a souhaité reporter la rentrée des toutes petites et petites sections de maternelle en septembre. »
Face à cette décision judiciaire, la mairie de Marseille annonce « avoir, en étroite collaboration avec l’Education nationale, mis tout en œuvre pour accueillir à partir de jeudi 11 juin les enfants dont les parents le souhaitent ». Selon leur recensemment, 141 élèves sur 11.000 seraient volontaires. Tout en faisant appel de la décision du tribunal.
« Plus aucun pilotage »
Pour Séverine Gil, présidente du mouvement des parents d'élèves du 13 (MPE13), il est regrettable de devoir en arriver devant les tribunaux pour se faire entendre. « Face à cette municipalité incapable de communiquer, les parents n’ont pas eu d’autre choix que de saisir la justice. C’était déjà le cas pour la mise en place des temps d’activités périscolaires (TAP). La mairie est dans l’incapacité à être dans l’action publique et de remplir son rôle de service public. Le seul moyen pour les parents de l’interpeller est de saisir la justice. Il n’y a plus aucun pilotage, la ville navigue à vue », se désole-t-elle.
Selon elle, la non-réouverture des écoles pour les petites sections de maternelles est une conséquence directe de la campagne de communication sur la réouverture des écoles le 11 mai dernier. « Lorsqu’ils ont communiqué sur l’ouverture de toutes les écoles, ça nous a beaucoup étonnés. On s’est dit « tiens ils deviennent bons tout d’un coup ». La rentrée s’est assez bien passée, seulement une quinzaine d’écoles n’ont pas pu rouvrir. Mais il y a eu un effet kiss cool, la mairie a tout misé sur les réouvertures de certains niveaux le 11 mai, et s’est mise à poil pour la suite. Ils savaient pertinemment qu’ils ne pourraient pas assurer l’ouverture d’autres niveaux, mais ils y sont allés quand même », considère-t-elle.
Manque de personnel et protocole contraignant
Adèle est enseignante dans une école de maternelle de Marseille ; sur les huit salles de classe, seulement quatre ont pu réouvrir. « Nous n’avons pas assez d’agents municipaux à disposition pour respecter le protocole sanitaire en ouvrant huit classes. Au début, nous en avions seulement deux, des agents sont revenus et nous avons actuellement quatre d’ouvertes. Ce qui nous permet d’accueillir 32 élèves. Ce sont essentiellement des enfants prioritaires car enfants de soignants, de force de l’ordre. Pour les autres, nous sommes déjà obligés de les accueillir par roulement », détaille-t-elle.
Le manque de personnel d’un côté, des procédures sanitaires très contraignantes de l’autre. « A chaque fois qu’un enfant va aux toilettes, on doit lui laver les mains, puis laver le robinet, ensuite nettoyer les toilettes, qu’il se relave les mains, et que nous relavions le robinet. Les agents ne font que ça de leur journée », explique Adèle.
« D’autres niveaux en pâtiront »
Face à cette double contrainte, la mairie reconnaissait lundi : « si nous accueillons des enfants de petites sections, alors nous devrons répartir le personnel municipal et d’autres niveaux en pâtiront ». Enseignants, comme parents, n’ont que peu d’espoir. « Cela crée un agacement chez les parents, on a l’habitude du système D à Marseille. Si on nous avait dit que ce serait compliqué dès le départ, nous n’aurions pas eu de faux espoirs. Là, tout le monde est complètement désabusé. C’est de toute façon déjà trop tard, c’est un bazar monstre à organiser et les élections ont lieu le 28 juin, il faudra nettoyer toutes les écoles », regrette Séverine Gil.
« Le pire dans tout ça, c’est que je ne pourrais sûrement pas dire au revoir à mes petits, se désole Angèle. Je suis resté en contact avec chaque parent pendant le confinement, pour les féliciter du boulot accompli, pour continuer à les motiver. Je voulais tellement revoir mes élèves pour leur dire ô combien ils ont été courageux. Je leur ai fixé des rendez-vous pour qu’ils viennent récupérer leurs affaires. Le premier gamin qui est venu, j’ai fondu en larmes. »